Personnalité de la semaine

Marie Chouinard

Notre personnalité de la semaine a marqué les annales de la Biennale de Venise en y devenant la première Canadienne nommée directrice de la danse, un rôle qu’elle occupera jusqu’en 2020. La Presse a discuté avec Marie Chouinard, tout juste rentrée de Venise, de cette première expérience et de la suite des choses.

Marie Chouinard entretient une vraie histoire d’amour avec la Biennale de Venise, où elle a été invitée à plusieurs reprises avec sa compagnie, mais aussi avec la ville elle-même. « Cette ville m’enchante. Venise a été une plaque tournante, un point névralgique du commerce mondial, et c’est encore aujourd’hui un lieu de croisements absolument fascinant. Il est donc normal qu’il y ait dans cet endroit un festival, un lieu de rencontre de propositions belles et insolites de partout dans le monde », constate la chorégraphe québécoise.

Cette première expérience à titre de commissaire fut un réel « bonheur ». « C’est une autre manière de créer ; au lieu de créer une œuvre, je crée un événement en invitant des œuvres de partout dans le monde que j’aime, qui m’ont touchée, que je trouve formidables, pour les offrir au public de ce festival international. C’est aussi donner des occasions merveilleuses à tous ces artistes que j’invite. Je suis dans une position de bonheur, une position privilégiée ! », s’enthousiasme-t-elle.

Fonctionnant beaucoup à l’instinct pour sélectionner les œuvres et les compagnies, elle avoue avoir eu du mal à dégager une ligne directrice dans sa programmation en amont de l’événement… Jusqu’à ce qu’elle soit sur place et assiste aux spectacles qu’elle avait programmés. « Je ne m’en rendais pas compte au début, mais j’ai été assez radicale dans mes choix. Ce sont des propositions très opposées, des mondes différents, mais qui font partie d’un ensemble. »

Des Québécois au programme

Oui, il y avait beaucoup de Québécois programmés cette année à la Biennale de Venise : Benoît Lachambre avec Lifeguard, Louise Lecavalier avec So Blue, Dana Michel (qui a d’ailleurs reçu le Lion d’argent pour l’innovation en danse durant le Festival) avec Yellow Towel, pour ne nommer que ceux-là. Et Marie Chouinard a l’intention d’inviter d’autres créateurs québécois à Venise durant son mandat.

Des choix qui ne sont pas guidés par un quelconque chauvinisme, affirme Chouinard, mais bien par le fait que le Québec a un large réservoir de « créateurs géniaux ». 

« C’est formidable, ce qui se passe au Québec en ce moment. On ne peut pas, dans le cadre d’un festival international de danse, ne pas inviter de Québécois :  c’est trop fort, ce qui se fait ici ! »

— Marie Chouinard

La chorégraphe a elle-même présenté l’une de ses plus récentes créations à la Biennale, Soft Virtuosity, Still Humid, On the Edge, qu’on verra à Montréal en septembre.

La chorégraphie, un art à part entière

L’artiste s’est donné une autre mission : donner la chance à des chorégraphes émergents de peaufiner leur art et de mieux le maîtriser. En marge de la Biennale, se tient chaque année un collège pour les danseurs, formation intensive de trois mois qui culmine durant le festival. Cette année, trois jeunes chorégraphes ont également été invités à participer à un collège chorégraphique, initiative que Chouinard compte bien répéter au cours des prochaines années.

« Je fais partie de cette génération formée sur le tas. J’étais danseuse, et du jour au lendemain, je suis devenue chorégraphe. On n’avait pas vraiment de formation, on apprenait son métier en le faisant », note Marie Chouinard. 

« C’est bien pour les chorégraphes d’avoir du temps de recherche, d’avoir la chance de créer, de pratiquer leur art. L’art de la danse n’est pas seulement pratiqué par les danseurs, mais aussi par les chorégraphes. »

— Marie Chouinard

Et la suite ? Marie Chouinard travaille déjà à l’édition 2018 de la Biennale, dont la programmation sera dévoilée en avril. Si elle préfère ne pas trop en dire pour l’instant, elle affirme que ses choix seront « différents ». « Ça se dessine un peu autrement, il y a d’autres choses que j’ai envie de proposer », dit-elle.

Parallèlement, elle poursuit son rythme de création « intense » – en un an et demi, elle a signé trois créations – et travaille déjà à sa prochaine pièce, alors que sa troupe, elle, tourne toujours autant, enchaînant son large répertoire aux quatre coins du monde : Italie, Canada (pour le Festival Danse Canada), États-Unis, Mexique et Allemagne sont sur la feuille de route de la compagnie pour les mois à venir.

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