Chronique

2015, un gros défi pour Eugenie

Bien sûr, ce sont la chaleur et l’humidité de New York qui ont eu raison d’Eugenie Bouchard à l’Omnium américain. Mais son visage si pâle pendant la pause médicale de son match de lundi illustrait aussi à quel point cette longue saison l’a vidée de son énergie.

Eugenie a brûlé les étapes en 2014. De jeune joueuse prometteuse, elle est devenue une tête d’affiche de son sport. Elle gère ce nouveau statut avec maturité. Cela explique pourquoi les dirigeants de la WTA lui ont accordé une place de choix dans la promotion du circuit féminin.

Sa décision de terminer son match contre Ekaterina Makarova donne aussi la pleine mesure de son esprit sportif. Malgré son épuisement, elle ne s’est pas retirée. « Je ne suis pas comme ça... », a-t-elle simplement expliqué.

Cette attitude l’honore. Lorsque la vision devient embrouillée sur le terrain, c’est sûrement tentant de ranger les armes. Mais l’athlète de 20 ans sait qu’à moins de blessure grave, un abandon n’est pas la bonne manière de réagir.

Beaucoup d’amateurs de tennis n’ont pas oublié, par exemple, la décision de Justine Henin de quitter son match de finale des Internationaux d’Australie en 2006 au moment où elle tirait de l’arrière 6-1, 2-0. Elle a ainsi privé Amélie Mauresmo d’un grand plaisir : gagner le titre en inscrivant le point victorieux. Ce choix a longtemps empoisonné leurs relations.

La saison des Grands Chelems est terminée pour Eugenie Bouchard. Elle s’envolera bientôt pour l’Asie, où plusieurs tournois seront présentés avant la finale de la WTA à Singapour, du 20 au 26 octobre. Les huit joueuses ayant obtenu le plus de points en 2014 seront conviées et les bourses sont celles d’un tournoi majeur.

Eugenie Bouchard occupe le septième rang de ce classement, surnommé « La route vers Singapour ». Ses plus proches poursuivantes n’ayant pas brillé à l’Omnium américain, elle demeure en bonne position pour conserver sa place.

Pour obtenir son laissez-passer, elle devra cependant accumuler d’autres points. Voilà pourquoi elle aurait avantage à s’offrir un bon repos avant d’entamer, ragaillardie, la portion asiatique de sa saison.

Eugenie Bouchard, qui a aussi représenté le Canada dans d’exigeants matchs de Coupe Fed cette année, est manifestement fatiguée. C’est tout à fait normal pour une joueuse vivant pour la première fois en carrière une saison si chargée sur les plans mental et physique. Elle a vécu de fortes émotions, comme la finale de Wimbledon et deux matchs en soirée sur le court Arthur-Ashe, à New York. L’expérience est extraordinaire, mais aussi usante.

Un moment pour décompresser, prendre un peu de recul et retrouver ses forces serait sûrement salutaire. Ses prochains rendez-vous incontournables sont les omniums de Wuhan et de Chine (présenté à Pékin), qui s’enchaînent dès le 21 septembre. Cela lui laisse le temps de relaxer. Mais compte tenu de sa grande popularité, la tentation de disputer des tournois préparatoires sera forte. Il y a peut-être là un piège.

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La WTA consacre beaucoup d’énergie à mousser la notoriété de sa finale de Singapour. La présidente Stacey Allaster mise en effet sur l’Asie pour augmenter la popularité du tennis féminin.

« Comme toutes les marques globales, nous devons saisir les occasions de croissance, disait-elle le mois dernier. Et l’Asie est une région du monde où nous pouvons prendre de l’expansion. »

La stratégie s’annonce un succès. Mais pour la majorité des amateurs, les quatre manches du Grand Chelem demeurent, avec raison, le véritable point de référence.

À ce niveau, Eugenie Bouchard sera confrontée à un gros défi en 2015. L’effet de surprise auprès de ses rivales n’existera plus. Elles se prépareront toutes avec attention pour l’affronter.

D’autre part, la grande majorité de ses points au classement cette saison ont été remportés lors de ces tournois majeurs (demi-finale aux Internationaux d’Australie et de France et finale de Wimbledon). Préserver les 3100 points obtenus au cours de ces trois grands rendez-vous, ainsi qu’à l’Omnium américain, sera une tâche redoutable.

La bonne nouvelle, c’est que ses résultats devraient être meilleurs dans les autres tournois. Parmi eux, les neuf plus importants après les Grands Chelems.

À ce chapitre, sa fiche en 2014 est décevante. Dans les sept compétitions présentées jusqu’ici, elle a été éliminée dès son premier match à Doha, Miami, Madrid, Rome, Montréal et Cincinnati. Elle pourra se reprendre à Wuhan et Pékin.

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Le tennis féminin est plus concurrentiel que jamais. On l’a bien vu au cours des derniers jours à l’Omnium américain, où des stars comme Agnieskza Radwanska, Petra Kvitova, Simona Halep et Maria Sharapova ont été éliminées avant les quarts de finale.

Pendant ce temps, une jeune Suissesse de 17 ans, Belinda Bencic, a montré son talent. Même si la Chinoise Peng Shuai l’a éliminée hier, elle possède l’étoffe d’une star.

Bencic a été entraînée durant sa jeunesse par Melanie Molitor, la mère de Martina Hingis. L’ancienne championne était d’ailleurs assise dans la loge de Bencic lors de son impressionnante victoire contre Jelena Jankovic, ce week-end.

Bref, Eugenie Bouchard n’est pas la seule jeune joueuse avec des ambitions sur le circuit. Déjà hâte à la saison 2015...

UN CONTRAT DE 300 MILLIONS

En 2010, Kevin Durant a signé une entente de cinq ans et 89 millions avec le Thunder d’Oklahoma City, de la NBA. Lundi, il a de nouveau touché le gros lot, en acceptant 300 millions (oui, oui) de Nike pour les 10 prochaines années.

Durant, joueur le plus utile à son équipe dans la NBA la saison dernière, est une immense vedette aux États-Unis. Et comme plusieurs joueurs de basket, il reçoit une fortune pour promouvoir les produits des fabricants d’articles de sport (au premier rang, les chaussures).

Durant a profité de la surenchère entre Nike et Under Armour pour arracher ce pactole. Non, il n’existe rien de tel pour les joueurs de la LNH.

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