Chronique

Une autre chance pour Une autre histoire ?

Après 10 épisodes d’Une autre histoire à Radio-Canada, je me demande sérieusement s’il n’est pas temps de regarder une autre chaîne.

Les intrigues ne progressent plus. Est-ce qu’on pourrait régler le dossier du maudit fusil, que Caroline (Debbie Lynch-White) a retrouvé derrière un faux mur du placard de son appartement angoissant ?

Ce maudit fusil a même forcé le pauvre Ron (Vincent Graton) à s’autobrûler le bout des 10 doigts sur un poêle à bois, en plein été, dans une scène digne du film La petite Aurore, l’enfant martyre. Il craignait que la police relève ses empreintes sur l’arme.

Dans l’épisode relayé par Radio-Canada lundi soir, Ron arborait de belles catins aux deux mains. Sa femme contrôlante, Patricia (Marie Turgeon), lui a alors servi un 37e smoothie. Ça ne m’étonnerait pas que l’on découvre que cette Patricia dirige la pseudo-secte qu’elle fréquente. Quelle femme revêche et antipathique.

Règle générale, j’adore l’imagination fertile de l’auteure Chantal Cadieux, qu’elle a exploitée au maximum dans Mémoires vives. On dévorait avec plaisir ce téléroman qui assumait pleinement son côté savonneux.

Dans Une autre histoire, le ton est beaucoup trop sérieux, tout le temps. Comme si l’auteure se prenait la tête à deux mains pour nous convaincre de l’intensité des multiples drames qui se jouent en même temps.

Ça commence à ressembler à un gros fouillis, tout ça. Prenons l’exemple de la belle Karla (Marilou Morin), serveuse au café de Belleville. Lundi soir, pendant la diffusion du dixième épisode, plus personne ne se souvenait qui l’avait mise enceinte.

Était-ce le jeune papa Terry (Philippe Racine), qui l’a larguée par texto ? Peut-être. En parallèle, le demi-frère de Karla, Jean-Olivier (Adam Kosh), a admis avoir perpétré un hold-up dans un bar du Vieux-Montréal, le même endroit où a travaillé Karla, avons-nous déduit.

Se pourrait-il que Jean-Olivier ait agressé sexuellement sa demi-sœur et qu’elle porte maintenant son enfant ? Peut-être.

Une autre histoire s’éparpille entre la maladie d’Anémone (Marina Orsini), le deuil de son Claudio (Manuel Tadros), les recherches du bizarre Vincent (Sébastien Ricard), les turbulences de couple de Caroline et les problèmes de Sébastien (Benoît McGinnis) à la clinique dentaire. On ne sait plus trop ce qui a de l’importance ou non.

Et la Manon (Laurence Latreille) de l’époque ne partage pratiquement aucun trait commun avec l’Anémone (Marina Orsini) d’aujourd’hui. 

C’est difficile d’imaginer qu’une jeune femme rebelle aux mèches rouges, très rock’n’roll, puisse se transformer en embaumeuse qui danse sur des rythmes latinos en buvant du limoncello.

Aussi : ne trouvez-vous pas que Naëlle (Cynthia Trudel) a rapidement passé l’éponge sur l’adultère de son Simon (Mikhail Ahooja). OK, c’est pas grave, ne revois plus cette Laurence, d’accord ? Fin du chapitre.

Aux audimètres de Numeris, Une autre histoire (648 000) a été battu par L’échappée (960 000) de TVA.

On va se le dire : L’échappée est le nouveau Mémoires vives. Dans le téléroman de TVA, il y a des maniaques en liberté, des ados qui ont contracté la syphilis, une adolescente (probablement enceinte) prise dans une secte religieuse, une organisation secrète qui harcèle virtuellement des jeunes femmes, une salle de torture et des brûlures au sac magique.

Moi, pour des raisons que je ne peux justifier de façon rationnelle, ça me parle !

Encore plus d’En tout cas

La deuxième saison d’En tout cas a été vraiment plus charmante que la première. Et la finale de lundi a été adorable. Simon (Yan England) et Chloé (Anne-Élisabeth Bossé) sont revenus ensemble, tandis que Danielle (Guylaine Tremblay) a fêté son anniversaire entourée des gens qu’elle aime, même si c’était dans un hôtel d’aéroport très ordinaire.

C’est de bon augure pour la troisième saison, que développe actuellement la scénariste Rafaële Germain pour TVA. Les 10 épisodes d’En tout cas 2 ont été mieux ficelés, allégés de crises d’hystérie et bonifiés de moments de complicité.

On a beaucoup mieux senti la tendresse entre la mère et la fille, toujours en train de se disputer l’an dernier. Et on a mieux compris pourquoi Chloé et Danielle ne rompaient pas le lien les unissant : elles s’aiment vraiment.

L’autre duo mère-fille, Hélène (Diane Lavallée) et Alexandra (Laurence Leboeuf), a eu droit à plus de temps d’écran et leurs apparitions ont été savoureuses. Le personnage de Sophie (Sophie Desmarais), une caricature de la bien-pensance, m’a beaucoup fait rigoler. Et quand Fred (Mickaël Gouin) et Chloé se liguent contre leur maman, ça donne toujours des scènes épiques.

Bref, voici un exemple de comédie qui a joliment redressé la barre. Rajoutez la réalisation inventive de François Jaros et vous allez avoir de vieilles chansons italiennes dans la tête pendant des semaines.

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