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L’éditorial de François Cardinal portant sur le seuil d’immigration, publié samedi, a suscité son lot de commentaires.

Un aperçu des textes et des courriels reçus.

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IMMIGRATION
Pour une capacité d’accueil à 1 % ?

L’éditorial de François Cardinal portant sur le seuil d’immigration, publié samedi, a suscité son lot de commentaires. Un aperçu des courriels reçu.

LISEZ « En prendre soin… sans en prendre moins »

Dans un débat émotif comme l’immigration, il est nécessaire de rationaliser les discussions autour des faits plutôt que des perceptions.

Le premier ministre Legault a pris position pour chiffrer notre capacité d’accueil actuelle à 40 000 nouveaux arrivants par année, mais sans fournir de données quant à notre capacité d’intégration. François Cardinal l’a relevé dans son éditorial de samedi dernier, et posait la question avec pertinence. Or, les données existent et remontent à 50 ans.

Il semblerait que la capacité d’accueil d’une société soit établie à 1 % de sa population. Il est temps d’en parler à nouveau.

Des seuils d’immigration qui datent de 50 ans

En 1968, lorsque Pierre Elliott Trudeau est devenu premier ministre du Canada, le pays a accueilli 183 974 nouveaux immigrants, soit l’équivalent de 1 % de sa population. Au fil des années, cette proportion est demeurée stable, sauf à l’occasion de réductions ponctuelles pour protéger la main-d’œuvre canadienne lors de récessions.

Ce pourcentage a par la suite représenté la politique officielle du Parti libéral du Canada : les cibles d’accueil annuelles étaient dorénavant fixées à 1 % de la population canadienne.

Ce chiffre a longtemps été considéré comme raisonnable pour assurer une croissance soutenue de la population, tout en ne diluant pas les fondements du tissu social canadien. 

Cette cible avait aussi pour but de faire face aux défis démographiques canadiens anticipés, défis qui demeurent entiers aujourd’hui, particulièrement devant un taux de natalité qui se maintient à 1,6 enfant par femme canadienne.

Le gouvernement fédéral souhaite rattraper un certain retard

Contrairement au Québec, la tendance fédérale historique n’est pas de réduire les niveaux d’immigration, mais plutôt de les stabiliser ou de les augmenter. D’ailleurs, en novembre 2017, le ministre de l’Immigration Ahmed Hussen a surpris les observateurs en n’annonçant pas les objectifs d’immigration sur la seule prochaine année, mais plutôt sur une période de trois ans, une première dans ma mémoire d’avocat de plus de 25 ans dans le métier. Le Canada prévoit ainsi accueillir 340 000 nouveaux immigrants en 2020. La population canadienne atteignant maintenant presque 37 millions d’habitants, l’objectif 2020 fixerait le taux à 0,9 %, rejoignant presque le seuil de 1 %.

Le mois dernier, le Conseil multiculturel du Nouveau-Brunswick, reconnaissant le défi démographique de la main-d’œuvre, a recommandé de doubler les niveaux d’immigration pour atteindre 1 % de la population de la province.

Force est de remarquer qu’il se dégage un consensus autour de cette donnée objective de 1 % pour fixer des seuils d’immigration ; ce consensus porterait ses fruits jusque dans l’intégration.

Simplement illustré, un seul nouvel immigrant dans un village de 1000 personnes s’intégrera beaucoup plus rapidement que 100 arrivants d’un seul coup.

La fixation des seuils d’immigration en chiffres absolus est une erreur

L’immigration doit fonctionner de concert avec l’intégration. Ainsi, l’analyse de l’immigration en chiffres absolus est courte : les seuils doivent toujours être considérés comme en lien avec la taille d’une population donnée. Si le Canada peut recevoir beaucoup plus d’immigrants aujourd’hui, c’est parce que sa population a augmenté de plus de 50 % au cours des 30 dernières années.

La règle du 1 % au Québec

La population du Québec en 2017 était de 8,4 millions, et la province a accueilli 52 388 immigrants permanents, ce qui représente seulement 0,6 % de sa population. Selon l’Institut de la statistique du Québec, la province projette d’avoir une population de 8,7 millions en 2021. Si elle stabilise son immigration à 40 000 nouveaux immigrants, elle tomberait alors à un taux d’accueil de 0,46 % de sa population.

