OPINION POLITIQUE CULTURELLE DU CANADA

Investir dans l’économie créative du Québec et du Canada

Aujourd’hui, j’estime important de clarifier certains points qui ont fait l’objet de récents commentaires et questionnements.

Je présentais cette semaine la nouvelle vision de notre gouvernement pour un Canada créatif. Il s’agit de la toute première stratégie fédérale visant à faire prospérer notre économie créative, tant au Canada qu’à l’étranger. Elle s’appuie sur un investissement continu historique de 1,9 milliard de dollars dans le secteur culturel, le plus important investissement de tous les pays du G7.

En tant que ministre du Patrimoine canadien, il n’y a rien de plus important pour moi que le rayonnement de notre culture. Nos engagements à cet égard en témoignent.

Nous avons déjà annoncé que nous réinvestissons massivement dans nos institutions culturelles : 550 millions dans le Conseil des arts du Canada, 22 millions pour Téléfilm Canada, 13,5 millions pour l’Office national du film. Nous avons également annoncé qu’au cours des cinq prochaines années, nous investirons 125 millions pour doter le Canada de sa toute première stratégie d’exportation culturelle.

La vision de Canada créatif sera à la fois la fondation et la feuille de route des futurs programmes et politiques que nous adopterons. Notre objectif est de protéger nos créateurs et entrepreneurs culturels et de nous assurer qu’ils demeurent compétitifs alors qu’ils relèvent les défis de la réalité numérique. Cette nouvelle approche garantira aussi que les voix du Canada et du Québec seront entendues haut et fort sur la scène internationale.

Nous sommes à l’œuvre pour moderniser un système vieux de 30 ans, dont les programmes et les politiques ont été développés avant l’arrivée de l’internet.

Canada créatif est un plan de transition pour transformer nos politiques, nos lois et nos programmes afin de trouver des solutions à long terme au financement et à la protection de nos industries culturelles – y compris pour le marché francophone.

Il s’agit d’une réponse ambitieuse pour adapter nos approches à un environnement devenu complexe, mouvant et comportant de multiples enjeux. Un écosystème qui regroupe aussi des joueurs majeurs, venus de partout dans le monde.

Nous entendons, nous comprenons et nous tenons compte des préoccupations des secteurs créatifs québécois et canadiens et nous travaillons à protéger leurs intérêts en cette ère du numérique.

Nous le faisons de plusieurs manières : 

• Dès 2018, nous augmenterons notre contribution au Fonds des médias du Canada, afin de maintenir son niveau de financement malgré une perte de revenus liés aux abonnements câble et satellite.

• Nous entendons soutenir les modèles journalistiques et les modèles de diffusion de l’avenir et nous accompagnerons ce secteur dans sa transition vers le numérique.

• Nous renforçons le mandat de Radio-Canada/CBC avec des investissements qui s’élèvent à 675 millions de dollars pour favoriser le contenu local, assurer la transition au numérique et recruter la génération montante de talents créatifs.

• Nous entreprenons la révision de la Loi sur la radiodiffusion et de la Loi sur les télécommunications, en collaboration avec le CRTC. La Loi sur le droit d’auteur sera aussi réformée.

• La situation actuelle est complexe et nécessite une action immédiate. Alors que nous examinons ces lois, nous créons des conditions favorables à ce que des investissements majeurs soient faits en faveur de nos créateurs et de nos entreprises culturelles, qui payent des impôts et qui créent des emplois ici.

• À l’ère où les publics migrent vers de nouvelles plateformes de diffusion, nous devons assurer une forte présence de nos créateurs sur celles-ci. C’est pourquoi j’étais ravie d’annoncer une entente sans précédent avec Netflix comprenant un investissement de 500 millions de dollars dans la production originale au Canada, en français et en anglais, en plus d’un investissement de 25 millions de dollars pour la mise en place d’une stratégie de développement du marché québécois et la création de productions originales francophones.

L’imposition d’une taxe sur Netflix – en plus de rajouter au fardeau fiscal des Canadiens – n’aurait en rien assuré la présence de nos créateurs sur cette plateforme internationale.

Quant à la question de l’équité fiscale, je tiens aussi à clarifier que Netflix paiera ses impôts au Canada par l’entremise de la maison de production qui implantera ses activités ici.

Je suis une francophone, une ministre montréalaise et je tiens à réaffirmer que j’ai à cœur les intérêts du secteur culturel du Québec. Durant l’année qui vient, je continuerai de travailler avec tous les acteurs des industries créatives québécoise et canadienne, et avec l’ensemble du gouvernement pour maintenir notre impulsion et donner vie à cette orientation.

Si nous relevons le défi du numérique correctement, si nous savons en épouser le plein potentiel, le Canada demeurera un chef de file mondial.

Voilà notre vision.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.