Qui l’eût cru ?
Tiger Woods renoue avec la victoire au Championnat du circuit de la PGA et concrétise un improbable retour.
Atlanta — Comme à ses plus belles heures, Tiger Woods a été accompagné hier par une marée humaine jusqu’au vert du 18e trou pour assister à un événement déjà qualifié d’historique, sa victoire au Championnat du circuit de la PGA, son premier succès après cinq années de disette, de douleurs et de doutes.
Une ambiance de match de football, des spectateurs qui courent et jouent des coudes pour être aux premières loges, un service de sécurité qui peine à lui frayer un chemin et pour finir, Woods, les deux bras levés au ciel, soulagé, au bord des larmes.
« Je ne voulais pas que ça s’arrête », a-t-il reconnu.
À 42 ans, cinq ans après sa victoire à l’Invitation Bridgestone en août 2013, Woods, qui avait revêtu pour l’occasion son emblématique polo rouge électrique de ses débuts fracassants à la fin des années 90, est redevenu le « Tigre », l’un des cadors du circuit professionnel américain.
« J’ai eu toutes les peines du monde à ne pas pleurer en remontant vers le dernier trou. Je n’arrêtais pas de me dire : “attention, tu peux encore te planter !”, mais dès que j’ai vu ma balle sur le vert, je savais que c’était fait », a-t-il expliqué, encore ému.
Woods, qui sera l’une des têtes d’affiche de la Coupe Ryder à partir de vendredi près de Paris, a enfin décroché le 80e titre de sa carrière sur le circuit de la PGA, un scénario encore impensable il y a quelques mois tant l’Américain, relégué alors au-delà de la 600e place mondiale, partait de loin en début de saison.
« Cela a été dur ces trois ou quatre dernières années », a-t-il simplement déclaré.
Cinq oiselets de suite
« Il a fallu se battre toute la journée, mais j’ai adoré cette journée. C’était un sacré défi en début d’année de penser que je pourrais regagner, mais au fil des compétitions, j’ai vu que cela serait possible », a poursuivi celui qui abordera la Coupe Ryder à la 13e place mondiale.
Il ne lui manque plus que deux succès pour égaler le record de son compatriote Sam Snead, qui a remporté 82 titres de la PGA entre 1936 et 1965.
« Quatre-vingts victoires, c’est beaucoup, a reconnu Woods. C’est un sentiment incroyable. »
En tête depuis le premier tour sur le parcours d’East Lake, près d’Atlanta, l’ancien roi incontesté du golf s’est imposé avec deux coups d’avance sur son premier poursuivant, l’Américain Billy Horschel (- 9).
« C’était une bataille sur le terrain. J’ai aimé chaque seconde de celle-ci. »
— Tiger Woods
Il a rendu une dernière carte de 71 (+ 1) pour un total de 269 (- 11), non sans une petite frayeur en fin de journée avec trois bogueys sur les neuf derniers trous.
Le numéro un mondial, l’Anglais Justin Rose, a terminé quatrième (- 6), mais il se console avec le chèque de 10 millions US remis au vainqueur de la Coupe FedEx, classement annuel du circuit PGA.
Woods avait écœuré ses rivaux la veille lors du troisième tour où, comme à ses plus belles heures, il avait enchaîné cinq oiselets de suite avant de rendre une nouvelle carte de 65 (- 5).
Quatre opérations au dos
Depuis son retour sur les verts en janvier 2018, Woods avait flirté avec la victoire en mars lors du Championnat Valspar (deuxième), en juillet en prenant les commandes de l’Omnium britannique lors du quatrième tour avant de terminer sixième, ou encore en août en échouant à deux coups de son compatriote Brooks Koepka au Championnat de la PGA (deuxième).
Avec ce succès, Woods referme définitivement le chapitre le plus sombre de sa carrière sportive.
Entre 2014 et 2017, celui qui est présenté comme le meilleur golfeur de l’histoire a enchaîné les saisons désastreuses et il a été éloigné des parcours de golf à plusieurs reprises pendant de longs mois après avoir subi quatre opérations au dos.
Déprimé, classé au-delà de la 1000e place au classement mondial, il avait même envisagé en 2016 de mettre un terme à sa carrière alors qu’il ne pouvait plus marcher, s’asseoir ou jouer avec ses enfants Sam et Charlie.
Woods avait également fait de nouveau parler de lui pour ses déboires personnels en 2017, huit ans après les révélations de ses innombrables infidélités qui avaient sensiblement écorné son image.
Il avait notamment été arrêté, endormi au volant de sa voiture sous l’emprise d’un cocktail de médicaments et d’antidépresseurs, et les images de son arrestation avaient fait le tour du monde.
Quelques mois plus tard, il est de nouveau au sommet.
« Je ne savais même pas si je pourrais rejouer un jour [...] et maintenant, j’ai enfin ce 80e titre tant attendu. C’est l’une des plus belles victoires de ma carrière », a-t-il conclu.
— Avec l’Associated Press
Le palmarès de Tiger Woods
80 victoires sur le circuit de la PGA
14 victoires en Grand Chelem
4 Tournois des Maîtres (1997, 2001, 2002, 2005)
4 Championnats de la PGA (1999, 2000, 2006, 2007)
3 Omniums des États-Unis (2000, 2002, 2008)
3 Omniums britanniques (2000, 2005, 2006)
1 Coupe Ryder (1999)
6 Coupes des Présidents (2000, 2005, 2007, 2009, 2011, 2013)