Bois d'œuvre

Encore possible d’en arriver à une entente

Québec — Trois ministres, le négociateur du Québec et une brochette de porte-parole de l’industrie, des municipalités et syndicaux : le gouvernement Couillard avait prévu une démonstration de force politique en réaction à la décision du département américain du Commerce.

Raymond Chrétien, ex-ambassadeur à Washington, négociateur du Québec

« J’ai passé sept ans de ma vie à Washington, j’y ai appris que les Américains sont durs en affaire et ne nous font jamais de cadeau. Je pense que l’administration américaine cherche des succès ces jours-ci. Pour elle, une bonne entente sur le bois d’œuvre serait très profitable. Le Canada a fait ses preuves en négociation, et j’ai bon espoir qu’on pourra en arriver à une entente. M. Trump est un dealmaker, M. Rusk aussi, il y a une possibilité de faire un deal avant la fin de l’année. » Avec des problèmes dans sa stratégie en santé, en matière fiscale et en commerce international, l’administration Trump a besoin d’une réussite dans un dossier, a résumé M. Chrétien.

Dominique Anglade,

ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation

« Cette décision est à la fois injustifiable et parfaitement déraisonnable », a-t-elle soutenu lors d’une conférence de presse réunissant une dizaine d’intervenants dans ce secteur. Québec « aura un programme accessible pour soutenir les 178 entreprises touchées par la décision du gouvernement américain. Une garantie de prêt qui pourra donner de l’oxygène à nos entreprises, les aider pour leurs liquidités pour les prochains mois. Une trentaine d’entreprises ont déjà pris contact avec le Ministère ». « Depuis 1982, jamais le Québec n’a perdu de litige devant les tribunaux. Nous avions dit que nous serions avec l’industrie dès le jour un. Nous y sommes. » Le gouvernement a réservé jusqu’à 300 millions pour fournir des garanties de prêt aux entreprises.

Luc Blanchette,

ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs

« Cette décision est déraisonnable et questionnable. Des entreprises touchées, beaucoup le seront de façon indirecte, mais le programme permettra de maintenir les camionneurs, l’industrie forestière, les équipementiers qui sont autour. C’est plus de 60 000 familles qui sont touchées par l’industrie forestière. »

Christine St-Pierre,

ministre des Relations internationales

« Nous appuyons la poursuite des discussions avec les États-Unis, on pense qu’une solution négociée peut être trouvée. Nous continuons de défendre l’accès à un marché ouvert pour les producteurs québécois, nous défendrons dans l’intervalle devant les instances américaines et internationales l’industrie québécoise touchée par le conflit. Les États-Unis sont notre principal partenaire commercial avec 71 % de nos exportations. »

André Tremblay,

PDG du Conseil de l’industrie forestière

« Le taux de taxe annoncé est déraisonnable et injustifié, une démonstration que les États-Unis ne veulent pas considérer le régime forestier. Le Québec devra faire valoir sa position dans le cadre du processus judiciaire qui nous a toujours été favorable. Cela risque de s’échelonner sur plusieurs années, nous aurons besoin de l’appui du gouvernement. » « Nous souhaitons également un soutien du gouvernement fédéral. La rétroactivité de la taxe touche principalement les producteurs du Québec, ils devront débourser dans les prochains jours entre 50 et 60 millions, et sans aide, ils seront incapables de le faire. »

Sylvain Roy,

critique du Parti québécois dans le domaine des forêts

« Après des mois à tergiverser, des mois d’inaction, après son échec à défendre les intérêts des travailleurs de la forêt auprès du gouvernement fédéral, après des mois à refuser de s’engager, le gouvernement du Québec annonce finalement un programme d’aide à l’industrie forestière. Essor [le véhicule d’Investissement Québec] sera-t-il vraiment efficace ? Il vise à soutenir des projets d’expansion et d’investissement […]. La dernière fois que le gouvernement libéral a mis en place un programme de garantie de prêt, Renfort en 2008, ce fut un cauchemar pour les entreprises. Elles n’arrivaient pas à se qualifier en raison de critères d’admissibilité trop restrictifs. »

Éric Lefebvre,

critique de la Coalition avenir Québec pour le développement régional

« Avec les déclarations du président américain sur la gestion de l’offre, sur l’ALENA, avec la surtaxe sur le bois d’œuvre, on a raison de s’inquiéter. Les négociations menées par Québec ne nous mènent nulle part. Aux États-Unis, c’est le président Donald Trump qui porte le dossier, pourquoi ce n’est pas Philippe Couillard ici ? M. Chrétien dit que M. Trump est un dealmaker, le premier ministre peut-il nous garantir qu’il est le dealmaker du Québec ? »

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