Étude de sTatistique Canada

Un premier portrait des réfugiés syriens se dessine

Le gouvernement Trudeau a rempli sa promesse d’accueillir 25 000 réfugiés syriens au Canada entre le 4 novembre 2015 et le 29 février 2016. Mais où vivent ces gens ? Comment gagnent-ils leur vie ? Pour la première fois, Statistique Canada a publié hier une étude sur leur intégration au pays basée sur des données du recensement de 2016.

Les plus vulnérables

Première constatation : les résultats de cette étude ne permettent pas de brosser un tableau clair de la situation vécue aujourd’hui, parce qu’ils sont basés sur des données recueillies il y a presque trois ans. Mais une des choses qu’ils nous apprennent, c’est que le fédéral a joué son rôle en prenant en charge les plus vulnérables : familles plus nombreuses (trois enfants, en moyenne), plus jeunes, moins scolarisées et moins bilingues.

13 ans

L’âge moyen des réfugiés syriens parrainés par le gouvernement fédéral était de 13 ans à leur arrivée sur le sol canadien. À titre de comparaison, celui des réfugiés accueillis par le secteur privé (organisations, groupes, citoyens) était de 26 ans.

Langue et diplôme

Mais ce n’est pas la seule différence. À peine 20 % des réfugiés syriens pris en charge par le gouvernement parlaient anglais ou français. Cette proportion était de 67 % chez ceux parrainés de manière privée. Et 2 % des Syriens placés sous la protection d’Ottawa étaient titulaires d’un diplôme universitaire, comparativement à 25 % pour l’autre groupe. Fait à noter : le fédéral et le privé ont soutenu moitié-moitié les 25 000 réfugiés admis au pays en 2015 et 2016.

Marché du travail

Statistique Canada nous apprend aussi que le taux d’emploi des réfugiés syriens était inférieur à celui des autres réfugiés le 10 mai 2016, jour du recensement. Mais la plupart d’entre eux n’étaient au pays que depuis quatre mois, alors que les réfugiés en provenance d’autres pays habitaient ici depuis huit ans, en moyenne.

15 000 $

Le revenu annuel moyen de ceux qui avaient terminé une année de résidence au pays en décembre 2016 était de 15 000 $ à 20 000 $. Une somme comparable au revenu des réfugiés originaires d’ailleurs.

Chemin parcouru

Qu’en est-il aujourd’hui ? Statistique Canada compte présenter un portrait plus complet de l’établissement et de l’intégration des réfugiés syriens au fil du temps. Mais il faudra sans doute attendre les données du recensement de 2021 pour avoir une idée du chemin parcouru depuis 2015.

« Pas très probante »

Cela fait dire à François Crépeau, juriste et professeur titulaire à la faculté de droit de l’Université McGill, que cette première étude « n’est pas très probante ». « C’est intéressant, mais ça ne nous dit rien sur ce qui s’est passé depuis deux ans, explique-t-il. C’est trop tôt dans leur intégration. C’est quand on aura analysé les données du recensement de 2021 qu’on pourra évaluer la progression des revenus, faire des comparaisons avec les données de 2016, et savoir la langue parlée à la maison : anglais ou français. »

40 000

En 2017 et les années suivantes, le Canada a continué à accueillir des réfugiés syriens pour répondre à la crise humanitaire qui sévit dans leur pays, une des pires de l’histoire moderne. En tout, près de 40 000 Syriens, en provenance du Liban, de Jordanie ou de Turquie, ont trouvé refuge au pays depuis quatre ans.

Jeux de la Francophonie à Sherbrooke

Une facture de 84 millions

Le gouvernement Legault et Ottawa vont s’entendre sur le financement des Jeux de la Francophonie à Sherbrooke. Selon Québec, il en coûtera 74 millions pour que les Jeux se tiennent à Sherbrooke, une facture qui ne tient pas compte de 10 millions de frais pour que la Sûreté du Québec assure la sécurité de l’événement.

À Ottawa, on fait savoir que le fédéral est prêt à payer la moitié de la facture – à Québec, on craignait qu’Ottawa limite son financement. La sous-ministre fédérale Kirsty Duncan a confirmé cette décision. Si la candidature de Sherbrooke est retenue, « nous égalerons dollar pour dollar la contribution provinciale et municipale, comme nous l’avons toujours fait », a-t-elle dit. Reste à voir si les deux gouvernements s’entendront sur l’évaluation des coûts faite par Québec jusqu’ici.

