Étude sur la santé des tout-petits

Moins de maladies et de pauvreté, mais des retards dès la maternelle

Comment se portent les enfants québécois de 0 à 5 ans ? S’ils vont mieux physiquement, ils sont déjà nombreux à accuser des retards dès l’entrée à la maternelle, selon le portrait 2017 de l’Observatoire des tout-petits, qui se base sur diverses études et statistiques gouvernementales.

Comment vivent-ils ?

Selon les dernières données du recensement disponibles, 77,8 % des tout-petits vivent dans une famille intacte, composée de deux parents biologiques ou adoptifs. Un peu plus du quart des enfants n’a pas encore de frère ou de sœur à 5 ans. D’un point de vue économique, ça va mieux : en 2004, 18,5 % des tout-petits vivaient dans une famille à faible revenu, alors que cette proportion a chuté à 12,3 % en 2015.

Comment se portent-ils physiquement ?

De mieux en mieux. La plupart des maladies infectieuses évitables par la vaccination sont en diminution, malgré quelques éclosions d’oreillons et de rougeole depuis 2010. Les hospitalisations pour asthme sont en baisse chez les enfants de 0 à 4 ans et les taux de mortalité infantile et juvénile sont en diminution. La mauvaise nouvelle : le tiers des tout-petits sont à risque d’embonpoint, font de l’embonpoint ou sont carrément obèses. De 36 mois à 60 mois, les enfants consacrent en moyenne 278 minutes par jour à l’activité physique et 456 minutes à des activités sédentaires.

95 % 

Pourcentage des enfants de 1 an qui avaient reçu tous les vaccins recommandés en 2014

Et mentalement ?

« Très peu de données sont disponibles pour évaluer la santé mentale des tout-petits », peut-on lire dans le rapport. Vrai, les diagnostics tombent souvent un peu plus tard. On sait cependant que depuis 2000-2001, la proportion de tout-petits ayant un diagnostic de trouble mental a augmenté de manière significative, passant de 3,5 % à 4,8 % en 2015-2016. Entre ces mêmes années, la proportion d’enfants ayant reçu un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme est passée de 0,16 % à 0,82 %.

Les dents, ça va ?

Bien que les enfants aient droit à un examen dentaire gratuit tous les ans, seuls 30,5 % des enfants de 0 à 5 ans l’ont eu en 2016. Par ailleurs, 10,3 % des enfants de 3 à 5 ans ont reçu un traitement dentaire, que ce soit pour soigner une carie ou extraire une dent. Notons qu’au Canada, la première cause d’anesthésie générale chez l’enfant est la carie. Au Québec, bon an, mal an, 5600 enfants québécois (dans ce cas précis, il s’agit d’enfants de 0 à 18 ans) ont dû subir une anesthésie générale.

Être vulnérable à la maternelle

Selon une enquête sur le développement des enfants à la maternelle en 2012 menée par l’Institut de la statistique du Québec, 26 % des enfants québécois sont dits vulnérables, que ce soit en raison de problèmes de santé, de retards dans leur développement social, affectif, cognitif ou langagier ou en raison d’habiletés de communication ou de connaissances générales déficientes. La moitié de ces enfants était vulnérable dans un seul domaine de développement, l’autre moitié, dans plus d’un domaine. Les garçons sont plus à risque d’être vulnérables à leur entrée à la maternelle, de même que les enfants allophones, ceux vivant dans des quartiers défavorisés et les enfants qui n’ont pas fréquenté un service de garde éducatif avant la maternelle.

commentaires de deux experts

Plaidoyer pour l’accès aux CPE

« En santé publique, nous constatons que le modèle de service de garde qui attire les plus hauts standards, c’est le CPE. Or, les enfants qui en bénéficieraient le plus – ceux qui sont issus de milieux défavorisés – sont ceux qui les fréquentent le moins. Il serait souhaitable que l’on donne accès en priorité aux CPE aux enfants qui en ont le plus besoin. [...] On constate aussi que bien que l’on ait d’excellents services de santé, ils sont en nombre insuffisant, entre autres pour ce qui est des suivis de grossesse. »

— La Dre Catherine Dea, spécialiste en santé publique et en médecine préventive à la Direction de santé publique de Montréal

Repérer l’anxiété chez les tout-petits

« Si les troubles du spectre de l’autisme et les troubles de l’attention sont mieux connus – bien qu’il manque encore de ressources pour aider ces enfants –, on en sait encore trop peu sur l’anxiété et la dépression des tout-petits. Comme ces enfants-là ne dérangent pas [...], ils passent beaucoup sous le radar. [...] Ce que je trouve aussi préoccupant, c’est que le quart des enfants n’a pas la maturité nécessaire dans un domaine ou un autre à l’entrée à la maternelle. Il faudrait impérativement envoyer ces enfants dans un service de garde éducatif plus tôt. »

— Christa Japel, professeure au département d’éducation et formation spécialisées à l’UQAM

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