Élections provinciales Opinion

InnovatioN
De nouvelles stratégies sont nécessaires

L’industrie des technologies compte plus de 250 000 employés répartis dans tous les secteurs économiques du Québec et constitue le troisième bassin d’emplois en importance du secteur privé.

Le Québec est reconnu dans le monde comme un pôle de recherche et d’innovation en intelligence artificielle et en jeu vidéo. Même si les entreprises technologiques nationales contribuent considérablement à la prospérité et à la création de richesse du Québec, les politiques gouvernementales en matière d’innovation tendent à favoriser l’expansion de succursales étrangères plutôt que la croissance et la réussite de sociétés locales à l’échelle nationale et internationale. Depuis trop longtemps, les répercussions de ces politiques ont été négatives quant à la capacité de transformer les entreprises locales en des géants mondiaux.

Les mesures d’encouragement que les gouvernements ont offertes aux sociétés étrangères, les subventions salariales ou le crédit d’impôt pour des titres multimédias au Québec ont été conçus à l’époque pour stimuler l’économie et permettre la croissance de l’emploi promise par les entreprises étrangères. La Munk School of Global Affairs, dans une étude, indique que les politiciens annoncent souvent une soi-disant « création d’emplois » qui ne se concrétise pas toujours. En effet, les succursales étrangères aggravent une situation de pénurie de main-d’œuvre, créent une pression et une concurrence déloyales par des salaires financés par nos gouvernements, en plus de s’emparer de la propriété intellectuelle (PI) financée et développée par nos impôts, dans nos universités canadiennes.

Le Canada fait face à un problème de création et de rétention des talents, et c’est encore plus vrai dans le secteur du numérique.

Une étude récente menée par le Conseil des technologies de l’information et des communications indique qu’il n’y aura pas moins de 220 000 emplois à pourvoir dans le secteur des technologies d’ici 2020 au pays. Pour ce qui est du secteur technologique québécois, nous connaissons déjà le plein-emploi depuis 10 ans.

Malgré cela, nos élus, tant au Québec qu’ailleurs au pays, continuent d’investir temps, énergie et bénéfices politiques en vue d’attirer des multinationales technologiques étrangères, et ce, sans effectuer d’études pour démontrer les retombées et les conséquences de l’arrivée de celles-ci dans notre écosystème.

Ces grandes multinationales versent peu ou pas d’impôts à nos gouvernements. Les bénéfices qu’ils engrangent le sont à l’avantage de leurs sièges sociaux situés à l’étranger.

La création de richesse à l’échelle locale est pourtant primordiale. Les impôts sur le revenu que versent les entreprises d’ici servent à maintenir des acquis et à développer les programmes qui sont chers aux Québécois.

Sur le plan économique, la preuve est faite que les entreprises innovatrices à forte croissance contribuent plus à la richesse dont le Québec a besoin pour maintenir sa compétitivité économique et sa prospérité. L’ensemble des experts en innovation sont d’avis que les entreprises dont la croissance passe de profits se chiffrant à 100 millions de dollars à des profits se chiffrant en milliards et plus, fournissent le plus important retour sur l’investissement. Il est temps pour le Québec d’adopter une stratégie qui viserait le développement d’entreprises nationales et soutiendrait leur capacité concurrentielle et leur croissance sur le plan international.

Élections et vision politique

Les présentes élections au Québec et les élections fédérales à venir sont des occasions pour les innovateurs québécois de faire valoir la pertinence d’une vision politique et économique à la faveur de l’ensemble des Québécois et des Canadiens. Plus que jamais, il faut assurer l’égalité des chances pour les entreprises d’ici, soutenir la création de richesse nationale et tirer profit du bassin de talents numériques présents au pays pour permettre la transformation numérique nécessaire et urgente de l’ensemble des industries québécoises et canadiennes.

Quel que soit le verdict de la population québécoise le 1er octobre prochain, nous souhaitons que le parti au pouvoir collabore avec les innovateurs nationaux et avec le Conseil canadien des innovateurs en vue d’élaborer des stratégies économiques qui pallient les écarts rencontrés par les entrepreneurs en ce qui a trait à l’accès aux talents, aux clients et au capital.

Le prochain gouvernement du Québec comme celui du Canada doivent se pencher sur un enjeu essentiel pour notre richesse collective et démontrer un réel leadership sur ces questions ; il en va de la viabilité de notre économie.

* Signent également cette lettre : Dax Dasilva, fondateur président et chef de la direction de Lightspeed, et Frederic Lalonde, fondateur et président et chef de la direction de Hopper, également membres du Conseil canadien des innovateurs.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.