SUSPENSION DE DENNIS WIDEMAN

« Ça n’est pas un accident », croit un ancien juge de ligne

L’ancien juge de ligne de la LNH, Pierre Champoux, ne gobe nullement les explications de Dennis Wideman, qui a percuté de plein fouet un juge de ligne mercredi soir à la fin d’une présence. Le vétéran a été suspendu pour une période indéterminée, hier, en attendant la décision du préfet de discipline de la Ligue nationale de hockey.

Le défenseur des Flames de Calgary jure qu’il n’a pas vu le juge de ligne Don Henderson en rentrant au banc des joueurs lors du match de mercredi entre les Predators de Nashville et les Flames.

« Wideman a eu 100 pieds pour voir le juge de ligne reculer vers lui. Ne venez pas me dire qu’il ne l’a pas vu. Ça n’est pas un accident. Entre vous et moi, il s’était fait frapper quelques instants plus tôt, il était un peu sonné, frustré par la situation, et il s’est vengé sur le juge de ligne en le poussant.

« Oui, il avait mal, c’est normal, mais son geste est inadmissible. Il était peut-être un peu ébranlé, mais s’il avait été si désorienté, il serait resté étendu sur la patinoire. On essaie d’enrayer la violence au hockey. Les professionnels donnent un très mauvais exemple aux jeunes. Connaissant [le préfet de discipline] Stéphane Quintal, il va prendre une décision en conséquence. »

Pourquoi s’en prendre à un juge de ligne, qui n’est pourtant pas celui qui prend la décision de punir ou non un joueur pour une mise en échec déplacée ?

« Ça peut tenir à une foule de facteurs. Est-il frustré par sa performance, par la mise en échec ? C’est peut-être une accumulation de choses. Pourtant, ça n’est pas comme une situation de bagarre où le joueur tente de se défaire des bras du juge de ligne. Il n’en veut peut-être pas à l’officiel directement, mais aux arbitres sur la glace. Si tu laisses passer ça, tu t’en vas où, dans le hockey, avec la notion de respect ? Il y en a déjà beaucoup moins sur la patinoire. »

« UNE BONNE RÉPUTATION »

Notre juge de ligne à la retraite connaît bien Don Henderson. « J’étais justement avec lui à Montréal il y a deux semaines. Il est très respecté par les joueurs. Il a joué lui-même au hockey. Ça n’est pas un gars violent. C’est un officiel établi depuis longtemps, il a une bonne réputation. Don n’était animé d’aucune mauvaise intention là-dedans. »

Pierre Champoux a déjà vécu des algarades avec certains joueurs. « Pas à ce point, toutefois. Mais j’ai déjà vécu une situation où j’ai été poussé par Jordin Tootoo parce qu’il voulait se défaire de mes bras. Il ne m’a pas poussé comme Wideman a poussé Henderson. »

Un joueur reconnu coupable d’avoir blessé ou frappé un officiel de façon délibérée en vertu du règlement 40 de la LNH risque une suspension de 20 matchs. Le préfet de discipline peut toutefois réduire la sanction à 10 matchs. « Quand tu es dans le feu de l’action, tu ne vois pas l’impact et l’étendue du problème. Avec le recul, tu ne peux le tolérer. Ça ne vaut probablement pas 20 matchs, mais Stéphane Quintal va peut-être vouloir faire un exemple et donner 10 matchs », souligne Champoux.

UNE RETRAITE FORCÉE

Pierre Champoux a été contraint à la retraite en 2012 après un accident bête alors qu’il faisait des travaux sur sa toiture. Il a fait une chute d’une vingtaine de pieds et subi de graves blessures au visage. À l’hôpital, il croyait sa dernière heure venue.

« Avec des conditions météo comme celles d’aujourd’hui, ça me brûle, ça m’élance, c’est très difficile, confie-t-il. J’ai de bonnes et de mauvaises journées. C’est un combat quotidien. On est obligé de continuer et de s’adapter. C’est très difficile comme épreuve. Je coache dans le Midget Espoir. Ça me tient occupé. Heureusement, la Ligue nationale m’a très bien épaulé pendant tout le processus. Terry Gregson et Stephen Walkom m’ont beaucoup aidé. On est une grande famille et ils ont bien pris soin de moi. »

— Avec Louis-Samuel Perron, La Presse

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