TABLETTES À BAS PRIX

Changer le monde, une tablette à la fois

La plupart des Montréalais l’ignorent, mais leur ville est le berceau de « la tablette la moins chère au monde ». C’est ici qu’a été fondée en 2001 l’entreprise DataWind, qui a conçu et vend pour 35 $US dans les coins les plus pauvres de la planète la célèbre Aakash. Portrait d’une entreprise dont la stratégie d’affaires se résume en trois mots : changer le monde.

Quand on débarque au cinquième étage d’un édifice anonyme du boulevard Saint-Laurent, en plein cœur du Vieux-Montréal, on a peine à croire qu’on entre au siège social de l’entreprise qui vend le plus de tablettes en Inde. C’est pourtant l’exploit de DataWind, fondée en 2001 par les frères Suneet et Raja Tuli, deux immigrants fraîchement débarqués de l’État du Panjab.

« Au Nigeria, nous sommes un des deux plus gros vendeurs, indique Derek Kopke, vice-président et responsable du développement international de DataWind. Nous avons des ententes en Amérique latine, en Afrique et en Asie. »

L’ART DU MOINDRE COÛT

C’est en 2011 que l’aventure de DataWind a réellement décollé, quand l’entreprise a remporté un appel d’offres du gouvernement indien. En bénéficiant de subventions et en réduisant au maximum les coûts de fabrication, la firme montréalaise a pu proposer sur le marché indien une tablette, l’Aakash, pour la modique somme de 35 $US. Comme pour l’iPad aux États-Unis, ce prix se rapproche du salaire hebdomadaire moyen en Inde. C’est une évolution de ce modèle d’origine qu’on retrouve au Canada sous le nom d’Ubislate, vendu en ligne à partir de 47,99 $.

Comment réussir à fabriquer une telle tablette ?

« Les deux composantes les plus coûteuses, c’est l’écran LCD et l’écran tactile. On a créé notre propre écran tactile, on fait beaucoup de recherche et développement, on a 18 brevets, et on est capables de le manufacturer pour 2 $. »

— Derek Kopke, vice-président et responsable du développement international de DataWind

Le processeur équipant la tablette Ubislate est celui du premier iPad, souligne-t-il, dont le coût est passé de 35 $ à 2 $. En introduisant la publicité dans le navigateur web, on arrive de plus à proposer aux acheteurs indiens un an de service internet gratuit. L’utilisation d’Android, un système d’exploitation en code source ouvert gratuit, a permis de réduire encore plus les coûts.

VERS UNE TABLETTE GRATUITE

L’entreprise se garde peu de marge de profits sur ses appareils, mais est compensée par la publicité, des offres de garanties prolongées et ses serveurs qui gèrent l’utilisation de données de ses clients. Seulement au point de vue de la publicité, « on a 1 million de clients en Inde, indique M. Kopke. Les annonceurs sont très intéressés, on est rendus que ça rapporte plus que ce que ça coûte ».

Ces revenus servent en retour à faire baisser encore plus le coût de la tablette. « Notre but, c’est même d’arriver à une tablette gratuite », précise-t-il. Car DataWind est plus qu’une entreprise d’équipement et de services informatiques. « On croit qu’internet est un droit fondamental. Si tout le monde y a accès, ça nivelle l’accès à l’éducation, à l’économie. On veut changer le monde en rendant possible cet accès aux plus pauvres de la planète. »

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