Repartir sur de nouvelles bases
C’était la première fois en 10 mois que le Canadien pouvait compter sur une formation complète. Son gardien vedette était de retour au jeu, il n’y avait aucun blessé parmi les joueurs habituels et, à son quatrième match de la saison, le Tricolore pouvait enfin avoir une idée du genre d’équipe qu’il forme. Et qu’il peut former.
Certes, il affrontait des Coyotes de l’Arizona encore verts qui, pour tout ce qu’ils promettent en attaque, ont encore des croûtes à manger quand vient le temps de se défendre. Ce n’était pas l’un de ces matchs-baromètres qui donnent une idée de la valeur d’une formation.
N’empêche : le Canadien a encore fait tout ce qu’il fallait pour chasser le mauvais souvenir de la saison dernière et repartir sur de nouvelles bases. Une victoire convaincante comme celle d’hier, avec la contribution de tout le monde pour y arriver, en est un bon reflet.
« Nous voulons que l’année dernière ne soit qu’un accident de parcours », a expliqué Torrey Mitchell, dont le trio s’est mis en valeur par son travail acharné.
« Ce n’est pas de cette fibre qu’est faite notre équipe. C’était une anomalie que ce genre de saison se produise. Il y a beaucoup d’optimisme à l’égard de l’équipe. Nous sommes heureux des gestes qui ont été faits cet été et nous avons un vestiaire sain. Nous sommes excités par ce qui pourrait suivre mais, suivant la leçon de l’an dernier, on va éviter de s’emballer trop vite. »
Avec Carey Price de retour et Shea « l’Homme-Montagne » Weber qui s’est ajouté au groupe, le CH se retrouve avec deux leaders stoïques et consciencieux qui vont s’assurer justement que l’équipe ne s’énerve pas inutilement.
Il n’y a rien de compliqué avec ces deux-là, ils sont du type « steak-blé d’Inde-patates » et on doute fortement qu’ils aient des problèmes de tension.
« Nous n’avons rien accompli, a calmement rappelé Weber. Ce n’est qu’un bon début de saison. »
De la musique aux oreilles de Michel Therrien, qui ne peut qu’être heureux de la façon dont ses hommes se comportent jusqu’à maintenant.
« On s’attarde sur des choses précises à l’entraînement et en voit tout de suite le résultat dans le match, a expliqué l’entraîneur-chef après le match. Les gars sont concentrés et ils ont une approche business. »
L’ancien et le moderne
C’est le genre de victoire gentille pour Carey Price qui n’a pas eu à faire de miracles pour arracher les deux points. Très rarement a-t-il été vraiment mis à l’épreuve.
Et c’est peut-être là une autre leçon du passé que le Tricolore voudra retenir, celle de ne pas trop s’en remettre à Price pour connaître du succès.
« Quand on a un gardien de ce calibre, on a le réflexe de se fier à lui, mais marquer cinq buts est bon pour notre confiance comme pour la sienne », a convenu Mitchell.
L’attaquant originaire de Greenfield Park a rapidement été impliqué dans le match grâce aux agressions un peu bébêtes de Ryan White.
Mitchell n’a pas été impressionné par les invitations de l’ancien du Tricolore et a répliqué en marquant un but.
Puis, en début de deuxième, White a été au centre d’une longue séance de rififi durant laquelle il a cherché noise à Alex Galchenyuk. Le centre russo-américain a marqué peu de temps après.
On a fait grand cas de la visite des Coyotes et de leur jeune DG John Chayka, un apôtre des statistiques avancées. Mais quand on compare la vitesse du quatrième trio du Canadien aux simagrées inutiles de Ryan White, on se dit qu’il y a un quatrième trio plus moderne que l’autre.
Et on se demande bien ce que Chayka a pu penser de la soirée de travail de Shea Weber qui, malgré son style peu flamboyant à égalité numérique, a donné le ton au match en appliquant deux solides mises en échec à Tobias Rieder avant d’inscrire un but en supériorité numérique à l’aide de son puissant tir.
« Les statistiques avancées ne croient pas en ce genre de choses, mais de grosses mises en échec et des tirs bloqués motivent le banc et peuvent faire basculer le match assez rapidement, a signalé Nathan Beaulieu. Si j’étais ailier gauche, je ne voudrais pas affronter Weber. »