Griffintown

La Maison Keegan sauvée du pic des démolisseurs

La plus vieille résidence de Griffintown sera sauvée du pic des démolisseurs. La Maison Keegan, construite vers 1825, sera déménagée et entreposée temporairement avant d’être réintégrée à une nouvelle tour mixte de 14 étages.

Le promoteur Maître Carré vient de terminer son plan de mise en valeur de la maisonnette. Si son projet immobilier obtient le feu vert des autorités municipales en février, le groupe procédera au déménagement au début des travaux dès le mois de mai, a appris La Presse Affaires.

« La maison sera soulevée, ensuite placée sur une structure d’acier, et tranquillement on va la mettre sur un camion, a expliqué Hugo Girard-Beauchamp, président de Maître Carré. Elle sera ensuite clôturée sur un terrain tout près d’ici, qui nous est prêté par Devimco. »

Le trajet sera court : la maison sera déplacée de l’angle des rues de la Montagne et Wellington jusqu’à un terrain situé quelques centaines de mètres plus loin. Maître Carré devra s’entendre avec Hydro-Québec pour relever le niveau des fils électriques à deux intersections, afin de permettre le passage de ce convoi inhabituel.

Une fois le creusage de la nouvelle tour complété, la Maison Keegan sera déménagée de nouveau et intégrée au hall résidentiel. Sa structure est encore saine, mais d’importants travaux de restauration devront tout de même être effectués.

HÉRITAGE MONTRÉAL SATISFAIT

Dinu Bumbaru, directeur des politiques de l’organisme Héritage Montréal, se dit satisfait du sort réservé à la maisonnette. « C’est presque un morceau d’archéologie. C’est du patrimoine résidentiel très ancien », a-t-il souligné.

Héritage Montréal avait déjà demandé à la Ville d’accorder un statut patrimonial à la petite résidence en 1987, bien avant qu’un tsunami de tours de condos déferle sur Griffintown. Selon M. Bumbaru, le fait que la Maison Keegan soit intégrée au projet de Maître Carré constitue un « gain », même s’il émet au passage quelques réserves. « La maison ne sera pas plus accessible qu’avant, mais au moins elle sera préservée comme un artefact. »

Le nouveau projet de Maître Carré – appelé Brickfields, en l’honneur du nom que portait ce sous-secteur au XIXe siècle – devrait se démarquer grâce à son architecture « non linéaire », croit le promoteur Hugo Girard-Beauchamp. La tour comprendra un hall patrimonial, quatre étages de bureaux vitrés et neuf étages d’appartements.

Les 45 condos du projet se vendront en moyenne 410 $ du pied carré, avant les taxes et le stationnement. Les 20 000 pieds carrés de bureaux seront aussi offerts en vente, fait plutôt inusité à Montréal où la location est plus courante.

LA MAISON KEEGAN EN BREF

La plus vieille résidence de Griffintown, construite entre 1820 et 1830, n’en sera pas à son premier déménagement. Elle a été déplacée de la rue Murray à la rue de la Montagne vers 1865 par son propriétaire de l’époque, Andrew Keegan, professeur à l’Académie St-Patrick. La structure de la minuscule maison anglo-normande est en assez bon état, mais son intérieur est ravagé. « Il y avait des locataires qui ont fait un saccage épouvantable quand ils sont partis il y a deux ans », explique le promoteur Hugo Girard-Beauchamp, qui a racheté la propriété en 2012. La maison sera déménagée puis intégrée au nouveau projet immobilier de son entreprise. Les immeubles patrimoniaux voisins seront démolis puis reconstruits à l’identique. Le Horse Palace voisin, aussi propriété de Maître Carré, sera également restauré au cours des prochains mois. Il ne fait toutefois pas partie du projet Brickfields.

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