Opinion  Industrie agroalimentaire

Les enjeux de l’agriculture

Qui s’intéresse à l’agriculture en 2015 ? Sans le savoir, nous nous y intéressons tous.

Il y a des petites questions, comme d’où viennent ces légumes que nous consommons ? Et il y a de grandes questions, comme sommes-nous capables de nourrir la population grandissante sur la planète et pouvons-nous le faire tout en préservant l’environnement ?

Nous serons près de neuf milliards d’habitants sur la planète en 2040. Voici quelques éléments à mettre dans l’équation, en 2015 : 

– Les problèmes potentiels qui pourraient provenir des organismes génétiquement modifiés (OGM).

– L’augmentation du niveau de vie des pays émergents occasionne aussi son lot de changements et de questionnements. La croissance de la classe moyenne, dans des pays comme la Chine, implique une augmentation de la consommation de protéines animales, ce qui nous force à exposer les problèmes liés à une trop grande consommation de viande sur les ressources agricoles mondiales, alors que de plus grandes superficies de terres agricoles – déjà souvent au seuil de la surexploitation dans certaines régions du monde – sont nécessaires pour nourrir les gens.

– Du côté des pays riches, nous rencontrons également des problèmes de production et de consommation qui n’étaient pas envisageables il y a à peine une génération.

– L’accès à l’eau, qui était autrefois intimement lié aux pays les plus pauvres, est aujourd’hui une réalité à nos portes, tel que nous avons pu le voir en Californie. Les pays riches ne sont plus à l’abri de ces problèmes et les impacts économiques qui en découlent sont énormes.

– La population augmente, consomme davantage, demande des diètes de plus en plus variées, et ce, au plus faible coût possible.

Pouvons-nous tous nous nourrir, sans pourtant nuire à l’environnement ?

Les solutions à ces enjeux doivent être développées de concert avec tous les acteurs impliqués, incluant l’industrie agroalimentaire, les institutions de recherche en agriculture et en environnement, les agences de protection de l’environnement ainsi que les gouvernements. 

Les universités ont un rôle important à jouer dans ce processus, afin d’aider les gouvernements et l’industrie agricole à prendre des décisions basées sur des données scientifiques éprouvées et élaborer de véritables stratégies à long terme. Tant l’efficacité des méthodes de production agricole que les mesures devant être prises pour protéger l’environnement sont l’objet de recherches intensives dans les universités canadiennes possédant des facultés d’agriculture. Au Québec, ces recherches se concentrent à l’Université Laval et à l’Université McGill.

Le moteur de changement le plus efficace étant souvent financier, l’agroéconomie – ou l’économie agroalimentaire – représente un aspect important de la recherche en agriculture. Inclure les conséquences financières des dommages potentiels à l’environnement dans l’équation peut faire une grande différence et inciter les consommateurs à réévaluer leurs choix. Le calcul des coûts totaux des impacts environnementaux de l’agriculture représente donc une tâche critique, qui pourrait ultimement déterminer le futur des pratiques agricoles. L’utilisation efficiente des ressources agricoles est un autre outil stratégique important. Par la recherche et des initiatives créatives, nous serons capables d’augmenter l’activité agricole sous des climats moins favorables, en régions nordiques par exemple, et nous pourrons également maintenir des activités de production dans des régions où le climat est de plus en plus chaud et sec.

En conclusion, les universités ne produisent pas que des connaissances théoriques. Elles éduquent ceux qui traduiront ces connaissances en résultats tangibles, tant sur le terrain qu’à la ferme. Les universités sont donc ouvertes sur le monde, que ce soit en éduquant les populations autochtones, en intervenant dans les pays en voie de développement, ou encore en formant notre relève agricole et agroalimentaire locale. Nos jeunes s’intéressent à ces enjeux et mordent à pleines dents dans les innovations qui leur permettront de demeurer compétitifs dans un contexte de mondialisation des échanges commerciaux et qui leur donneront les outils nécessaires pour faire face à ces grands défis.

* Demain sera une journée portes ouvertes dans une centaine de fermes au Québec.

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