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OPINION SANTÉ PUBLIQUE

Pourrons-nous mettre fin aux épidémies de Zika et de VIH ?

Le 1er décembre, Journée mondiale de la lutte contre le sida, nous devrons nous souvenir que le VIH continue de tuer et d’infecter plusieurs millions de personnes chaque année, bien qu’il existe d’autres maladies infectieuses qui méritent aussi notre attention.

Il y a quelques années, par exemple, nous avons craint que l’épidémie d’Ebola ne se propage plus que ça a été le cas. Bien que l’Ebola semble s’estomper, des précautions doivent être maintenues pour nous assurer que cette menace ne refasse pas surface.

Cette année, la population a de nouveau vécu une période de panique à cause du virus Zika qui a provoqué une maladie nommée microcéphalie chez les nouveau-nés.

Nous ne comprenons pas encore comment l’infection cause cette malformation à la naissance et il semble que la région nord-est du Brésil ait été la plus affectée par cette complication. Espérons que de nouvelles découvertes mettront la lumière sur les sources qui ont provoqué la microcéphalie avec la même ampleur au Brésil, en Colombie et dans d’autres régions du monde où le Zika s’est propagé à grande échelle.

Étant donné que le Zika est transmis par les moustiques, il n’est pas surprenant qu’il existe beaucoup de différences avec le VIH en termes de contrôle et de stratégies de gestion de la maladie. En ce qui concerne le VIH, les plus importantes avancées médicales sont de toute évidence le développement des médicaments antirétroviraux (ARV) qui ont sauvé les vies de millions de personnes à travers la planète, tout en étant des moyens de prévention efficace de l’infection du VIH. De plus, les ARV ont engendré le principe du traitement en prévention, qui implique que le traitement efficace des personnes infectées au VIH diminue les niveaux de virus à un point de non-détectabilité et que, par conséquent, elles ne sont plus contagieuses pour leurs partenaires sexuels.

L’Organisation mondiale de la santé a proposé un plan intitulé 90-90-90 qui a pour objectif de mettre fin à l’épidémie du VIH d’ici l’an 2030. En bref, le but est d’identifier 90 % de la population mondiale infectée par le VIH, que 90 % des personnes infectées utilisent les ARV, et finalement de réduire le VIH à un niveau de non-détectabilité pour 90 % de ces dernières.

Bien que ces objectifs semblent louables, il n’est pas certain que l’identification de 90 % des personnes infectées par le VIH dans le monde soit une tâche facile alors que nous évaluons que 40 % des personnes infectées ne sont même pas conscientes de leur état et que plusieurs personnes à haut risque d’être atteintes par le VIH sont souvent réticentes à effectuer le test du VIH.

Nous devons probablement trouver des mesures incitatives qui seront appliquées sur les individus infectés ainsi que le personnel soignant si nous voulons atteindre l’objectif des premiers 90 du plan de l’OMS.

Par contre, la meilleure manière de contrôler le Zika ainsi que d’autres infections reliées telles que la dengue et le chikungunya dépend probablement du développement de vaccins sécuritaires et efficaces.

En pratique, comment pourrions-nous envisager l’utilisation éventuelle d’un médicament anti-Zika pour traiter les femmes enceintes, si nous ne savons pas de manière certaine que ce médicament ne provoquera pas de malformation congénitale ?

Cependant, il pourrait y avoir un raisonnement pour l’utilisation de ces produits chez les personnes qui ne seraient pas enceintes et l’utilisation de médicaments antiviraux pourrait aider à limiter la transmission des humains aux moustiques, et par conséquent briser la chaîne de transmission. Nous espérons que les vaccins et d’autres méthodes reliées pourront bientôt être disponibles pour aider à contrôler les infections du Zika, la dengue, et le chikungunya, même si un vaccin contre le VIH semble utopique à l’heure actuelle.

Le Zika représente une terrible tragédie pour les femmes enceintes, leur enfant affecté ainsi que leurs familles, et il est heureux que la microcéphalie soit une complication relativement rare. En même temps, le fardeau mondial du VIH continue de s’étendre, en partie parce que plusieurs personnes ont été sauvées grâce aux ARV. Nous croyons que plus de 38 millions d’individus dans le monde vivent avec le VIH, et un nombre équivalent seraient morts à la suite d’une infection par le VIH, ce qui fait de cette épidémie l’une des plus graves de tous les temps.

De plus, le nombre de cas de résistance du VIH aux médicaments dans les pays en développement est en pleine croissance et pose une vraie menace pour le succès éventuel de l’initiative 90-90-90 de l’OMS. Nous devons renouveler notre attention envers la fin de l’épidémie du VIH ainsi que les autres maladies infectieuses qui continuent de faire des victimes surtout chez les plus pauvres et les plus vulnérables.

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