Aujourd’hui, la ministre fédérale Mélanie Joly, responsable de la Francophonie, rencontre à Québec Isabelle Charest, titulaire des Sports dans le gouvernement Legault. La candidature de Moncton-Dieppe, au Nouveau-Brunswick, avait été retirée en décembre par le gouvernement conservateur de Blaine Higgs. Les Jeux, estimés à 19 millions dans un premier temps, risquaient de coûter 130 millions, selon Fredericton.

Les ministres du gouvernement Legault doivent aussi discuter aujourd’hui du dossier, qui nécessite une décision rapide. Une note a été préparée pour eux, on n’est pas rendu à un mémoire en bonne et due forme. Demain, à Paris, le comité organisateur des Jeux se réunit pour discuter des solutions de rechange à Moncton, mais aucune décision ne tombera cette semaine.

La contribution d’Ottawa essentielle

Après le désistement de Moncton pour les Jeux de la Francophonie prévus en 2021, Sherbrooke et Winnipeg ont montré leur intérêt pour l’accueil les Jeux qui, selon la règle de l’alternance, doivent se tenir dans un pays « du Nord ». Nadine Girault, la ministre des Relations internationales, a rencontré lundi le maire de Sherbrooke, Steve Lussier.

À partir des attentes de la Ville en termes d’équipement, les ministères québécois ont été amenés à établir les coûts prévisibles pour la tenue de l’événement. Or la facture atteindrait 74 millions, sans compter les 10 millions nécessaires pour assurer la sécurité, une facture de la Sûreté du Québec. La Ville de Sherbrooke a débloqué seulement 5,5 millions pour la tenue de cet événement.

Des sources à Québec préviennent que le gouvernement Legault ne pourrait pas donner le feu vert si Ottawa ne contribue pas suffisamment.

Car les règles fédérales sont ambiguës, fait-on valoir. D’une part, on y assure que le fédéral paierait 50 % de la facture, mais les mêmes normes prévoient aussi qu’Ottawa ne peut verser plus de 35 % des fonds publics injectés dans un événement sportif.

Cette directive aurait fait en sorte que la part d’Ottawa soit de 26 millions, 10 millions de moins que la part du Québec, avant même qu’on tienne compte des frais de sécurité.

Évaluations en santé mentale

Les psychologues veulent contribuer à réduire l’attente

Alors que l’attente pour obtenir une évaluation en santé mentale est dénoncée dans certaines régions de la province, l’Ordre des psychologues du Québec demande que les psychologues du réseau jouent un rôle accru dans la réduction des listes d’attente.

« En 2019, c’est inadmissible de devoir attendre des mois avant de savoir de quoi on souffre et de recevoir un traitement », dénonce la présidente de l’Ordre, la Dre Christine Grou, psychologue.

Hier, La Presse a révélé que l’absence du seul psychiatre chargé de faire des évaluations en santé mentale dans deux CLSC de l’est de Montréal entraînait une augmentation monstre des listes d’attente sur ce territoire.

Pour Mme Grou, il est pour le moins « étonnant » que l’évaluation de l’état de santé mentale des patients doive passer par un psychiatre alors que, depuis 2012, la loi reconnaît aux psychologues la capacité d’effectuer ces évaluations. « L’évaluation des troubles mentaux est maintenant réservée aux médecins et aux psychologues », note la Christine Grou.

Elle rappelle que le Québec compte un peu plus de 8700 psychologues, soit « le plus grand ratio de psychologues per capita en Amérique du Nord ». De ce nombre, 2200 travaillent dans le réseau public de santé. Principalement en milieu hospitalier, selon la psychologue Christine Grou.

« Plutôt que de chercher à remplacer les psychiatres par d’autres psychiatres, pourquoi ne pas regarder aussi du côté des psychologues ? Il y a des psychologues disponibles. Il faut aller les chercher pour enlever les listes d’attente », plaide Mme Grou, qui estime que « ça prend une volonté politique de réorganiser les choses ».

« Les solutions existent déjà »

Depuis des semaines, différents cas de patients ayant de la difficulté à obtenir des soins en santé mentale dans le réseau de la santé ont fait les manchettes. Pour Christine Grou, cette situation est inacceptable. « Les solutions existent déjà. Je ne comprends pas qu’on ne les mette pas en place […]. Il faut redéployer les psychologues dans les CLSC et les groupes de médecine de famille », dit-elle.

Mme Grou rappelle que les problèmes de santé mentale comme la dépression et les troubles anxieux sont « l’une des premières causes d’absentéisme au travail » et l’une des « premières causes d’hospitalisation chez les jeunes », et que la situation ne doit pas être prise à la légère.