Aussi, le seuil du 1 % au fédéral est-il même applicable dans une province ? Dans une métropole comme Montréal, qui a accueilli 1,7 % d’immigrants au sein de sa population en 2017 ? La question est extrêmement pertinente et mérite toute notre attention.

Bien sûr, s’il s’agit d’un choix de société, c’est tout à fait acceptable dans la mesure où la population a également fait ce choix en ayant entre les mains toutes les données comparatives et est consciente que, proportionnellement, elle a choisi de reculer dans sa capacité d’accueil. Mais cette discussion objective et factuelle n’a pas encore eu lieu.

Dans un débat aussi émotif que l’immigration, assurons-nous d’avoir les bons outils et les bonnes données pour développer cette discussion à la hauteur de nos objectifs de croissance économique et sociale. Accueillir annuellement 1 % de notre population ne semble pas démesuré, et ce, depuis les 50 dernières années.

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IMMIGRATION
Gouverner en se basant sur un sondage ?

Monsieur Legault, en vous basant sur un sondage (sur ce que pensent les Québécois !) pour décider de diminuer le seuil d’immigration à 40 000 immigrants, vous faites preuve de populisme et vous manquez de vision, d’imagination et de courage.

Vous nous faites peur également. Pourtant, dans votre discours inaugural, vous disiez souhaiter que nous ayons plus de courage et que nous arrêtions d’avoir peur de la peur… 

Un gouvernement peut à l’occasion se baser sur l’opinion de la population pour orienter une politique gouvernementale, lorsque les enjeux sont simples et bien compris pour la plupart des gens. Ce n’est pas le cas pour le dossier complexe du seuil d’immigration.

En choisissant la voie des sondages, vous nivelez vers le bas le niveau des politiques publiques. 

Eussiez-vous eu davantage de vision, vous nous auriez alors expliqué que le Québec a besoin davantage d’immigrants pour combler des milliers d’emplois disponibles, créer de la richesse et payer des impôts pour payer nos services publics.

Vous auriez également examiné plus attentivement nos politiques d’accueil des immigrants et vous auriez probablement conclu que ce n’est pas un problème de quantité d’immigrants que nous connaissons, mais que le Québec n’investit pas suffisamment pour accueillir ceux-ci, que ce soit dans les cours de langue ou les mesures d’intégration au marché du travail et à la société québécoise. 

Je ne pense pas que monsieur et madame Tout-le-Monde ont toutes les connaissances nécessaires pour apprécier dans un sondage les orientations que devrait prendre le gouvernement du Québec en matière d’immigration. C’est le rôle d’un gouvernement éclairé, tant est qu’il le soit. 

Chaque fois que je vois un gouvernement se baser sur un sondage pour justifier son inaction ou son action, je me rappelle une citation d’Alfred Sauvy : « Le chiffre est un être délicat : torturez-le et il avouera tout ce que vous voulez. »

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Immigration et intégration

Enfin, nous avons un gouvernement qui sait faire la part des choses. Oui à l’immigration, mais avec le devoir d’intégrer les nouveaux arrivants à notre société afin qu’ils deviennent tous de fiers Québécois. 

— Laurent Tremblay

Mieux cibler

Montréal est devenu de plus en plus une ville où l’anglais va bientôt dominer grâce à l’afflux d’immigrants ne parlant pas français ! Je dis oui pour plus d’immigrants, mais bien ciblés et surtout dirigés et encadrés vers les régions.

— Jean Grenier

Quelques conseils

Je vous conseille d’aller visiter les écoles du Québec pour voir le peu d’aide qu’ont les enseignants pour les enfants qui arrivent en première année sans parler français, et encore moins leurs parents. Je vous conseille d’aller visiter les familles des nouveaux arrivants pour voir leurs besoins d’interprètes, de travail, de connaître les services offerts, de meubles. Je vous conseille d’aller voir dans les hôpitaux et les CLSC pour voir les grands besoins non seulement des immigrants, mais de la population en général. Enfin, je vous conseille d’aller visiter les organismes et les personnes qui viennent en aide à ces nouveaux arrivants pour voir le travail à faire pour bien les accueillir.

