Pénurie de main-d’œuvre : les partis ont des solutions

Sujet chaud dans le monde des affaires, la pénurie de main-d’œuvre s’est invitée dans la campagne électorale lors d’un débat organisé par l’Ordre des conseillers en ressources humaines et la Fédération des chambres de commerce du Québec. Des candidats des quatre partis politiques y sont allés de leurs propositions pour contrer ce problème criant. La Presse en a profité pour poser quatre questions à chacun des candidats.

Immigration

Est-ce que l’immigration est la solution miracle à la pénurie de main-d’œuvre ?

« C’est une solution pourvu qu’on intègre bien les immigrants qu’on reçoit. C’est pourquoi j’ai beaucoup insisté durant le débat sur la lutte contre le décrochage avec des propositions concrètes qui vont de la maternelle 4 ans jusqu’à une heure de plus à l’école secondaire destinée à l’aide aux devoirs et au sport. » 

— Youri Chassin, Coalition avenir Québec

« C’est une des solutions où on est capables d’aider immédiatement nos entreprises à combler les besoins de pénurie. Et on l’a vu avec la nouvelle déclaration d’intérêts que les immigrants doivent compléter en amont. On est capables de faire du parrainage entre entreprises et besoins locaux. Ça permet de réduire nos délais de traitement de 18 à 6 mois. » 

— Marwah Rizqy, Parti libéral du Québec

« Ça fait partie de la solution. Ce qu’on trouve futile, c’est le débat sur le chiffre. On voudrait qu’une institution objective, comme la vérificatrice générale, par exemple, évalue le nombre d’immigrants qu’on peut bien intégrer. Parce qu’on ne veut pas qu’ils viennent vivre ici la précarité économique qu’ils essaient de fuir dans leur pays d’origine. » 

— Jean-Martin Aussant, Parti québécois

« C’est une partie de la solution. Ghislain Picard, des Premières Nations, disait qu’il fallait impliquer les gens des Premières Nations dans ce débat, et il a raison. Il faut également parler de la question de l’analphabétisme. Il y a beaucoup de gens au Québec qui ont de la misère à lire un article de journal. C’est un vrai problème si on veut arriver à avoir une main-d’œuvre qualifiée qui va pouvoir faire de la formation continue. » 

— Alexandre Leduc, Québec solidaire

Les robots

Est-ce que votre gouvernement donnerait des incitatifs aux entreprises qui veulent implanter des robots ?

« On est très intéressés par les investissements qui augmentent la capacité de production et la création de valeur au Québec. C’est clair qu’à travers la révision du mandat d’Investissement Québec, on veut que l’effet levier se fasse sentir notamment pour la modernisation du secteur manufacturier. C’est l’axe prioritaire sur lequel on va travailler. »

— Youri Chassin, Coalition avenir Québec

« Il faut aider nos entreprises à faire le virage industriel 4.0. C’est là-dessus qu’on travaille pour être plus compétitifs et conquérir de nouveaux marchés. Dans le dernier budget, des sommes importantes ont été allouées en crédits d’impôt pour l’informatique, la robotique et la machinerie pour être dans les nouveaux standards. On veut amener toutes les entreprises aux plus hauts standards de machinerie dans les usines. » 

— Marwah Rizqy, Parti libéral du Québec

« Dans quelques années, il y aura moins de travailleurs actifs par personne retraitée. Si chaque travailleur est plus productif grâce à la robotisation, on pourra créer la même richesse avec moins de travailleurs. La productivité, qui passe, entre autres, par la robotisation, est importante. Notre gouvernement donnerait un coup de pouce là-dessus, sur le virage numérique et le branchement internet. » 

— Jean-Martin Aussant, Parti québécois

« Dans les secteurs de pointe, on met souvent de l’avant cette solution-là. Mais je ne crois pas que ça soit la solution. Il faut faire un meilleur maillage entre les gens qui cherchent de l’emploi, les immigrants qui arrivent et les postes à [pourvoir], notamment en région. L’automatisation fera disparaître des emplois qui seront remplacés par d’autres qui demanderont des qualifications. D’où l’importance d’une éducation de base solide. » 

— Alexandre Leduc, Québec solidaire

Détenus

Est-ce qu’on pourrait envisager l’apport des détenus ?

