L'avis du nutritionniste

Une boîte à lunch zéro déchet

J’entamais ma collaboration avec La Presse+, l’an dernier, par cette phrase : « Je déteste faire mon lunch. » Je travaillais alors de la maison, ce qui m’épargnait cette tâche. Mais voilà, nouveauté au tableau : la boîte à lunch a refait son apparition dans ma vie et, avec elle, une panoplie d’interrogations sur son impact environnemental. 

Pour répondre à mes questions, je me suis tourné vers une des pionnières du mouvement zéro déchet au Québec, Mélissa de La Fontaine, conférencière et consultante zéro déchet pour Le Mini-Vert.

S’équiper ? Oui et non.

On ne s’en sort pas. La première étape de la boîte à lunch zéro déchet, c’est de dire adieu aux objets jetables. Exit les ustensiles et les sacs de plastique ainsi que les serviettes de papier. Il existe des tonnes d’innovations dans le domaine pour remplacer ces produits, mais avant de sortir le portefeuille, l’important est de vous demander si vous en avez vraiment besoin.

« Acheter des objets neufs, c’est un peu contre-productif et ce n’est pas toujours cohérent avec la mentalité zéro déchet. »

— Mélissa de La Fontaine, conférencière et consultante zéro déchet 

En réalité, vous n’avez pas besoin de grand-chose de plus que des ustensiles, une bouteille et des contenants réutilisables ainsi que des serviettes en tissu.

Et la boîte à lunch ? « Personnellement, j’ai simplement un sac de tissu dans lequel je trimballe mes aliments, car la boîte à lunch classique finit dans la poubelle en fin de vie », raconte Mme de La Fontaine. Évidemment, si vous n’avez pas accès à un réfrigérateur pour entreposer votre repas, investir dans une boîte à lunch de qualité, qui durera longtemps et qui garde les aliments au frais, est probablement une bonne idée.

Pour la plupart des achats matériels, la spécialiste recommande de privilégier les objets de seconde main.

À l’épicerie

Outre le côté matériel, il y a bien sûr le cœur du repas : les aliments. Et à l’épicerie, il est facile de réduire ses déchets, sans mettre trop d’efforts.

On sait qu’à peu près la moitié du gaspillage alimentaire se produit à la maison. Le premier conseil pour jeter moins d’aliments est de n’acheter que ce dont on a réellement besoin.

Planifier le contenu de la boîte à lunch est un geste essentiel pour se procurer le strict nécessaire et moins nourrir la poubelle.

Pour réduire les emballages alimentaires, privilégiez le vrac. Il y a de plus en plus de commerces spécialisés qui offrent des aliments ainsi, mais certains supermarchés surfent également sur la vague. « Quand ce n’est pas possible, on essaie de choisir l’emballage le moins nocif. Par exemple, on opterait pour des pâtes dans du carton versus du plastique », suggère Mme de La Fontaine.

En ce sens, se tourner vers les contenants en gros format, lorsque cela correspond à ses besoins, permet de réduire la quantité de déchets produits. Par exemple, les portions individuelles de yogourt, de lait, de boisson végétale ou de fromage peuvent s’avérer pratiques, mais on privilégie plutôt un gros format qu’on sépare ensuite à la maison.

Au lieu du pain tranché pour vos sandwichs, vous pouvez en acheter un à la boulangerie que vous glissez dans un sac de tissu. Il suffit de le trancher soi-même ou de demander au boulanger de le faire.

Les fruits et les légumes déjà coupés font gagner du temps, mais ils coûtent beaucoup plus cher et sont presque toujours emballés dans du plastique. En prenant une heure pour préparer tous vos légumes et vos fruits de la semaine, vous diminuerez les emballages superflus et paierez une fraction du prix. Et en plus, vous pouvez en profiter pour jeter les retailles au compost.

Le rayon des collations regorge d’aliments emballés individuellement. Cuisiner vos propres muffins, barres tendres, boules d’énergie ou granolas demande certes un peu plus de temps, mais il est possible d’être efficaces en préparant de grandes quantités à congeler. Vous pouvez également préparer des mélanges de noix, de graines et de fruits séchés avec des aliments en vrac.

Zéro déchet sans être parfait

On a souvent l’impression que pour être zéro déchet, il faut être capable de terminer son année avec un seul petit pot d’ordures. Pourtant, nul besoin d’être dogmatique pour adhérer au mouvement. Selon Mélissa de La Fontaine, pratiquer le zéro déchet, c’est « tendre vers des habitudes qui vont permettre de réduire la consommation et les déchets qu’on va produire ». Bref, c’est d’adopter, un à la fois, un ensemble de petits gestes anodins qui permettront de réduire ce qu’on envoie au dépotoir.

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