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Le prolongement de la ligne jaune du métro réclamé sur la Rive-Sud

À la faveur de la campagne électorale, la Rive-Sud réclame d’une seule voix que les questions de transport soient au cœur des engagements politiques. Lors d’une allocution devant la Chambre de commerce et d’industrie de la Rive-Sud, la mairesse de Longueuil Sylvie Parent a fait connaître les « aspirations » de la région en matière de transport compte tenu de sa forte croissance démographique et économique, à commencer par le prolongement « capital » et « urgent » de la ligne jaune du métro. D’autres projets ont aussi été évoqués, dont l’implantation d’un tramway relié au REM sur le boulevard Taschereau. — Kathleen Lévesque, La Presse

ANALYSE

La question de l’urne « ballotte »

Québec — Donald Trump était entré comme un bulldozer en campagne, promettant de construire un mur entre son pays et le Mexique. Devant un tel enjeu, les électeurs, naturellement, choisissent leur camp.

Rien de comparable dans l’actuelle campagne électorale, où les thèmes changent tous les deux jours. L’immigration, l’économie ? François Legault et Philippe Couillard se contredisent pour déterminer l’enjeu qui sera au centre du scrutin du 1er octobre. Bon indice que cette « question de l’urne » – la ballot question – n’est pas encore apparue.

Lundi, l’espace d’un point de presse, MM. Legault et Couillard semblaient s’entendre pour voir dans la question de l’immigration la source du clivage selon lequel les électeurs s’aligneront, choisiront leur camp le jour du vote. Unanimité bien éphémère. Quelques heures plus tard, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) reformulait l’enjeu central : « Est-ce que les Québécois veulent faire un autre quatre ans avec les libéraux ? Après 15 ans, est-ce qu’on n’a pas besoin d’essayer une nouvelle équipe ? C’est beaucoup plus ça, la question de l’urne. »

Philippe Couillard a lui aussi fait glisser le débat vers un enjeu moins explosif que l’immigration. « La véritable question, c’est l’économie. Parce que cette question sur les travailleurs venus d’ailleurs, c’est directement lié à l’avenir économique du Québec », a-t-il souligné. Si on se fie au récent sondage Léger, l’arrivée de la question identitaire a fait mal aux libéraux, mais n’a pas eu un effet très net sur la popularité de la CAQ. Le message est difficile à décoder ; le Parti libéral (PLQ) a perdu du terrain surtout chez les jeunes, or cet électorat est, présume-t-on, opposé aux débats sur l’immigration.

Politique de la division

Les Américains parlent de wedge politics (politique de la division), et suggèrent de lancer sur la table un enjeu tellement clivant que les électeurs iront voter alignés sur leur position. Mais les partis peuvent bien vouloir créer ces divisions les électeurs ne suivent pas toujours. En 2014, le Parti québécois (PQ) avait mis la table pour un vote sur la charte des valeurs de Bernard Drainville, mais l’apparition de Pierre Karl Péladeau, le poing en l’air aux côtés de Pauline Marois, a aussi amené la question nationale jusque dans les urnes.

En marge de ces wedges, les stratèges anglophones voient des hot buttons – des questions sensibles qui secouent l’électorat. 

Ainsi, en 2015, aux élections fédérales, la question du port du niqab avait été diviseuse – une femme voulait porter le voile dans une cérémonie de citoyenneté. Dans le débat des chefs, Justin Trudeau avait désamorcé la grenade de Stephen Harper en lui lançant que le caucus conservateur comptait plus d’hommes contre l’avortement qu’il y avait de femmes portant le niqab à Montréal. Comme Harper, Jean Chrétien avait déjà lancé un cocktail Molotov sur la campagne des adversaires ; en 1997, voyant que le chef conservateur Jean Charest récoltait beaucoup de sympathie au Québec, il avait déclaré en campagne qu’il ne respecterait pas un verdict de 50 % plus un à un référendum. La campagne de Charest est tombée en vrille parce que le chef libéral avait volontairement donné de l’oxygène au Bloc québécois.

En 2012, les libéraux de Jean Charest avaient préparé un plan pour utiliser à leur profit les manifestations étudiantes turbulentes. C’était la loi ou la loi de la rue. Mais avec des élections à la fin de l’été, exorciser les « black blocs » tombait carrément à plat. L’élection aura porté davantage sur l’intégrité et, comme celle-ci, sur le changement de gouvernement.

En 2007, l’Action démocratique du Québec avait joué à fond la carte de l’immigration, le PQ avait refusé de jouer dans ce film. Le soir du vote, Mario Dumont était devenu chef de l’opposition avec 41 circonscriptions. André Boisclair et le PQ avaient dû se contenter d’une humiliante troisième place.

Difficile au Québec

Les libéraux ne parviendront pas à faire de l’économie « la question de l’urne ». « Cela peut faire un clivage, mais dans la mesure où cela ne va pas bien », observe Sébastien Dallaire, patron de la firme de sondage Ipsos. « Je ne pense pas qu’au Québec la grogne soit aussi nette pour permettre l’apparition de telles cassures », poursuit-il.

Lors de l’élection ontarienne de 2014, le gouvernement libéral de Kathleen Wynne était en difficulté, coincé par la volonté de changement des électeurs. Mais en période de difficulté économique, le programme d’austérité des conservateurs, surtout leur promesse d’abolir 100 000 postes dans la fonction publique, avait coûté le pouvoir aux conservateurs de Tim Hudak. Jusqu’alors, les Tories ontariens étaient passés maîtres dans la stratégie de diviser le vote. Mike Harris promettait des baisses d’impôt dans des conférences de presse où, en fond de scène, les syndicats venaient protester.

Sur un autre plan, Robert Bourassa avait joué dans le même registre en 1989. Confronté à de lancinantes grèves des infirmières, il avait laissé tomber : « Qui gouverne au Québec ? »

Sondeur désormais à la retraite, Claude Gauthier, de CROP, juge qu’on exagère le poids de ces stratégies. Le nombre d’électeurs qui vont prendre leur décision sur une seule question reste très réduit, selon lui. 

« Les partis peuvent essayer de mettre une question au centre, mais finalement, les électeurs prennent un portrait d’ensemble avant d’inscrire leur choix. »

— Claude Gauthier, sondeur à la retraite

Des élections ont pu porter sur une question unique ; en 1988, la campagne fédérale avait porté sur le projet de libre-échange avec les États-Unis, porté par les conservateurs de Brian Mulroney. Même chose en 1962 : le libéral Jean Lesage avait déclenché un quasi-plébiscite avec des élections sur la nationalisation de l’électricité.

En 1976, le débat avait porté sur une foule d’enjeux, dont le projet souverainiste du parti de René Lévesque. Mais le 15 novembre, fraîchement élue, la regrettée Lise Payette était montée sur la scène avec un balai dans les mains. Sans le savoir, elle avait personnifié alors cette fameuse « question de l’urne » : le changement.

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