Critique

Au chaud sous le chapiteau

Cabaret Yam! Trois étoiles et demie

Tant pis pour la pluie drue qui tombait sur Montréal jeudi. Il faisait beau et chaud sous le chapiteau en ce soir de première du Cabaret Yam !, le tout nouveau spectacle hautement vitaminé des Productions Kalabanté, présenté sur le site de la TOHU dans le cadre du festival Montréal complètement cirque.

Comme toujours inspirée par les rythmes dansants de l’Afrique de l’Ouest, la troupe circassienne a choisi pour sa nouvelle création une formule cabaret où se mêlent joyeusement prouesses acrobatiques, danse, chant et musique.

Entouré de cinq acrobates et de trois musiciens, Yamoussa Bangoura, charismatique fondateur de Kalabanté, agit en maître de piste. Au son de sa kora, instrument à cordes traditionnel d’Afrique de l’Ouest, il convie les artistes à venir réchauffer la salle avec leurs performances tantôt poétiques, tantôt énergiques, mais toujours exécutées avec une bonne humeur contagieuse.

Trois acrobates multiplient les pirouettes au sol, entre danse traditionnelle africaine et breakdance. La jongleuse Bekka Rose fait virevolter les quilles avec sensualité. Et Sarah Louis-Jean achève l’opération séduction avec un numéro de boleadoras à couper le souffle. Elle fait claquer avec autorité (et beaucoup de dextérité) les boules de bois accrochées au bout de longues cordes. Souveraine, elle met au défi les musiciens de suivre son rythme endiablé. Une performance hypnotisante…

Quant à Yamoussa Bangoura, acrobate, danseur et musicien ayant travaillé avec plusieurs compagnies d’envergure (dont Cavalia et le Cirque Éloize), il veille sur ses troupes avec un regard bienveillant, saluant les bons coups des artistes et attisant les applaudissements du public. S’il se mêle parfois aux acrobaties du groupe (notamment pour un duo de jonglerie), il reste somme toute assez discret. Lorsqu’il délaisse sa kora à 21 cordes pour exécuter quelques pas de danse, le charme opère instantanément. Honnêtement, on aurait aimé le voir davantage prendre le centre de la scène…

Si tu peux marcher…

Les musiciens – un batteur, un saxophoniste, un guitariste et Yamoussa Bangoura à la kora – occupent aussi une place centrale dans le Cabaret Yam ! Leur musique se fait enivrante, puis mélancolique. Et lorsque les percussions africaines viennent s’ajouter, leur son assourdissant fait bondir les cœurs et donne envie de danser.

À preuve : cette petite fille bouclée dans la deuxième rangée, incapable de rester en place et complètement emportée par l’énergie festive qui se déployait sur scène. Avec ses pas de danse maladroits, mais ô combien joyeux, elle incarnait à merveille la devise de Kalabanté : « Si tu peux parler, tu peux chanter ; si tu peux marcher, tu peux danser. »

Cette petite spectatrice n’était pas la seule qui ait été subjuguée. Le public conquis ne se faisait pas prier pour battre des mains et entonner, sur les indications du maître de cérémonie, un chant en langue soussou.

Pas de doute : le party orchestré par Kalabanté est de ceux qui chassent les soucis (et la pluie). On en ressort le cœur léger, avec en tête, des musiques d’ailleurs qui gardent bien au chaud.

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