PERSONNES ÂGÉES

Moins de bobos grâce au judo

En hiver, se déplacer sur une surface glacée peut représenter un exercice périlleux pour les aînés qui doivent souvent composer avec un manque d’équilibre. Le Club de judo de Saint-Hyacinthe a mis sur pied un programme destiné aux 50 ans et plus pour éviter qu’une chute malencontreuse ne provoque de lourds traumatismes.

« Le premier enseignement au judo est d’apprendre à chuter, indique Louis Graveline, qui cumule plus de 50 ans d’expérience comme entraîneur. Je fais un parallèle entre un enfant et une personne âgée. Dans le premier cas, le tonus musculaire est en développement et dans le second, il a sévèrement diminué. »

Pour bâtir son cours, Louis Graveline s’est inspiré du livre Comment prévenir et se protéger lors d’une chute écrit par l’ancien directeur technique du Club de judo de l’Université de Sherbrooke, Benoit Séguin.

Au programme depuis l’an dernier, le cours a attiré neuf participants âgés de 64 à 90 ans lors de la session d’automne. À raison d’une heure par semaine, les exercices consistent entre autres à courir dans des cerceaux, à marcher à reculons en tenant les mains d’un partenaire et à utiliser un ballon d’exercices en appui sur un mur.

« L’important est de renforcer l’ensemble des muscles comme la partie abdominale, les muscles stabilisateurs et ceux du cou », explique Louis Graveline, qui est assisté dans ce cours par Bruno Janssen, un judoka de 71 printemps.

« Je dis à mes élèves de progresser lentement à l’image de grains de riz déposés un à un dans un bol. »

— Louis Graveline, entraîneur au Club de judo de Saint-Hyacinthe

Lors du passage de La Presse, certains participants ont admis avoir été stressés lors de la première leçon, se croyant incapables d’effectuer les exercices proposés. D’ailleurs, plusieurs gardent de mauvais souvenirs de chutes ayant provoqué des blessures.

« Grâce à ce cours, j’ai développé beaucoup d’équilibre. Pendant plus de 70 ans, j’ai été une adepte de la sédentarité intensive », souligne Louise d’Anjou, âgée de 73 ans.

Guy Desrosiers ne fait pas ses 90 ans lorsqu’on l’observe pratiquer avec aisance un exercice sur le tatami.

« Je trouve que ce cours est adapté à nos besoins. J’ai déjà chuté à quelques reprises. Je me suis blessé à l’œil lors d’une perte d’équilibre. Comme je vis seul chez moi, j’ai toujours la crainte de tomber », confie M. Desrosiers.

« Je recommande ce cours sans hésiter parce que nos hivers sont longs. Après la session, je me suis sentie plus en confiance en cas de chute et moins inquiète », dit pour sa part Céline Chartrand, une « gazelle » de 75 ans comme la surnomme Louis Graveline.

Intérêt des fédérations

Les fédérations provinciale et nationale de ce sport de combat semblent convaincues de la nécessité d’offrir un tel cours pour pallier la perte d’équilibre attribuable au vieillissement.

Le Club de Saint-Hyacinthe a reçu la visite d’un représentant de Judo Québec. Judo Canada a aussi manifesté son intérêt.

« Judo Québec croit fermement que cet apprentissage peut faire une énorme différence dans la qualité de vie d’une personne âgée. Nous encourageons tous nos clubs à ajouter cette offre de service. Je félicite le Club de judo de Saint-Hyacinthe d’être précurseur dans ce domaine », affirme Jean-François Marceau, directeur général de Judo Québec.

Le club de judo de Saint-Georges offre lui aussi un cours sur la prévention des chutes. « Nous nous sommes référés aux exercices du livre de Benoit Séguin. J’intègre dans mon cours appelé Judo adapté des aînées ainsi qu’une clientèle ayant des limitations physiques », précise Martin Beaulieu, directeur technique de Club de judo St-Georges.

Au Québec, les clubs de judo de Lac-Mégantic, Trois-Rivières et Gaspé devraient emboîter le pas à ceux de Saint-Hyacinthe et Saint-Georges.

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