— Diane Grandmaitre

Une force

Entièrement d’accord avec M. Cardinal. Les immigrants font la force de notre pays. On en est tous, d’ailleurs !

— Geoffrey Edwards

Un manque d’honnêteté

Les inquiétudes d’une partie de la population québécoise vont perdurer tant et aussi longtemps qu’elles seront alimentées par un gouvernement fermé et peureux. Rappelons-nous, il n’y a pas si longtemps, la position de François Legault à l’effet de bannir le burkini ici au Québec. Il s’était ridiculisé en évoquant une situation non existante, et avait démontré une méfiance ciblée envers les personnes susceptibles d’adopter ce vêtement, et non envers le vêtement lui-même.

M. Legault manque d’honnêteté dans ses positions par rapport à l’immigration. Il ne cite pas les vraies raisons de sa position dans ce dossier. S’il le pouvait, il bannirait complètement l’entrée au pays de gens de confessions différentes.

— Nicole Lavoie

Le peuple ignoré

J’ai lu attentivement votre éditorial et, bien que vos propos soient documentés et valables, votre argumentation est méprisante envers ceux qui pensent qu’accueillir moins d’immigrants et en prendre soin est la bonne voie. Le choix politique de se fier à l’électorat et à ses perceptions est valable et respectueux de la démocratie. Le peuple en a ras le bol des experts qui se veulent les éducateurs de la majorité. Plus le peuple sera ignoré, plus nous nous dirigerons vers un gouvernement populiste. Soyons avertis.

— Louis Denis Pelletier

Le gros bon sens

M. Cardinal, la science n’a-t-elle pas aussi des limites ? Par chance, le gros bon sens existe, sans quoi la vie en communauté ne serait pas possible.

— Alain Jalbert

Un gouvernement a été élu

Je crois que le Canada devrait être sévère envers l’immigration illégale, où les faux réfugiés passent devant les vrais immigrants qui doivent attendre leur tour. Pour le nombre à accepter annuellement, eh bien, le nouveau gouvernement a fait des promesses, il a été élu, donc il est beaucoup trop tôt pour lui faire la leçon. 

— Aldo Ghirotto

Populisme outrageux

La raison première de cette décision est simple : le populisme outrageux de la CAQ. Je côtoie des proches qui ne peuvent même pas faire la différence entre un immigrant et un réfugié, et encore moins entre un hijab et un tchador… mais qui blâment haut et fort le manque de vision du gouvernement pour la pénurie de main-d’œuvre. Encore une fois, pauvres de nous !

— Roland Vidal

Est-ce cela que le Québec veut ?

Il est démontré qu’actuellement, la difficulté d’intégration ne se résume pas qu’à l’apprentissage de la langue, mais plutôt à en faire des chômeurs diplômés et des assistés sociaux dans beaucoup de cas. Qui ne connaît pas, parmi son entourage, un immigrant ayant des compétences professionnelles et qui a été obligé d’accepter des boulots médiocres pour survivre ? Est-ce cela que le Québec veut ? Alors, dites-moi pourquoi en accueillir plus si on ne peut en prendre soin correctement ? Parce que c’est politiquement plus acceptable pour l’élite bien pensante du 514 ?

— Michel Matte

Ce serait irresponsable

Justement, le problème est que les ressources disponibles ne suffisent plus à la tâche. Il manque cruellement de classes d’accueil et d’enseignants. On ne peut tout de même pas en créer du jour au lendemain d’un coup de baguette magique. Il y même une pénurie chronique de logements à Montréal. Et que dire du gouvernement fédéral, complètement débordé et dépassé par l’arrivée massive des réfugiés. On parle de plus en plus d’un délai de traitement pouvant aller jusqu’à six ans pour l’attribution d’un statut de réfugié au Canada. Dans ces conditions, pouvons-nous vraiment conclure que nous pouvons en prendre autant ou même plus ? Ce serait vraiment irresponsable de la part du gouvernement.

— Pierre Faucher

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