LETTRE À LA PRÉSIDENTE DE LA FÉDÉRATION DES MÉDECINS SPÉCIALISTES DU QUÉBEC

Pour une approche plus globale, humaniste et éthique

Les augmentations de rémunération ont fait oublier la motivation intrinsèque qui motive tout médecin

Dr Francoeur,

J’ai pris connaissance de votre publicité concernant les médecins spécialistes parue dans La Presse du 23 décembre. Personne ne remet en doute le travail essentiel accompli par vous et vos collègues auxquels j’ajouterais les omnipraticiens.

Ce qui fait les manchettes et est mis en évidence par les journalistes, chroniqueurs et éditorialistes, ce sont les augmentations significatives de rémunération qui ont été consenties aux médecins par le gouvernement du Québec dans un contexte où celui-ci parle de rigueur budgétaire et d’assainir les finances publiques vers l’équilibre budgétaire. Je n’ose pas parler d’austérité et des compressions imposées à différents secteurs d’activité gérés par l’État.

Ces augmentations font et continueront à faire mauvaise presse, car elles ont fait oublier la motivation intrinsèque qui motive tout médecin, soit soigner et prendre soin des patients pour mettre en évidence la motivation extrinsèque qu’est la rémunération.

Si l’invitation que vous lancez aux journalistes, chroniqueurs et éditorialistes a pour but de faire connaître le travail du médecin avec comme objectif de justifier les hausses de rémunération, vous risquez de voir la situation médiatique actuelle perdurer.

Après tout, il n’y a pas que les médecins qui travaillent fort, qui ont des responsabilités et qui travaillent à des heures défavorables.

Ce qui me préoccupe grandement, c’est l’impact de ces augmentations sur le financement du réseau de la santé. Quoiqu’il soit difficile d’en faire la corrélation, il est possible de croire que celles-ci puissent être financées, du moins en partie, par les compressions actuelles et futures imposées aux établissements de santé avec les impacts négatifs qu’elles auront sur l’accessibilité aux soins.

Une approche plus globale, humaniste et éthique basée sur une justice distributive, centrée sur les besoins de la population et tenant compte des moyens financiers du Québec, aurait peut-être été plus adéquate et équitable pour établir des augmentations qui n’auraient pas fait les manchettes, car elles auraient paru justifiées.

« De vrais patients à soigner et de vrais médecins à pieds d’œuvre pour les soigner ». Oui et non ! Je crains que ce soit une vision très médicale des soins de santé. Les médecins y sont des acteurs très importants. C’est vrai. Cependant, il ne faut pas oublier le rôle essentiel de tous les autres professionnels, travailleurs et intervenants qui y œuvrent tous les jours de l’année, et ce, même à Noël.

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