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Une collection pour goûter le monde

Médecins sans frontières s’apprêtait à envoyer des dentistes en mission au Cambodge. Parmi eux se trouvait le frère de la nutritionniste Marie Breton, qui lui a demandé ce que mangent les Cambodgiens. Une information utile, pour des dentistes...

La nutritionniste a aussitôt pris contact avec sa collègue Marianne Lefebvre, « LA ressource en diététique à l’international au Québec », indique-t-elle. De leur collaboration est né Manger au Cambodge, suivi de 12 autres guides présentant les habitudes alimentaires et spécialités culinaires de divers pays. La collection, joliment nommée « À l’autre goût du monde », a été officiellement lancée lundi au restaurant syrien Damas, à Montréal.

Chaque guide – offert en version imprimée ou numérique – présente les aliments de base du pays, les habitudes alimentaires de ses habitants, en plus de donner des recettes et des adresses pour découvrir cette nourriture au Québec. Une mine de renseignements pour ceux qui accueillent ici les nouveaux arrivants comme pour les voyageurs, employés ou entrepreneurs en visite à l’étranger.

Même l’étiquette locale est abordée. « On aimerait faire réaliser aux grandes entreprises qu’il est facile de se mettre les pieds dans les plats, lors de repas d’affaires », dit Mme Breton.

BIÈRE DE BANANE EN TANZANIE

Plonger dans un des guides est un voyage en soi. La Presse a parcouru Manger en Tanzanie, apprenant que 40 % des calories qui y sont consommées sont fournies par le maïs et 10 % par la banane, dont on fait… de la bière. Précieux conseils, les auteures recommandent de manger uniquement avec la main droite – l’emploi d’ustensiles n’y est pas traditionnel – et de laisser un peu de nourriture dans son assiette à la fin du repas, afin d’assurer son hôte qu’on est repu. 

« Tout le contenu a été validé par des réviseurs ethniques », originaires des pays présentés.

— Marianne Lefebvre

Déjà, une quinzaine d’athlètes québécois sont allés aux Jeux de Rio avec le guide Manger au Brésil dans leur valise. « Certains ne sont pas sortis du Village olympique, mais d’autres m’ont écrit : “Wow, on a goûté au churrasco [de la viande grillée] et c’était délicieux” », témoigne Mme Lefebvre.

MANGER LE PASSÉ

Globe-trotters – Mme Lefebvre a travaillé en Haïti et voyagé dans plus d’une vingtaine de pays –, les deux nutritionnistes ont tout de même appris beaucoup en rédigeant leurs guides.  

« On a été étonnées de voir à quel point la cuisine d’un pays est en mouvement, qu’elle se développe depuis des millénaires, au fil des migrations, des guerres, des voisins, énumère Mme Breton. C’est fascinant. Je pense notamment à la Syrie, qui a été sous domination ottomane pendant 400 ans, ce qui explique qu’il y ait tellement de plats communs avec les Turcs. » 

Ou à la Tanzanie, où on mange des spécialités africaines, mais aussi... indiennes et arabes. Soupe au plantain, pain plat chapati et riz biriani s’y côtoient, témoins du passé de ce pays de la côte est de l’Afrique.

« Personnellement, j’espère rassembler les gens autour de la nourriture avec ces guides, souhaite Mme Lefebvre. Contribuer à bâtir une belle société, au Québec. Pour que les gens puissent découvrir, par exemple, l’Afrique ou la Syrie autrement que dans les nouvelles. »

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