industrie touristique

Début d’été « phénoménal » dans les hôtels montréalais

« C’est phénoménal comme début de saison estivale. Et l’année s’avère aussi très, très bonne jusqu’à maintenant », déclare d’emblée Bernard Chênevert, directeur général de l’hôtel InterContinental, dans le Vieux-Montréal.

M. Chênevert est aussi bien au fait des signes vitaux du secteur montréalais du tourisme à titre de président du conseil de l’Association des hôtels du grand Montréal, et de membre du conseil d’administration de Tourisme Montréal.

« Ce qui se démarque le plus dans les hôtels montréalais, cette année, c’est le net rebond du nombre de clients américains, après des années d’absence, dit-il. Ce qui est intéressant, aussi, c’est que ces Américains sont enclins à dépenser davantage avec leur dollar plus fort. »

Au Centre Infotouriste, situé au square Dominion, on observe également une forte croissance du nombre de visiteurs d’origine américaine. « Même avec des données encore incomplètes, je peux tout de même confirmer que nous constatons une hausse de près de 50 % des visiteurs américains pour le mois de juin au Centre Infotouriste », indique Guy Simard, directeur des communications chez Tourisme Québec.

« Nos préposés [à l’information] ont aussi constaté que la clientèle européenne poursuivait sa progression. Quant à la clientèle de visiteurs provenant du Canada [hors Québec] et de l’Asie, les données d’achalandage sont stables par rapport à l’an dernier », ajoute-t-il.

Aux principaux postes frontaliers au Québec, dont celui de l’aéroport Montréal-Trudeau, le nombre d’entrées de voyageurs étrangers atteint un sommet en cinq ans. Il s’est élevé à 2,28 millions en avril, mai et juin, soit 30 475 de plus que lors de la période comparable il y a un an. C’est 310 290 entrées de plus qu’il y a cinq ans, alors que les voisins américains peinaient à s’extirper de la « Grande Récession » engendrée par la crise financière et boursière de 2008-2009.

TAUX D’OCCUPATION EN HAUSSE

Pour les hôteliers montréalais, qui sont aux premières loges pour cerner la conjoncture touristique, le fort début de la saison d’été a un effet vivifiant sur leurs principaux résultats d’exploitation.

En juin seulement, le taux moyen d’occupation des hôtels montréalais a franchi le seuil des 90 %, en hausse de trois points par rapport à juin 2014. C’est le meilleur résultat depuis des années. À ce rythme, le taux d’occupation de toute l’année 2015 pourrait se situer autour de 73 %, le plus élevé en 15 ans de statistiques pour l’Association des hôtels du grand Montréal.

« La machine roule à plein, ces temps-ci, et dans toutes les catégories d’hôtels », confirme Ève Paré, PDG de l’Association des hôtels du grand Montréal.

Un tel achalandage se reflète évidemment dans les tarifs que peuvent demander les hôtels. De fait, à 211 $ en juin, le tarif moyen des chambres d’hôtel au centre-ville de Montréal a atteint un record historique, en hausse de 11 $, ou 5,5 %, par rapport au record précédent établi en juin 2014.

Il s’agit de la deuxième année de suite où on observe une hausse de plus de 5 % du tarif moyen en juin, soit un taux deux fois supérieur à l’inflation dans le secteur de la consommation.

Pour l’ensemble des hôtels du grand Montréal, ce qui comprend les établissements situés en banlieue et en périphérie, la hausse du tarif moyen par nuitée depuis le début de l’année – de l’ordre de 9 % – laisse présager une moyenne annuelle record autour des 160 $.

AVENIR PROMETTEUR

Pour Gilles Larivière, directeur du bureau montréalais de la firme-conseil Horwath HTL, spécialisée en hôtellerie et tourisme, cette hausse du tarif moyen était attendue après plusieurs années difficiles. Cette période creuse avait culminé il y a trois ans avec la fermeture successive de gros hôtels à Montréal et le retrait cumulatif de quelque 1500 chambres du marché.

« Il y avait alors un trop-plein dans le marché montréalais, constitué surtout d’établissements un peu “fatigués” par rapport à la concurrence, rappelle M. Larivière. Mais trois ans plus tard, ce redressement est terminé et l’hôtellerie montréalaise est dans une nouvelle phase d’expansion, avec l’ajout de nouveaux établissements de moindre taille (environ 150 chambres), mais qui peuvent s’adapter plus facilement aux besoins du marché. »

Combien de temps pourrait durer ce cycle favorable ?

De l’avis des professionnels du secteur consultés par La Presse Affaires, les deux prochaines années – 2016 et 2017 – s’annoncent encore très fructueuses pour le secteur hôtelier montréalais. Du moins, selon le calendrier connu des congrès d’envergure nationale ou internationale au Palais des congrès, ainsi que des grands événements culturels (festivals et spectacles d’envergure, 375e de Montréal) ou sportifs (Formule 1, compétitions d’importance, hockey).

« Pour 2018 et après, même si la conjoncture économique demeure favorable, nous avons encore du travail à faire parmi les intervenants du secteur touristique [pour garnir le calendrier d’événements], admet Bernard Chênevert. Néanmoins, j’ai bon espoir que nous parviendrons à maintenir une situation favorable. D’autant que les différentes organisations de promotion et de coordination du tourisme à Montréal ont une nouvelle génération de gestionnaires qui communiquent de façon cohérente. »

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