Hockey féminin

« Il y a beaucoup d’efforts à tous les niveaux » 

Difficile de trouver un meilleur symbole : une équipe féminine d’étoiles s’est rendue en finale du Tournoi international de hockey pee-wee de Québec la semaine dernière. Vite adoptée par le public, la formation l’a impressionné par la qualité de son jeu et l’acharnement des joueuses.

Derrière le banc, plusieurs des meilleures joueuses de l’histoire du sport – Caroline Ouellette, Kim St-Pierre, Catherine Ward et d’autres encore (Marie-Philip Poulin était retenue à Calgary par un match des Canadiennes) – savouraient le moment, tout en mesurant le chemin parcouru depuis leurs débuts.

« C’est difficile de réaliser ce que ça représente pour notre sport, a confié Ouellette, l’entraîneuse-chef. Les filles ont tellement bien joué et, dans les estrades, il y en avait plein d’autres qui jouent déjà au hockey ou qui vont vouloir commencer grâce à l’équipe d’étoiles. Toutes, elles vont rêver de venir ou de revenir au tournoi pee-wee de Québec... »

Le hockey féminin connaît une croissance remarquable au Québec depuis quelques années. « En janvier, elles étaient 6200 filles à jouer dans nos différentes ligues, explique Éric Hurtubise, responsable du volet féminin à Hockey Québec. C’est encore relativement peu [comparé à d’autres provinces], mais il y a beaucoup d’efforts à tous les niveaux. » 

« C’est certain qu’il y a une vague positive qui porte le hockey féminin présentement, et c’est beaucoup à Caroline [Ouellette] que nous le devons. »

— Éric Hurtubise, responsable du volet féminin à Hockey Québec

« L’événement qu’elle organise chaque année en décembre [Célébration Caroline Ouellette] est un outil de promotion et de formation incroyable pour le hockey féminin. Plusieurs autres joueuses des programmes nationaux et universitaires s’impliquent également, et c’est extrêmement positif.

« C’est un avantage d’avoir des filles pour diriger les jeunes joueuses. Un entraîneur masculin peut être très compétent et donner les bonnes directives, mais ça prend une autre signification quand c’est Caroline Ouellette ou Marie-Philip Poulin qui parle aux filles ! »

Des progrès à tous les niveaux

Les succès des Canadiennes de Montréal (auparavant les Stars) et leur association avec le Canadien ont permis d’attirer un public de plus en plus nombreux. Ils étaient plus de 6000 spectateurs au Centre Bell en décembre pour un match de la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) et devraient être encore nombreux ce week-end pour la série éliminatoire entre les Canadiennes et le Thunder de Brampton.

Dans le réseau scolaire, les progrès ont aussi été spectaculaires avec des programmes sport/études au secondaire et des ligues très compétitives aux niveaux collégial et universitaire.

« Au niveau civil, les structures sont là à tous les niveaux, même si, dans certaines régions, le petit bassin de joueuses nous oblige encore à faire jouer les filles contre les garçons, assure Éric Hurtubise. Et nous travaillons beaucoup sur des programmes de développement des habiletés individuels, sur glace et hors glace, afin d’aider les filles de l’élite. »

Isabelle Leclaire, l’entraîneuse-chef des Carabins de l’Université de Montréal, souligne d’ailleurs la percée de plusieurs joueuses québécoises francophones aux niveaux supérieurs. « Nous avons réussi à garder beaucoup de filles au Québec depuis quelques années et c’est certain que l’arrivée des Carabins, en 2009, y a été pour beaucoup, tout comme la popularité croissante des Canadiennes.

« On voit maintenant de plus en plus de francophones à Concordia, à Ottawa... C’est un défi pour nous, mais c’est bon pour le développement du hockey féminin dans la province. On voit aussi beaucoup d’athlètes de pointe – Caroline Ouellette, Marie-Philip Poulin, Julie Chu et plusieurs autres – s’impliquer dans les programmes universitaires et ça ne peut qu’être extrêmement positif. »

Du talent à protéger

Les défis à relever restent néanmoins nombreux pour le hockey féminin au Québec et certains sont directement liés à ses succès.

« Il ne faut pas s’endormir, avertit Isabelle Leclaire.

Il y a des modes dans le recrutement et on a vu récemment plusieurs de nos meilleures jeunes joueuses recommencer à opter pour la NCAA [États-Unis] pour leurs études universitaires et la suite de leur carrière au hockey. »

Élizabeth Giguère, du Titan de Limoilou, la meilleure pointeuse du circuit collégial, a décidé d’aller étudier à l’Université Clarkson dans la NCAA la saison prochaine. D’autres vont l’imiter.  

« Les filles sont approchées de plus en plus tôt [par la NCAA], bien avant qu’elles soient vraiment en mesure de faire des choix éclairés sur ce qu’elles vont étudier une fois à l’université... »

— Isabelle Leclaire, entraîneuse-chef des Carabins de l’Université de Montréal

Autre défi, cela reste difficile de percer au niveau national. « En fait, de plus en plus de filles sont invitées chaque année aux camps de sélection des équipes nationales des moins de 18 ans, de développement ou sénior, explique Éric Hurtubise. On reste toutefois toujours à trois ou quatre joueuses sélectionnées à la fin du processus.

« Les meilleures joueuses québécoises ont un style qui leur est propre et n’entrent pas toujours dans le moule qui est en faveur en Ontario et dans d’autres provinces. Il faut continuer de travailler, espérer que nos entraîneurs prennent du galon au niveau national afin qu’ils puissent avoir une influence plus grande dans le processus de sélection.

« Mais en même temps, il faut faire confiance aux filles, avertit M. Hurtubise. C’est sur la glace que les joueuses de talent se démarquent. Marie-Philip [Poulin] n’entrait peut-être pas dans le moule, mais c’était impossible de passer à côté d’un talent comme le sien ! »

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