La santé autrement

Le réseau social favorise la longévité

Pause vous suggère chaque semaine un truc pratique à appliquer pour une meilleure santé au quotidien.

Quels sont les secrets de la longévité des habitants d’Okinawa, au Japon ? Certes, il y a l’alimentation, l’hérédité et l’activité physique, mais il y a aussi un autre élément, moins connu : la force du réseau social. Les gens qui entretiennent leur réseau social ont tendance à recevoir plus souvent et, donc, à mieux manger. De plus, entretenir ses relations amicales et familiales permet de préserver le déclin de la cognition tout en étant un gage de bonne santé mentale. « Les gens qui sont déprimés ont tendance à s’isoler, note Manon Tessier, ostéopathe et directrice de l’école des Hautes études spécialisées en thérapie manuelle. Bâtir et entretenir une relation avec des personnes ayant une vision de la vie positive produira en vous le même effet qu’une thérapie. »

— Catherine Handfield, La Presse

LECTURE

Ces mythes qui nous nuisent

Grâce à l’internet, nous n’avons jamais été aussi informés sur les problèmes relatifs à la santé. Mais le sommes-nous bien ? La médecin Alexandra Dalu a souhaité remettre les pendules à l’heure avec Vivre en santé, un livre dans lequel elle aborde 100 idées reçues qui sont autant d’obstacles à notre mieux-être, selon elle.

Pourquoi ce livre et pourquoi avoir choisi cette présentation ? Certains mythes abordés peuvent sembler évidents, bien qu’actuels…

Je pense que lorsque les gens ont accès à des explications simples, ils sont en mesure de mieux prendre en charge leur santé. J’ai voulu parler d’un peu tout et aborder toutes ces questions qu’on me pose en cabinet et dans mon entourage, sans faire de jugement et avec le plus d’objectivité possible. Comme les jeunes aiment lire rapidement, j’ai découpé l’information en 100 idées qui se lisent facilement et de manière indépendante.

C’est vraiment une synergie entre la médecine traditionnelle et les médecines douces, tout ce monde médical qui se serre les coudes afin de mieux aider les gens qui souffrent. J’espère d’ailleurs qu’on pourra tranquillement se diriger vers une médecine de la globalité.

Avec toutes ces informations qui circulent autour de la santé, sommes-nous mieux renseignés qu’avant ?

Je suis pour l’internet et le savoir partagé. Mais beaucoup de gens abordent aujourd’hui la santé sans toujours savoir de quoi ils parlent. Il faut se rappeler que la santé, c’est personnel. Notre propre maladie n’est peut-être pas vécue comme celle du voisin. Je vois certaines personnes qui se font peur en faisant des recherches, alors que le problème est tout autre. Il faut être raisonnable. Ces lectures peuvent aiguiller, mais évidemment, rien ne remplace une rencontre avec un médecin qui est là pour faire le tri et aider au mieux le patient.

Quels sont les mythes les plus pernicieux qui circulent présentement sur la Toile, selon vous ?

Je pense au sommeil, parce qu’on ne s’en sort pas. Il faut savoir qu’il y a des programmes génétiques de petits et de grands dormeurs. Or, iI y a cette croyance que lorsqu’on est fatigué, il faut se coucher tôt pour récupérer les heures perdues. C’est effectivement le cas si vous avez besoin de plusieurs heures de sommeil, mais si vous êtes un petit dormeur, ce n’est pas la chose à faire. Il faut, au contraire, se coucher tard, pour réajuster les cycles du sommeil sur une courte période et retrouver un rythme adapté à ses besoins.

Beaucoup de problèmes sont occasionnés par un mauvais sommeil. Si vous dormez mal, vous grossissez, vous êtes plus anxieux, vos émotions sont exacerbées et ça peut entraîner une dépression et des troubles de la concentration. Il y a tellement de conséquences négatives, que je pense qu’il est important de revoir certaines notions pour mieux cibler son rythme et le respecter.

On voit beaucoup d’informations circuler autour de l’alimentation. Est-ce aussi un domaine bien servi ?

Il est vrai qu’on croit souvent que le gras fait grossir, alors que c’est plutôt le sucre. Le bon gras est indispensable à la santé, alors que le sucre est à bannir ou, du moins, à réserver à de rares occasions. L’Organisation mondiale de la santé rappelle d’ailleurs que lorsqu’on dépasse 50 g de sucre par jour, on développe des troubles de la flore intestinale, on prend du poids et on accélère son vieillissement. C’est probablement le plus gros mythe qui persiste en alimentation.

Plusieurs courants alimentaires s’imposent avec une offre abondante de produits adaptés, le « sans-gluten », par exemple. Qu’en pensez-vous ?

Je crois que ce qu’il faut garder en tête, à la vue de toutes ces informations, c’est de ne pas verser dans des pensées extrêmes. Il faut faire une distinction entre les gens qui souffrent de la maladie cœliaque – qui est une intolérance totale au gluten et qui doit être détectée grâce à une batterie de tests – et ceux qui adhèrent à la mode du sans-gluten. Pour les premiers, un régime strict et compliqué est nécessaire. Cependant, beaucoup de gens se sentent mieux sans gluten parce qu’ils mangeaient beaucoup trop de produits de panification avant. C’est de la logique : si vous mangez tous les jours des pizzas, des sandwichs, des pâtes et que vous commencez subitement à mieux manger, vous vous sentirez forcément mieux. Vous n’aviez peut-être pas de problème avec le gluten, mais avec une alimentation peu équilibrée. La diversité dans l’alimentation est un gage de bonne santé.

Vous êtes spécialiste de la médecine anti-âge et esthétique. Y a-t-il une évolution dans ce domaine ?

C’est passionnant parce qu’on peut maintenant, grâce à des biomarqueurs sanguins, prévenir les gens de ce qui peut leur arriver. Un exemple tout simple : si plusieurs personnes dans votre famille ont des problèmes d’hypertension ou ont fait des crises cardiaques, vous êtes à risque de développer ces problèmes. Grâce aux avancées de la médecine, vous avez maintenant des solutions : vous pouvez privilégier une alimentation saine et une hygiène de vie adaptée à votre condition.

Lorsque ce sera plus accessible, les gens pourront agir afin de prévenir l’apparition de maladies. Le revers de la médaille est qu’il faut avoir des solutions, sinon c’est terrible pour la personne. Mais pour toutes les maladies cardiovasculaires, le diabète, les problèmes d’insuline et certaines maladies inflammatoires, il existe de vraies solutions.

Quels grands combats reste-t-il à mener en médecine, d’après vous ?

De nouveaux médicaments vont apparaître. Les cellules souches seront également intéressantes à garder à l’œil, en ce qui a trait à la peau, notamment. Elles permettront des greffes avec une meilleure cicatrisation et des souffrances moins grandes pour les grands brûlés.

Il y a aussi des performances à attendre du côté des maladies auto-immunes [la sclérose en plaques, certains types de diabète et la maladie de Crohn, par exemple] qui font vraiment souffrir et de l’alzheimer. On attend, des grands chercheurs, qu’ils trouvent des moyens d’améliorer, voire de faire disparaître ces maladies. En tant que médecin, on ne peut être qu’idéaliste, mais pas utopiste. On voit apparaître de belles éclaircies. Tout ça prendra sûrement du temps, mais on a parfois de belles surprises.

Vivre en santé : Ces fausses vérités qui nous font du mal

Alexandra Dalu

Éditions Édito

384 pages

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