« Je ne maîtrise pas suffisamment ce dossier-là pour vous répondre. » 

— Youri Chassin, Coalition avenir Québec

« Je n’ai pas réfléchi à cette question ! Mais quand on est en centre de détention, il faut s’assurer que le détenu comprenne sa peine. C’est toute une démarche pour la réhabilitation. Il y a peut-être des besoins plus urgents comme l’accompagnement psychologique. On va plus miser sur la réhabilitation des détenus que dans la force de main-d’œuvre. » 

— Marwah Rizqy, Parti libéral du Québec

« Pourquoi pas ! S’il y a des prisonniers qui étudient en prison, qui se forment dans un domaine spécifique et qui peuvent contribuer à la société, tant mieux. C’est une façon de plus de se réintégrer ou de faire pardonner quoi que ce soit qu’ils aient fait avant. S’ils peuvent contribuer à la société de façon positive, tant mieux. » 

— Jean-Martin Aussant, Parti québécois

« Je voudrais éviter qu’on arrive comme aux États-Unis, où c’est rendu la norme de les utiliser comme cheap labor. Souvent, il y a des entreprises du secteur du textile qui fabriquent des objets dans les prisons, parce que c’est à moindre coût. Ce n’est pas ça qui va réduire la pénurie. » 

— Alexandre Leduc, Québec solidaire

Aide sociale

Est-ce que les personnes bénéficiant de l’aide sociale pourraient être mises à contribution ?

« Il y a déjà des efforts de faits pour la formation des gens qui en ont besoin. Il faut trouver les bonnes approches pour raccrocher les prestataires au marché du travail. Il y a un effort à faire de ce côté-là qui est probablement plus du cas par cas que dans d’autres bassins, où on sait qu’il y a des échecs à corriger au niveau des politiques publiques déjà en place. » 

— Youri Chassin, Coalition avenir Québec

« Absolument. On a déjà mis un programme et on a réussi à sortir 100 000 personnes de l’aide sociale. Les personnes vont voir leurs prestations bonifiées en faisant une formation spécialisée. Ce ne sont pas toutes les industries qui ont besoin de personnes avec des doctorats. Une personne peut faire une formation de 6 ou 12 mois pour ensuite occuper un emploi bien rémunéré. » 

— Marwah Rizqy, Parti libéral du Québec

« Tout le monde peut être mis à contribution. Des personnes retraitées qui voudraient revenir, des décrocheurs qui voudraient une formation technique plus rapide, parce qu’ils n’aiment pas les bancs d’école. L’immigration évidemment. Les populations autochtones. Il y a des enjeux majeurs de ce côté-là. Donc toutes les sphères de la population font partie de la solution. » 

— Jean-Martin Aussant, Parti québécois

« Bien sûr ! Là où je veux qu’on fasse attention, c’est de ne pas faire comme les libéraux et les obliger à faire un parcours d’emploi en les menaçant de réduire leurs montants de subventions d’aide sociale. Ça n’est pas productif. Oui, des formations. Oui, rehausser la qualité des emplois avec les 15 $ de l’heure et les quatre semaines de congé après un an de service continu. Ça va donner envie aux gens de retourner sur le marché du travail. » 

— Alexandre Leduc, Québec solidaire

Pénurie de main-d’œuvre : les partis ont des solutions

Sujet chaud dans le monde des affaires, la pénurie de main-d’œuvre s’est invitée dans la campagne électorale lors d’un débat organisé par l’Ordre des conseillers en ressources humaines et la Fédération des chambres de commerce du Québec. Des candidats des quatre partis politiques y sont allés de leurs propositions pour contrer ce problème criant. La Presse en a profité pour poser quatre questions à chacun des candidats.

Immigration

Est-ce que l’immigration est la solution miracle à la pénurie de main-d’œuvre ?

« C’est une solution pourvu qu’on intègre bien les immigrants qu’on reçoit. C’est pourquoi j’ai beaucoup insisté durant le débat sur la lutte au décrochage avec des propositions concrètes qui vont de la maternelle 4 ans jusqu’à une heure de plus à l’école secondaire destinée à l’aide aux devoirs et au sport. » 

— Youri Chassin, Coalition avenir Québec

« C’est une des solutions où on est capables d’aider immédiatement nos entreprises à combler les besoins de pénurie. Et on l’a vu avec la nouvelle déclaration d’intérêts que les immigrants doivent compléter en amont. On est capables de faire du parrainage entre entreprises et besoins locaux. Ça permet de réduire nos délais de traitement de 18 à 6 mois. » 

— Marwah Rizqy, Parti libéral du Québec

« Ça fait partie de la solution. Ce qu’on trouve futile, c’est le débat sur le chiffre. On voudrait qu’une institution objective, comme la vérificatrice générale, par exemple, évalue le nombre d’immigrants qu’on peut bien intégrer. Parce qu’on ne veut pas qu’ils viennent vivre ici la précarité économique qu’ils essaient de fuir dans leur pays d’origine. » 

— Jean-Martin Aussant, Parti québécois

« C’est une partie de la solution. Ghislain Picard, des Premières Nations, disait qu’il fallait impliquer les gens des Premières Nations dans ce débat, et il a raison. Il faut également parler de la question de l’analphabétisme. Il y a beaucoup de gens au Québec qui ont de la misère à lire un article de journal. C’est un vrai problème si on veut arriver à avoir une main-d’œuvre qualifiée qui va pouvoir faire de la formation continue. » 

— Alexandre Leduc, Québec solidaire

Les robots

Est-ce que votre gouvernement donnerait des incitatifs aux entreprises qui veulent implanter des robots ?

