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Premier accident mortel causé par une voiture autonome

Une voiture autonome a fait une première victime, hier, en Arizona. Uber, qui exploitait le véhicule, a immédiatement annoncé la suspension des tests qu’elle mène à San Francisco, Phoenix, Pittsburgh et Toronto. Le point sur cette technologie.

Que s’est-il passé en Arizona ? 

L’accident s’est produit vers 22 h dimanche à Tempe, en banlieue de Phoenix. Une voiture autonome d’Uber n’a pu éviter une piétonne de 49 ans qui traversait la rue, mais en dehors d’un passage pour piétons. Un conducteur de sécurité était à bord du Volvo XC90 d’Uber, mais le véhicule roulait en mode autonome. Le conducteur n’a pas été en mesure de réagir à temps pour éviter l’accident. Le Bureau national de la sécurité des transports (NTSB) a annoncé qu’une équipe d’enquêteurs serait déployée en Arizona pour mener une enquête. L’accident risque fort aussi de relancer le débat entre les partisans de cette nouvelle technologie et ses opposants.

Est-ce le premier incident avec une voiture autonome ? 

L’accident de Tempe serait le premier où une voiture autonome fait une victime. En 2017, Uber avait aussi été impliqué dans un autre accident, mais qui n’avait pas eu de conséquence tragique. Le conducteur d’une autre voiture n’avait pas cédé le passage comme prévu, provoquant une collision avec la Volvo d’Uber. En 2016, une voiture autonome de Google est entrée en collision avec un autobus, sans faire de victime. La même année, un homme est mort au volant de sa Tesla, en Floride, après avoir activé la fonction de pilotage automatique. La voiture a frappé un tracteur qui traversait la route. Les autorités fédérales américaines ont cependant conclu que le système autonome de Tesla n’était pas responsable de l’accident.

Y aura-t-il d’autres accidents ? 

La réponse est oui, signale Nicolas Saunier, ingénieur et chercheur en sécurité routière à Polytechnique Montréal. Mais il rappelle que « l’humain n’est pas la meilleure solution [en matière de conduite automobile]. Mais l’objectif, ce qui compte, c’est qu’il y ait moins d’accidents [sur les routes] ». Et de façon générale, le chercheur affirme qu’il a quand même plus confiance en la technologie qu’en l’humain pour la conduite automobile. Selon la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), 5376 piétons ont été tués et 70 000 ont été blessés dans des accidents de la route en 2015. Au Québec, huit piétons sont blessés chaque jour et un piéton meurt chaque semaine, selon les plus récentes données de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Les voitures autonomes seront-elles moins dangereuses ? 

C’est la prémisse derrière le concept. Une voiture autonome a moins de risques d’être distraite qu’un humain et respectera toujours le Code de la sécurité routière. Le défi est néanmoins de faire cohabiter les voitures autonomes avec les humains – conducteurs, cyclistes ou piétons –, dont les comportements sont parfois imprévisibles. Les opérateurs comme Uber et Google planchent d’ailleurs sur des technologies pour permettre aux voitures autonomes de mieux communiquer leurs déplacements et mouvements. Nicolas Saunier se dit convaincu que la voiture autonome permettra « à terme » d’améliorer le bilan routier. « J’aurais plus tendance à faire confiance aux nombreux capteurs [installés sur une voiture autonome] qu’à un être humain. La technologie avance vraiment vite. » D’autres experts croient cependant que la technologie n’est pas prête. Une voiture autonome pourrait-elle par exemple décider de dévier de sa route pour éviter une collision ?

C’est pour quand, la voiture autonome ? 

Elle est déjà sur nos routes. Mais à très petite échelle, évidemment. À Phoenix, en Arizona, Google exploite déjà un service commercial avec des voitures autonomes. De façon plus générale, le phénomène pourrait prendre de l’ampleur aussi vite qu’en 2020, croit Nicolas Saunier. Mais s’il fallait que d’autres accidents comme celui de Tempe se produisent, la mise en service de tels véhicules pourrait être retardée. Actuellement, plusieurs constructeurs accélèrent la cadence pour entrer dans ce marché. C’est le cas notamment d’Audi, de Ford et de GM. À Singapour, une entreprise de taxis, NuTonomy, prévoit déployer un service commercial avec des voitures autonomes d’ici à la fin de l’année. « Après une certaine période de transition, ça risque de devenir le mode de transport dominant », croit le professeur Saunier.

Sources : La Presse canadienne, The New York Times, NHTSA, Bloomberg

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