EXCLUSIF

Les jeunes caquistes pressent Québec de se pencher sur les dangers des écrans

QUÉBEC — Comme les jeunes sont plus exposés que jamais aux tablettes, téléphones portables et autres écrans, Québec doit prendre des mesures rapidement pour éviter une cascade de problèmes de santé publique. Cet avertissement ne vient pas de l’opposition ou d’un groupe de médecins, mais bien de la Commission Relève (CRCAQ) du parti de François Legault. Un signal d’alarme auquel compte répondre le gouvernement caquiste.

Le Parti libéral a l’habitude d’être bousculé par des idées audacieuses, voire controversées, de sa commission jeunesse. La tradition est moins établie à la Coalition avenir Québec (CAQ). Mais le président des jeunes caquistes, Kevin Paquette, ne cache pas son intention de brasser la cage.

« On souhaite amener des idées qui sortent un peu des sentiers battus, qui ne sont pas discutées en ce moment au gouvernement, explique-t-il en entrevue. On va le faire dans une optique de pousser le gouvernement à réfléchir plus loin, plus à long terme, sans nécessairement que ce soit des mesures qui nous amènent à gagner les élections dans quatre ans. »

La Commission Relève de la CAQ tiendra son cinquième congrès annuel en août, le premier depuis la victoire électorale. M. Paquette, 22 ans, souhaite profiter de l’événement pour attirer l’attention du gouvernement Legault sur des enjeux qui touchent ses membres.

« On vise plutôt à améliorer les conditions de vie au Québec en 2030, 2040 ou 2050. C’est dans cette optique-là qu’on va amener nos propositions. »

— Kevin Paquette, président de la Commission Relève de la CAQ

Il cible en particulier les écrans et la constellation d’appareils numériques qui se retrouvent entre les mains des Québécois dès leur plus jeune âge. Un phénomène relativement nouveau qui engendre déjà son lot de problèmes : dépendance, sédentarité, isolement.

La science commence à prendre la mesure du phénomène, et l’État québécois doit en faire autant, dit M. Paquette. « Je ne crois pas qu’on soit conscients, en tant qu’État, de l’importance que ça va prendre et que ça a déjà dans la vie des jeunes. »

« Nous, les jeunes dans la vingtaine, on est probablement une des premières générations qui font face à ce problème-là, ajoute-t-il. Quand la majorité des élus du gouvernement, à Québec ou à Ottawa, sont des personnes dans la cinquantaine et la soixantaine, ce ne sont pas des enjeux qui les touchent nécessairement. »

Selon lui, c’est précisément le rôle de la CRCAQ de « lever la main » et de demander au gouvernement d’agir.

Kevin Paquette souhaite que la CAQ modifie son programme et propose des mesures qui permettront à la société de mieux composer avec l’essor du numérique.

Selon lui, la solution passe par l’école primaire et secondaire. Il souhaite voir le cursus scolaire bonifié pour améliorer l’éducation des jeunes aux risques de l’informatisation.

Les jeunes caquistes proposent aussi que Québec adopte un règlement pour mieux protéger les données personnelles qui sont échangées en ligne. Ils souhaitent que le gouvernement cherche à réduire les cas d’acouphène chez les jeunes, un problème causé par l’usage répandu des écouteurs. Ils souhaitent par ailleurs augmenter les services de soutien pour lutter contre la cyberdépendance.

Québec compte réagir

Le congrès de la CRCAQ aura lieu à la mi-août à l’Université Bishop’s, à Sherbrooke. Mais le gouvernement Legault a été mis au courant des orientations de la rencontre, et compte s’attaquer au problème rapidement.

« Le bien-être des enfants et des jeunes est au cœur des orientations de la CAQ depuis ses tout débuts, a indiqué dans une déclaration écrite le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant. Les problèmes d’anxiété, de cyberdépendance et d’estime de soi touchent énormément la nouvelle génération. »

Trouble de l'attention

Selon une étude publiée en avril par l’Université de l’Alberta, les enfants âgés de 5 ans qui passent plus de deux heures par jour devant un écran ont sept fois plus de risques d’avoir des symptômes du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) que ceux qui passent moins d’une demi-heure devant un écran. Ils sont également cinq fois plus susceptibles d’avoir des problèmes de comportement.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.