Portrait des années 90

CLAUDE LAMOTHE

Il n’y a probablement qu’un violoncelliste qui a eu droit à un vidéoclip à MusiquePlus : Claude Lamothe. À cause d’Eldorado, bien sûr, dans lequel il apparaissait dans son propre rôle, tout en offrant une trame sonore poignante qui soulignait le mal de vivre des personnages, en complète opposition à la musique pas mal plus heavy du groupe métal industriel Insurgent Inc. La popularité du film a beaucoup contribué au succès du premier album de Lamothe, Nu, que bien des jeunes ont alors acheté en se sentant soudainement très cultivés.

— Chantal Guy, La Presse

Portrait des années 90

LE PLATEAU ABORDABLE

En 1995, il était tout à fait possible de trouver de grands 5 1/2 à 300 $ par mois dans les plus belles rues du Plateau. C’est pourquoi tous les jeunes voulaient y habiter, contribuant de cette façon à transformer le quartier jusqu’à son embourgeoisement actuel. Dans Eldorado, même si les personnages vivent seuls avec peu de moyens, on ne peut pas dire qu’ils vivent dans des taudis minuscules. 

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LES TÉLÉPHONES FIXES

Dans le film, Henriette (Pascale Montpetit) se fait poser un lapin par Rita (Pascale Bussières), et lui laisse un message mécontent sur son répondeur à partir du téléphone d’une crèmerie. Des choses qui n’arrivent plus avec les téléphones cellulaires.

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LA GÉNÉRATION X

Au début des années 90, le cinéma s’intéressait aux enfants des baby-boomers, qui arrivaient à l’âge adulte. L’écrivain Douglas Coupland leur a donné définitivement un nom avec le livre Generation X, publié en 1991, mais l’appellation avait été forgée bien plus tôt par les journalistes Jane Deverson et Charles Hamblett en 1965. Elle désignait les enfants nés entre 1960 et 1980, et on ne peut pas dire qu’on les trouvait chanceux, avec leurs problèmes de chômage, le sida et la perte de repères traditionnels. Eldorado offrait une vision québécoise des X après les films américains Singles de Cameron Crowe (1992), Reality Bites de Ben Stiller (1994), ou la proposition anglo-canadienne de Denys Arcand, Love and Human Remains (1993).

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LE WALKMAN

L’ancêtre de l’iPod, beaucoup plus mécanique et moins pratique, dans lequel on insérait des cassettes audio dont les bandes finissaient inévitablement par se chiffonner comme un accordéon. Mais tout le monde en avait un.

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LA VIE AVANT L’INTERNET

Plus généralement, même si on se sentait jeune et cool en 1994, très peu de gens étaient « branchés ». D’ailleurs, Eldorado est le premier film québécois à avoir eu une page web pour sa promotion, sur laquelle on pouvait même communiquer avec le réalisateur et les comédiens ! Dans un reportage du Grand Journal sur le film, il avait fallu expliquer ce qu’était l’internet, « ce réseau informatique mondial », qui allait peut-être révolutionner le cinéma. Personne ne savait encore à quel point…

Portrait des années 90

LES RAVES 

Charles Binamé a filmé un authentique rave pour les besoins du film. Montréal avait rejoint d’autres grandes villes occidentales frappées de plein fouet par ce mouvement venu d’Europe, où des jeunes se rencontraient lors de fêtes improvisées et illégales dans des entrepôts ou autres lieux désaffectés, ce qui donnait du fil à retorde aux policiers. On y entendait de la musique techno ou de l’acid house, et une nouvelle drogue faisait son entrée, l’ecstasy, dont le nom résume bien le but recherché : danser pendant des heures jusqu’à la transe, et jusqu’à l’aube.

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LES FOUFOUNES ÉLECTRIQUES

Haut lieu de la culture underground et du punk, ce bar, qui offre aussi une galerie et une salle de spectacle, a ouvert ses portes en 1983. En 1991, un groupe alors peu connu, Nirvana, y a donné un show… Dans le film, Loulou (Macha Limonchik) y travaille comme serveuse et Lloyd (James Hyndman) la séduira pour une baise rapide dans les toilettes. Plusieurs fois menacé de fermeture, les Foufounes électriques tient toujours pignon sur la rue Sainte-Catherine.

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LE SIDA

La sexualité de la génération X a été marquée au fer rouge par une maladie incurable qui terrorisait tout le monde : le sida. Le condom est ainsi devenu l’article incontournable des gens « responsables ». Et les tests de MTS, terriblement angoissants après les rencontres d’un soir non protégées. C’est pourquoi, dans Eldorado, Lloyd et Loulou se rassurent au téléphone en se disant qu’ils sont « clean ».

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LES PATINS ROLLERBLADE

Il n’y avait rien de plus cool, au début des années 90, que de se promener avec ces patins à roulettes « nouveau genre », qu’on ne voit plus beaucoup dans les rues de nos jours, on ne sait trop pourquoi. Le moyen de transport privilégié de Rita (Pascale Bussières) dans Eldorado.

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