OPINION

Pour représenter la diversité, faut-il une femme en hijab ?

Je viens de lire l’article « Flambée raciste autour d’une annonce de Home Depot », de Laura-Julie Perreault, dans lequel il est question d’une pub où on voit une jeune musulmane portant le hijab.

Dans l’article, la journaliste témoigne de commentaires islamophobes et racistes provoqués par la publicité en question sur les réseaux sociaux. Je suis d’accord pour dire qu’en 2018, le racisme n’a pas de place dans une société avancée et éduquée comme la nôtre. Par contre, ce qui me choque dans ce genre de publicité, c’est la façon de représenter la femme musulmane.

Les grandes entreprises qui ont recours à l’image de la femme musulmane portant le hijab n’ont aucune idée de ce qu’est l’islam ou de ce que représentent les foulards, niqab, tchador, burqa, etc. Quand ces entreprises veulent s’informer sur le sens de ces accoutrements, à qui s’adressent-elles ?

Je suis fâché !

Pendant qu’en Occident, nous utilisons des images de femmes portant le voile pour vendre des produits et des services, ou pour afficher notre ouverture au multiculturalisme, en Afghanistan – mon pays d’origine –, en Iran, au Pakistan et dans d’autres pays arabo-musulmans, des millions de femmes tentent de s’en débarrasser.

Pendant qu’ici, partant des meilleures intentions du monde, nous défendons le port du hijab et du niqab, dans les pays musulmans, des milliers de femmes sont torturées, battues par leurs pères, leurs maris, leurs frères si elles refusent de les porter.

Mais quel message ces publicités envoient-elles aux femmes afghanes, iraniennes, arabes, etc., qui ne rêvent que de se défaire de ces vêtements ?

Quel message envoie-t-on à Mariam, ma cousine de 22 ans qui fréquente l’Université de Kaboul et qui aspire à pouvoir un jour sortir de chez elle sans avoir à disparaître sous un foulard ou une burqa ?

C’est ironique ! Alors qu’ici les jeunes femmes retirent leurs soutiens-gorges, on veut nous faire croire que le port du voile est un choix ; que des jeunes filles d’à peine 9 ou 10 ans –, et parfois encore plus jeunes, choisissent de porter le hijab ! Voyons !

Quand on répète à une petite fille de 5 ans que ce qui est bien pour elle est de porter le voile, et qu’elle comprend que c’est ce qui plaira à papa et à maman, il est certain qu’arrivé à un certain âge, le message est bien inscrit dans son inconscient. Plus tard, elle dira qu’il s’agit de son choix. On appelle cela de l’endoctrinement.

Dans certains pays musulmans, la séparation des genres est telle que les femmes sont traitées comme des objets. À force de cacher et de maintenir les femmes à distance, on a créé une génération d’hommes vulgaires et pervers qui sont excités à la simple vue des cheveux. Les femmes en sont réduites à trouver refuge sous les voiles qui leur servent malheureusement de protection, les hommes étant incapables de se responsabiliser de leurs désirs.

Non, ne me dites pas que le fait de porter le foulard est la décision des femmes !

Quand il fait 45 degrés et qu’on voit le mari en short et en t-shirt alors que sa femme, couverte de pied en cap, est au bord de perdre conscience à cause de la chaleur, ce n’est pas son choix. L’homme a le choix. Pas sa femme.

Au rythme où vont les choses, je prévois que dans 10 ans, la femme musulmane sera représentée dans les médias portant le niqab ou la burqa.

Promouvoir le voile, c’est dire aux radicaux de l’islam politique qu’on fait équipe avec eux pour rabaisser les femmes.

Promouvoir le voile, c’est dire aux Mariam du monde entier d’abandonner leur rêve, car même dans un pays comme le Canada, il est normal de diminuer et de contrôler les femmes.

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