PARCOURS INTRAPRENEURIAL

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Depuis quatre ans, Nicolas Blaquière travaille pour Drakkar et Associés, entreprise que son père a cofondée en 1991. Une expérience professionnelle de choix pour cet étudiant en gestion des affaires de 22 ans. Et une joie pour le paternel Michel, qui se défend toutefois d’imposer un tel emploi à son fils. 

« Il n’a pas d’obligations, je n’ai pas d’attentes, soutient le président de l’entreprise en recrutement spécialisé. J’ai toujours laissé mes deux fils complètement libres. Mon rôle de père est de mettre la table et de créer des opportunités. Ils sont libres de faire ce qu’ils veulent. »

« Je rêve d’être toujours au sein de l’entreprise à la fin de mes études. Mais on ne sait jamais ce qui peut arriver. »

— Nicolas Blaquière

Si Drakkar a assuré ses arrières, notamment grâce à un solide plan de relève impliquant des cadres de l’entreprise, la situation diffère pour bon nombre de PME et autres sociétés. « Or, on ne peut travailler 25 ans dans une entreprise et la fermer, estime Michel Blaquière. Des employés comptent sur nous et ont besoin d’une paye. Il faut penser à la relève. »

« Mais la génération qui monte a assez peu d’appétit pour reprendre l’entreprise familiale », constate Olivier de Richoufftz, président de la Fondation des familles entrepreneuriales.

Le peu d’intérêt pour les affaires traditionnelles et la mince envie de retourner en région sont notamment pointés du doigt. « L’élève a goûté à l’international et aux nouvelles technologies, résume Olivier de Richoufftz. Et il n’y a pas eu cette transition dans les esprits. »

L'AVENIR, C'EST MAINTENANT

Pour faire jaillir un dialogue intergénérationnel et mettre la table pour l’avenir, la Fondation a mis sur pied le Parcours intrapreneurial, en collaboration avec la Caisse de dépôt et placement du Québec. 

Une première cohorte de 15 duos d’intrapreneurs et marraines-parrains (souvent un parent-patron avec son enfant) a entamé un cheminement de 14 semaines afin de créer un projet d’affaires qui a comme appui l’entreprise existante. Et les Blaquière en font partie. 

« Le Parcours n’a pas comme but de montrer comment prendre la relève ; de telles formations existent déjà. Mais plutôt de créer des spin-offs de l’entreprise mère. En développant de nouvelles initiatives intrapreneuriales, les entreprises familiales participent à la croissance du PIB. »

— Olivier de Richoufftz, président de la Fondation des familles entrepreneuriales

Et ce, en plus de contribuer à la croissance de l’intérêt de la deuxième génération envers l’entreprise qu’on pourra reprendre tant comme actionnaires que comme dirigeants actifs. 

« Vient un moment où la deuxième génération doit se sentir investie et que la première lui dise qu’elle a confiance en elle, mentionne Olivier de Richoufftz. La faiblesse des communications est un handicap. Il faut parler ouvertement d’argent, de performance, de valeurs, de ce qui est douloureux. En 14 semaines, on veut créer le désir de continuer ensemble et de savoir ce que veut l’autre. »

Pour le moment, deux Parcours sont prévus annuellement, au coût d’inscription de 8000 $ par duo.

Si Nicolas et Michel Blaquière s’accordaient déjà des rendez-vous hebdomadaires pour discuter des priorités de Drakkar, pourquoi sentaient-ils le besoin de s’inscrire au Parcours ? « Car il permet de créer de la valeur avec de nouveaux projets à l’intérieur de l’entreprise », répond Nicolas Blaquière.

« Il y a cette ouverture d’esprit à l’innovation qui est mise de l’avant, ajoute Michel Blaquière. L’idée d’écrire mon avenir m’a animé. Je vois des gens qui travaillent d’arrache-pied et qui n’ont pas pris le temps d’organiser ni de préparer la relève. C’est un enjeu majeur et ils risquent de frapper un mur, car ils ne sont pas mentalement prêts. Il faut sensibiliser les gestionnaires, être conscients qu’on n’est pas éternels et s’ouvrir à la jeunesse. Comme Nicolas est très intéressé, il faut entretenir cette passion. »

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