Grève pour le climat

Plus d’un millier d’enseignants appuient les élèves et les étudiants

Les élèves et les étudiants qui feront la grève pour le climat reçoivent un appui significatif : celui de leurs enseignants et professeurs.

Le collectif des Profs pour la planète, constitué la fin de semaine dernière, a lancé une pétition en ce sens.

Elle comptait plus de 1200 signatures au moment d’écrire ces lignes, hier soir.

L’objectif est d’envoyer un « message clair » de soutien aux étudiants qui s’apprêtent à débrayer et manifester pour le climat, a expliqué à La Presse l’instigatrice du mouvement, Violaine Brisebois-Lavoie, enseignante au collège de Bois-de-Boulogne.

Vendredi, le mouvement La Planète s’invite à l’université a annoncé qu’un nombre croissant d’étudiants et de cégépiens rejoignent ses rangs avec l’intention de participer à la grève étudiante mondiale pour le climat du 15 mars prochain, ainsi qu’au mouvement Earth Strike, qui prévoit un débrayage international le 27 septembre.

L’appel à la mobilisation est aussi lancé aux élèves du secondaire.

Les enseignants et professeurs ne feront pas eux-mêmes la grève, explique Violaine Brisebois-Lavoie, mais leur soutien se veut plus que symbolique.

« Que nos établissements soient des écoles mortes en ces jours de grève, à l’image de ce qu’ils seront si l’espoir disparaît des perspectives d’avenir de nos élèves », affirme le libellé de la pétition, qui s’inspire de l’« appel des enseignant.e.s pour la planète » lancé en France.

Printemps « historique »

La mobilisation des étudiants, mais aussi de « gens qui ne sont pas forcément des militants à la base », fait dire à Violaine Brisebois-Lavoie que les prochains mois pourraient être mouvementés au Québec.

« J’ai vraiment l’impression qu’il y a quelque chose qui est en train de se passer, dit-elle. Je crois qu’il va y avoir énormément de marches, de mouvements citoyens. »

« Le printemps 2019 doit être historique », affirme d’ailleurs la déclaration des Profs pour la planète, qui appelle également le personnel de soutien et le personnel administratif des établissements d’enseignement à soutenir les grèves étudiantes pour le climat.

« Notre but principal, c’est que le gouvernement change de cap » en matière d’environnement et apporte des « changements profonds », résume Violaine Brisebois-Lavoie.

« Mon feeling, c’est que ce gouvernement est à l’écoute de la population et qu’il va falloir être assez nombreux et assez convaincants pour qu’il le soit à propos de l’environnement. »

Rémunération des stages

Les étudiants lancent une campagne de mobilisation

Des étudiants ont manifesté hier devant les bureaux du ministère de l’Éducation à Montréal pour dénoncer les conditions dans lesquelles les stages étudiants se déroulent et la précarité dans laquelle vivent certains étudiants. La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’Union étudiante du Québec (UEQ), qui représentent des étudiants des cégeps et universités, demandent depuis plusieurs années une compensation financière pour les stages que doivent réaliser de nombreux étudiants dans le cadre de leur formation. « On sent un ras-le-bol et on veut envoyer un message clair au ministre, soit qu’il est nécessaire de trouver des solutions sur la compensation et de le faire pour le prochain budget », dit Guillaume Lecorps, président de l’Union étudiante du Québec. Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a d’ores et déjà promis de se pencher sur la question au cours des prochains mois.

— Marie-Eve Morasse, La Presse

Rectificatif

François Huot

La photo qui accompagnait la chronique d’Yves Boisvert publiée hier montrait Me Jean-François Côté plutôt que le juge François Huot, dont le nom apparaissait dans la légende. Voici ci-dessous une photo du juge Huot. Nos excuses.

Précision

Fondation Monbourquette

Dans un article sur le lancement de la Chaire Jean-Monbourquette sur le soutien social aux personnes endeuillées, hier, nous avons écrit hier que la Fondation Monbourquette offre gratuitement des services et de l’accompagnement aux personnes vivant un deuil. C’est inexact. La Fondation se consacre plutôt à la recherche de financement afin de poursuivre l’œuvre de Jean Monbourquette auprès des endeuillés, notamment avec la création de la Chaire. Par ailleurs, Gérard Veilleux et Lisette Jean auraient dû être présentés comme les instigateurs de la Chaire, pas comme des donateurs. Nos excuses.

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