Éducation

Les filles meilleures élèves que les garçons, une réalité mondiale

Les filles sont meilleures que les garçons à l’école dans la plupart des pays du monde. Peu importe si l’égalité des sexes y est plus ou moins acquise. Telle est la conclusion d’une grande analyse d’un psychologue néerlandais qui enseigne à l’Université de Glasgow. La Presse s’est entretenue avec Gijsbert Stoet.

POURQUOI ?

Gijsbert Stoet est spécialiste des facteurs qui influencent le rendement scolaire. « Depuis une demi-douzaine d’années, plusieurs études ont utilisé les résultats des épreuves PISA [Programme international d’évaluation des étudiants] pour voir si les différences entre filles et garçons étaient plus prononcées dans les pays où règne une plus grande égalité entre les sexes. Les résultats sont allés d’un côté comme de l’autre, parce que chaque équipe utilisait les épreuves d’une seule année. J’ai décidé de fondre quatre épreuves PISA pour en avoir le cœur net. »

ÉGALITÉ DES SEXES

Le résultat : il n’y a aucun lien entre l’égalité générale entre les sexes et les différences de résultats scolaires des filles et des garçons. « Quel que soit le pays, les filles ont généralement de bien meilleurs résultats en lecture, dit M. Stoet. Là où les garçons sont parfois meilleurs, c’est en mathématiques. Certains ont avancé que seulement dans les sociétés égalitaires les filles ont-elles d’aussi bons résultats en maths et en sciences que les garçons. D’autres ont attribué les difficultés scolaires des garçons dans les sociétés occidentales au fait que des politiques publiques ont été mises en place pour favoriser l’égalité entre les sexes. Aucune de ces deux thèses n’est valide. »

CHOIX DE CARRIÈRE

Pourquoi alors les filles choisissent-elles moins que les garçons les métiers liés aux mathématiques, comme le génie – des emplois souvent bien payés ? Parce que les filles sont meilleures en lecture qu’en mathématiques, tout simplement, dit le psychologue néerlandais. « Les garçons sont généralement moins bons en lecture qu’en maths. Généralement les gens choisissent une carrière en fonction de leurs forces. » Plusieurs études ont pourtant montré que les professeurs sont souvent sexistes : ils présument qu’un garçon sera bon en mathématiques et une fille moins bonne. « Je ne peux pas vraiment commenter ces études parce que je n’en ai pas fait, dit M. Stoet. Mais il y a beaucoup plus de facteurs confondants et d’impondérables qu’avec l’approche que j’ai utilisée. » 

BIAIS MATHÉMATIQUE

Plusieurs études concluent que si des filles passent des tests de mathématiques de manière anonyme (sans que les professeurs sachent leur sexe), leurs résultats sont meilleurs. Mais une étude récente de l’OCDE conclut que les tests anonymes favorisent surtout les garçons : leur avance en mathématiques sur les filles est alors encore plus grande, alors que leur retard sur les filles est moins grand. Les auteurs de l’étude de l’OCDE concluent que les tests anonymes diminuent les préjugés quant aux capacités mathématiques des filles, mais encore davantage les préjugés sur la capacité de travail et le comportement en classe des garçons.

LES EXTRÊMES

En 2005, l’économiste Lawrence Summers a causé un tollé en affirmant que la discrimination n’expliquait peut-être pas entièrement la sous-représentation des femmes en sciences et en génie, qui pourrait être due à une surreprésentation des hommes parmi les gens très très forts (le 0,01 %) en mathématiques. La controverse l’a forcé à démissionner de son poste de président de l’Université Harvard. M. Stoet s’est lui aussi penché sur la question. « Ce que je déplore, c’est que poser la question est inadmissible. Il existe très peu d’échantillons permettant de trancher sur ce sujet. Ce qu’on voit avec PISA, c’est que l’avance des filles s’amenuise dans les très hauts scores. »

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