Grande entrevue

Une première acquisition… sous l’aile d’Alain Bouchard

Cinq mois seulement après avoir été couplée à Alain Bouchard – qui est devenu son mentor dans le cadre du projet Adopte inc. –, la jeune entrepreneure Judith Fetzer, fondatrice de la start-up Cook it, profite déjà d’un effet certain d’émulation puisque Cook it vient de réaliser la première acquisition de son histoire en fusionnant les activités de Kuisto, une entreprise concurrente et complémentaire.

Judith Fetzer a fondé en juin 2014 Cook it, un service de vente par internet de plats et de mets sous vide que son entreprise prépare, emballe et livre aux ménages qui veulent se faciliter la vie.

Cook it suggère chaque semaine à ses abonnés huit menus différents de plats dont les ingrédients sont emballés séparément et maintenus dans une ligne de froid pour être par la suite livrés à sa base de 1000 clients qu’elle dessert au Québec et en Ontario.

L’an dernier, Judith Fetzer a participé au projet Adopte inc. qui promettait à 5 des quelque 400 propriétaires de start-up qui y ont participé de profiter durant un an des conseils d’un mentor qui allait partager avec eux son expérience, son réseau et les ressources de son entreprise.

La jeune entrepreneure, qui faisait partie des 25 finalistes du projet Adopte inc., a été la candidate qu’a choisie Alain Bouchard, fondateur de Couche-Tard, qui agit donc depuis le mois de novembre dernier comme mentor de Judith Fetzer.

« C’était le mentor dont je rêvais. Je souhaitais depuis des années rencontrer Alain Bouchard pour discuter affaires avec lui et là, j’ai la chance de le voir régulièrement pour discuter de nos projets. »

— Judith Fetzer

« Je lui ai parlé de mon intérêt à acquérir Kuisto et il m’a conseillé d’y aller, que cela représentait une belle occasion de croissance pour Cook it », explique Judith Fetzer, que j’ai rencontrée en compagnie d’Alain Bouchard au siège social de Couche-Tard, à Laval.

« Mon souhait et mon objectif étaient d’ajouter un peu de valeur à Cook it. Dans la liste des 25 entreprises finalistes du concours Adopte inc., la candidature de Judith et de son entreprise ressortait clairement en raison de son dynamisme et de sa vision », explique pour sa part Alain Bouchard.

Une formule en expansion

Judith Fetzer est emballée par l’acquisition de Kuisto dont l’expertise vient renforcer considérablement le mode d’opération de Cook it tout en bonifiant son réseau d’abonnés.

« Kuisto a été fondée par Alexandre Caron, un ingénieur qui a mis sur pied une opération formidable, mais qui avait négligé le développement de l’image de l’entreprise.

« Moi, je suis une fille de marketing et j’ai le souci constant de faire rayonner l’entreprise. On est vraiment complémentaires et on a conçu une mission d’entreprise très claire et très bien structurée », observe l’entrepreneure.

Cook it a réalisé des revenus de 4,5 millions au cours de la dernière année. L’entreprise qui emploie 22 personnes a vu le jour dans le Mile End, mais vient de déménager dans un édifice beaucoup plus vaste dans le nord de ville.

« On est en mesure de pouvoir multiplier par 10 le volume de repas que l’on prépare. On a une base de 1000 abonnés réguliers et là, notre objectif, c’est de hausser leur nombre. »

— Judith Fetzer

La formule des repas en kit commandés sur l’internet et livrés à domicile est en pleine expansion. Judith Fetzer résume les facteurs qui expliquent cet engouement.

« Les jeunes familles dont les deux parents travaillent n’ont pas le temps de cuisiner lorsqu’ils arrivent à la maison, mais ils veulent prendre des repas familiaux avec des ingrédients santé.

« Chacune de nos recettes, qui sont élaborées par nos deux chefs, se préparent en 30 minutes. Tous les ingrédients – épices, condiments, sauces, viandes, pâtes… – sont frais et fournis dans des sachets individuels. Il suffit seulement de les assembler et de les faire cuire », signale Judith Fetzer.

Alain Bouchard confirme la simplicité de l’assemblage puisqu’il a préparé lui-même les repas qu’il a commandés chez Cook-it. « Je ne suis vraiment pas un cuisinier et pourtant, les repas que j’ai préparés ont tous été excellents », précise-t-il fièrement.

« Et il n’y a aucune perte, renchérit Judith Fetzer. Au Canada, la consommation alimentaire est un marché de 125 milliards, mais on jette l’équivalent de 35 milliards de nourriture par année. Avec nos plats, il n’y a rien qui se gâte dans le réfrigérateur. »

Étape de financement

Si Alain Bouchard a inspiré la PDG de Cook it à réaliser sa première acquisition, il l’accompagne aussi dans une autre étape cruciale, celle du financement.

« Moi, j’ai toujours dit qu’avant de dépenser 1,00 $, il faut que j’aie gagné 1,25 $. Mais dans le monde du commerce en ligne, il faut dépenser beaucoup d’argent pour aller chercher des parts de marché. »

— Alain Bouchard

Alain Bouchard a présenté des investisseurs potentiels à Judith Fetzer pour qu’ils participent au financement du prochain déploiement de Cook it.

« On va dépenser beaucoup d’argent en marketing pour faire connaître nos produits, nos services et la qualité de notre offre », explique Judith Fetzer.

Ça tombe bien, puisque le marketing est justement le grand dada de la fondatrice de Cook it.

« Le marché est là. Il est disponible et il faut juste que Cook it le prenne », assure, convaincu et convaincant, le mentor à sa « mentorée ». Une conviction que Judith Fetzer partage pleinement.

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