CRITIQUE RESTO Boucher Double

Un petit jeune de Laval

Un « apportez votre vin » spécialisé dans les viandes vieillies qui a élu domicile entre un fournisseur de matériel pour vin maison et une fruiterie ? Ça ne s’invente pas. Ce bistro discret établi en janvier dans le quartier Sainte-Rose de Laval gagne à être découvert.

Le petit nouveau n’est pas si vert. Boucher Double est le plus récent projet de Georges Blais et Marc-André Paradis, déjà copropriétaires de plusieurs AVV (apportez votre vin) bien connus (Les Canailles, Smoking Vallée, Monsieur B, Dur à cuire).

Le local, avec ses hauts plafonds, ses photos noir et blanc et ses banquettes habillées de rouge, fait immédiatement oublier le centre commercial linéaire dans lequel il loge. Et malgré un parti pris carnivore clairement affiché, le menu est varié. En témoigne cette panna cotta au céleri-rave proposée comme entrée végétarienne lors d’une de nos visites. Servie en pavé, la préparation était un peu moins lisse et onctueuse que sa forme habituelle au dessert. La garniture de champignons, de céleri feuillu tranché mince et de millet croustillant donnait cependant beaucoup de relief à cette assiette pas banale.

Les poissons goûtés en entrée étaient très bien. L’omble en sashimi, accompagné d’une soupe froide de pois verts parfumée à la menthe et garnie de dés de concombre et de pousses de pois, est réjouissant de fraîcheur. Rien à redire non plus sur le maquereau grillé servi bien chaud, sinon qu’il mériterait un socle plus ergonomique. Ce poisson bien gras est posé sur d’épais morceaux de « pain focaccia » tartinés de divers pestos et tapenades. Quand vous essayez de couper ou de mordre dans l’un de ces édifices, les étages partent dans toutes les directions. Un support plus tendre rendrait l’expérience plus agréable.

Et les viandes ? Le bœuf vieilli à sec étant de plus en plus populaire, les amateurs ont des points de comparaison. Le contre-filet était bon et servi à la cuisson demandée, mais s’est révélé un peu moins tendre que la même coupe goûtée ailleurs récemment. Du côté des viandes non vieillies, même constat avec le foie de veau, dont la belle cuisson laissait espérer une chair plus tendre. Le tartare de bœuf était assaisonné à point et les côtes levées de sanglier étaient savoureuses, mais plusieurs extrémités sont arrivées noircies.

Certains détails, donc, mériteraient d’être retravaillés – comme cette purée de pommes de terre à l’ail rôti qui ne goûtait pas du tout l’ail.

Au dessert, le royal chocolat griotte était bien dense et vraiment chocolaté, mais son étage de mousse rose ne goûtait pratiquement rien et l’assemblage du gâteau était un peu approximatif. La tartelette coiffée d’une meringue parfaitement dorée flattait davantage l’œil et sa garniture de rhubarbe était délicieuse, mais sa crème pâtissière était grumeleuse.

Bref, des ajustements seraient bienvenus, mais rien qui soit insurmontable. Si une telle chose qu’un bistro de quartier est possible à Laval, ce Boucher Double est un bon candidat. On y retrouve la même qualité d’accueil et le même genre de menu, à la fois rassembleur et doté d’une personnalité propre, qui font tout le charme des services de proximité.

Boucher Double

5555, boulevard des Laurentides, Laval

450 937-7559

Consultez le site du restaurant : boucherdouble.com

NOTRE VERDICT

Prix

Entrées de 12 $ à 16 $, plats entre 22 $ et 35 $, desserts de 8 $ à 10 $.

Vin

Apportez le vôtre.

Service

Cordial et attentionné, y compris pour le vin.

Décor

Tout à fait dans le ton – coupes de boucherie dessinées à l’ardoise, frigo exposant le mûrissement des viandes, grandes photos de bovidés en noir et blanc.

On aime

Un AVV lavallois qui offre un menu bistro dans une ambiance jeune et sympathique.

On aime moins

Plusieurs petits ajustements pourraient faire une grande différence dans l’assiette.

On y retourne ?

Si on est dans les environs.

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