Centre Bell

Katy Perry plus grande que nature

Katy Perry a amorcé sa tournée mondiale Witness au Centre Bell, hier. La Californienne défendait son tout dernier album sorti en juin et avait annoncé un spectacle qui surpasserait tout ce qu’elle avait fait auparavant. Il ne s’agissait pas de promesses en l’air. La tournée a été retardée de 12 jours, pour des points techniques de production ; alors qu’elle annonçait le retard sur les réseaux sociaux, Perry disait espérer que l’attente en vaudrait la peine. Ç’a été le cas.

LE MEILLEUR COUP

Pour le Witness Tour, Katy Perry a tout fait en grand, en géant même. Un immense œil en guise d’écran derrière la scène faisait défiler la myriade d’images accompagnant une mise en scène saisissante. Difficile de garder le compte des changements de costumes des danseuses et de la chanteuse ou de la quantité de décors, élaborés jusqu’au moindre détail. Pour chaque chanson, un nouveau tableau. Du sol au plafond, le Centre Bell s’est transformé en une grande aire de jeu, le temps d’un concert. Une tête de lion géante pendant Roar, des marionnettes plus grandes que nature pour l’accompagner durant Chained to the Rhythm, des roses gigantesques plantées sur la scène en forme d’énorme larme, une immense main dans laquelle elle se tenait en interprétant Fireworks, et au moment d’entonner Bon appétit, une plante carnivore, géante elle aussi, qui a fini par avaler la chanteuse. Celle-ci nous en a mis plein les yeux. Le prix des billets, grimpant jusqu’à près de 300 $, s’explique lorsqu’on voit tout ce que la chanteuse a réservé à ses fans. Elle n’a pas lésiné sur les accessoires surdimensionnés, les dizaines de costumes, les confettis, les numéros de fumée et de lumière et, bien sûr, pour les dernières notes de Fireworks, la chanson de rappel, une superbe finale pyrotechnique.

LA BONNE IDÉE

L’interprète de 32 ans a misé sur ses plus grands succès pour séduire son public, hier. Une décision qui s’est avérée être la bonne, compte tenu de la réaction de la foule à ses nouvelles chansons. Katy Perry a eu du mal à entraîner ses fans au rythme de ses plus récentes compositions, mais le Centre Bell s’est levé chaque fois qu’un air familier débutait. L’album Witness est loin d’avoir eu les retombées escomptées, alors que Katy Perry avait figuré au sommet des classements pour ses trois opus précédents. Les populaires Chained to the Rhythm, Bon appétit et Swish Swish ont été les seules chansons récentes à convaincre le public de danser et de chanter en chœur. Le plus gros morceau du spectacle a été consacré à ses plus grands succès, entonnés les uns après les autres durant la première moitié du spectacle. Le public a été ravi d’entendre Teenage Dream, California Girls, I Kissed a Girl et même le succès d’il y a maintenant 10 ans Thinking of You, qui lui a permis d’afficher les prouesses dont sa voix est capable.

LES MOINS BONS COUPS

Le coloré et effervescent concert n’a pas été un sans-faute. D’abord, il y a eu le manque de réactions, malheureusement prévisible, à la majorité des plus récents titres de l’interprète. Le public ne connaissait pas les nouvelles chansons, et ne semblait pas venu pour ça. Puis, il y a eu aussi ce curieux moment où Perry a annoncé qu’elle allait appeler sa mère. Un (gigantesque) téléphone rose à la main, elle a conversé quelques minutes avec elle, et l’apport de ce moment au spectacle reste encore à déterminer. La foule s’est fait entendre pour que maman Perry sache à quel point Montréal est bruyant, mais finalement, il n’y avait rien de divertissant à cet interlude. On ne peut cependant pas reprocher à Katy Perry de n’avoir pas essayé d’innover dans chaque aspect de son numéro. Cette fois, l’idée n’était peut-être pas la meilleure.

L’AMBIANCE

Montréal aime Katy Perry. Le public du Centre Bell est toujours très réceptif et renvoie à ses artistes toute la passion qu’ils lui délivrent sur scène. La chanteuse a tout donné à ses fans hier, et ils le lui ont bien rendu, créant une atmosphère exaltée dans l’aréna. Les fans de la Californienne sont majoritairement très jeunes, beaucoup devaient assister à leur premier grand spectacle. Et c’est toute une performance qui leur a été offerte, créant probablement des souvenirs indélébiles pour beaucoup, dont une jeune fille de 11 ans que Perry a fait monter sur scène, le temps d’un vœu. Cette interaction avec ses fans – elle a plus tard disputé un match de basket avec un « père saoul » du public – a rendu l’expérience d’autant plus plaisante. Le spectacle a été chorégraphié au mouvement près. Katy Perry sait divertir, c’est indéniable. C’est ce qui a fait de son passage dans la métropole hier un lancement de tournée réussi, malgré le flop de son album. Elle se dirige maintenant vers les États-Unis, avant de revenir faire un tour au Québec pour une soirée dans la capitale, le 9 octobre.

PREMIÈRE PARTIE DÉCENTE, MAIS SANS PLUS

La jeune Noah Cyrus ouvrait le bal, hier, au Centre Bell. L’Américaine doit faire ses preuves pour ne plus être vue comme la sœur de l’autre, et à l’aube de la sortie de son premier opus, cette tournée est une occasion en or pour la jeune femme de 17 ans de montrer au monde de quoi elle est capable. Bonne nouvelle, Noah a le gène Cyrus, et ça s’entend. Le potentiel est là. Sur une moins bonne note, justement, elle a encore du chemin à faire pour parfaire sa voix et sa présence sur scène. Son interprétation de sa plus populaire chanson, Make Me (Cry), pour clôturer cette mise en appétit, a été le point fort de la demi-heure qu’aura duré son passage sur scène. Pour son premier vrai concert en carrière, la cadette du clan Cyrus n’a pas mal fait. Son registre n’est pas très large, ce qui a valu au public des reprises de la populaire Feel it Still, de Portugal, The Man et Million Reasons de Lady Gaga, des choix qui ont semblé lui plaire.

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