Huit conseils d’amies

Parce que les amis, c’est important, ça enrichit la vie et ça la rend plus douce et divertissante, Sanda Neshin Bernstein et Wendy Satin Rapaport, toutes deux psychologues cliniciennes, ont voulu ici faire partager ce que la vie et le métier leur avaient appris, sur l’art non seulement d’être un meilleur ami, mais, au final, d’avoir de meilleures relations en général. Huit mythes ou réalités pour faire le point.

Les amis, c’est bon pour la santé

Vrai

Les études à cet effet se suivent et se ressemblent, répondent-elles. Ce qui est intéressant, c’est que, même si vous mangez mal et ne faites pas suffisamment d’exercice, si vous entretenez de belles amitiés, vous aurez tendance à vivre plus longtemps, disent-elles. Comment est-ce possible ? « C’est parce que si vous êtes bien entouré, si quelque chose vous arrive, vous savez toujours que vous pouvez compter sur vos amis. Qu’ils vont être là émotivement et intellectuellement », rationalisent les expertes. En gros, les amis, par leur présence, leur oreille et leurs conseils, vont vous aider à réguler vos émotions. Bref, à réduire votre stress et, du coup, à améliorer votre bien-être !

Les amis s’entendent toujours sur tout

Faux

Non, les amis n’ont pas besoin de toujours s’entendre sur tout. En écrivant leur livre, les deux auteures ont d’ailleurs réalisé qu’elles avaient bien des différends. L’une est plus extravertie, l’autre nettement moins. Et c’est tant mieux, disent-elles, « sinon, on sauterait les deux du pont sans réfléchir ! » Le secret ? Savoir reconnaître les différences, les nommer, rester empathique, et au lieu de s’opposer en cas de conflit, tenter plutôt de comprendre l’avis de l’autre. Le pourquoi de l’avis de l’autre, surtout. En gros : « Je comprends ta vision de la vie, je vois d’où tu viens, j’ai de l’empathie, je saisis tes choix. C’est très différent d’être en accord à tout prix. » Mais c’est respectueux. Et c’est aussi là la clé.

Les vrais amis ne s’envient pas

Faux

Il est tout à fait possible de vivre des émotions plus « sombres » en amitié : de l’envie, de la jalousie, pourquoi pas même un brin de compétition ? Mais attention, nuancent les psychologues. Personne ne vit qu’une émotion à la fois. En amitié, généralement, la jalousie côtoie aussi l’amour et l’admiration. « J’envie ses talents, mais je l’aime et je l’admire, résument-elles. Ça ne veut pas dire que je ne suis pas un tout petit peu jalouse. » L’idée, ici, c’est de nommer les choses, et d’utiliser ces émotions négatives pour se pousser à agir. « Que ça vous motive à acquérir de nouvelles habiletés ! », suggèrent-elles.

Mieux vaut ne pas faire de suppositions avec les amis (ni dans la vie en général)

Vrai

Non, si votre amie ne vous rappelle pas, ce n’est pas forcément parce qu’elle vous trouve casse-pied avec vos histoires, mais peut-être tout simplement parce qu’elle est débordée avec les préparatifs de ses vacances, son nouveau-né ou le départ de ses grands enfants du foyer. Solution ? « Au lieu d’envisager le pire, vérifiez ! », disent-elles, en suggérant d’y mettre un soupçon d’empathie au passage. « Salut, je m’inquiète pour toi, tout va bien ? » Évidemment, reconnaissent les psychologues, ça a l’air tout simple comme ça, mais cela requiert en fait un grand travail sur soi. « Il s’agit d’être ouvert d’esprit et d’ouvrir son cœur, résument-elles. Bref, c’est un meilleur mode de vie ! »

Il est important de respecter ses limites

Vrai

« Très important », insistent les psychologues. Une nuance, toutefois. « Ces limites doivent être fermes et souples à la fois. » C’est en fait la base du travail de psy, qui se transpose ici en amitié : tout comme un psychologue ne peut pas se laisser abattre par les récits de ses patients, « si vous êtes extrêmement déprimé, la dernière chose que vous voulez, c’est de déprimer également votre ami ! » L’idée, disent-elles, est donc d’acquérir la force d’être empathique, sans non plus se laisser envahir par les émotions de l’autre. La clé : garder une saine distance.

Les vrais amis ne se critiquent pas

Faux

Oui, les amis peuvent prononcer des critiques, mais tout dépend de la manière, et surtout du moment. « L’idée, ça peut être de demander la permission, et surtout de formuler ça positivement. » Si, par exemple, vous trouvez que votre ami boit trop dernièrement, commencez par : « Toi qui prends si grand soin de ta santé, j’ai remarqué… » Il est important de savoir qu’il n’y a évidemment pas de recette universelle. Il faut toujours réfléchir avant d’agir, et remettre le tout dans son contexte, mettent-elles en garde : « Mon ami a-t-il vraiment besoin d’entendre ça, maintenant ? Qui je sers en le lui disant, lui ou moi ? »

Les amis pardonnent toujours

Vrai

Mais, contre toute attente, ce n’est pas pour l’autre qu’on pardonne, mais bien pour soi, nuancent les psychologues. « C’est quelque chose qu’on fait pour soi parce que ça nous fait nous sentir mieux, soulignent-elles. Avoir du ressentiment, c’est drainant. » Souvent, pour l’intérêt de tous, mieux vaut pardonner et aller de l’avant.

Les bons amis expriment leur gratitude

Vrai

Sans surprise, concluent les psychologues, c’est la base d’une vie heureuse : « apprécier ce que la vie a à offrir ! » En mettant des mots sur les émotions, on les ressent d’autant plus. « Si votre amitié vous fait sentir bien, apprécié, dites-le : je me sens aimé ! », conseillent-elles, se félicitant au passage d’avoir préservé, malgré toutes ces années, leur rendez-vous téléphonique hebdomadaire, « un acte conscient de gentillesse » ! En exprimant ainsi votre gratitude, vous vous sentirez encore mieux. « Et n’est-ce pas là le but ? »