« On est très intéressés par les investissements qui augmentent la capacité de production et la création de valeur au Québec. C’est clair qu’à travers la révision du mandat d’Investissement Québec, on veut que l’effet levier se fasse sentir notamment pour la modernisation du secteur manufacturier. C’est l’axe prioritaire sur lequel on va travailler. »

— Youri Chassin, Coalition avenir Québec

« Il faut aider nos entreprises à faire le virage industriel 4.0. C’est là-dessus qu’on travaille pour être plus compétitifs et conquérir de nouveaux marchés. Dans le dernier budget, des sommes importantes ont été allouées en crédits d’impôt pour l’informatique, la robotique et la machinerie pour être dans les nouveaux standards. On veut amener toutes les entreprises aux plus hauts standards de machinerie dans les usines. » 

— Marwah Rizqy, Parti libéral du Québec

« Dans quelques années, il y aura moins de travailleurs actifs par personne retraitée. Si chaque travailleur est plus productif grâce à la robotisation, on pourra créer la même richesse avec moins de travailleurs. La productivité, qui passe, entre autres, par la robotisation, est importante. Notre gouvernement donnerait un coup de pouce là-dessus, sur le virage numérique et le branchement internet. » 

— Jean-Martin Aussant, Parti québécois

« Dans les secteurs de pointe, on met souvent de l’avant cette solution-là. Mais je ne crois pas que ça soit la solution. Il faut faire un meilleur maillage entre les gens qui cherchent de l’emploi, les immigrants qui arrivent et les postes à combler, notamment en région. L’automatisation fera disparaître des emplois qui seront remplacés par d’autres qui demanderont des qualifications. D’où l’importance d’une éducation de base solide. » 

— Alexandre Leduc, Québec solidaire

Détenus

Est-ce qu’on pourrait envisager l’apport des détenus ?

« Je ne maîtrise pas suffisamment ce dossier-là pour vous répondre. » 

— Youri Chassin, Coalition avenir Québec

« Je n’ai pas réfléchi à cette question ! Mais quand on est en centre de détention, il faut s’assurer que le détenu comprenne sa peine. C’est toute une démarche pour la réhabilitation. Il y a peut-être des besoins plus urgents comme l’accompagnement psychologique. On va plus miser sur la réhabilitation des détenus que dans la force de main-d’œuvre. » 

— Marwah Rizqy, Parti libéral du Québec

« Pourquoi pas ! S’il y a des prisonniers qui étudient en prison, qui se forment dans un domaine spécifique et qui peuvent contribuer à la société, tant mieux. C’est une façon de plus de se réintégrer ou de faire pardonner quoi que ce soit qu’ils aient fait avant. S’ils peuvent contribuer à la société de façon positive, tant mieux. » 

— Jean-Martin Aussant, Parti québécois

« Je voudrais éviter qu’on arrive comme aux États-Unis, où c’est rendu la norme de les utiliser comme cheap labor. Souvent, il y a des entreprises du secteur du textile qui fabriquent des objets dans les prisons, parce que c’est à moindre coût. Ce n’est pas ça qui va réduire la pénurie. » 

— Alexandre Leduc, Québec solidaire

Aide sociale

Est-ce que les personnes bénéficiant de l’aide sociale pourraient être mises à contribution ?

« Il y a déjà des efforts de faits pour la formation des gens qui en ont besoin. Il faut trouver les bonnes approches pour raccrocher les prestataires au marché du travail. Il y a un effort à faire de ce côté-là qui est probablement plus du cas par cas que dans d’autres bassins, où on sait qu’il y a des échecs à corriger au niveau des politiques publiques déjà en place. » 

— Youri Chassin, Coalition avenir Québec

« Absolument. On a déjà mis un programme et on a réussi à sortir 100 000 personnes de l’aide sociale. Les personnes vont voir leur prestation bonifiée en faisant une formation spécialisée. Ce ne sont pas toutes les industries qui ont besoin de personnes avec des doctorats. Une personne peut faire une formation de 6 ou 12 mois pour ensuite occuper un emploi bien rémunéré. » 

— Marwah Rizqy, Parti libéral du Québec

Tout le monde peut être mis à contribution. Des personnes retraitées qui voudraient revenir, des décrocheurs qui voudraient une formation technique plus rapide, parce qu’ils n’aiment pas les bancs d’école. L’immigration évidemment. Les populations autochtones. Il y a des enjeux majeurs de ce côté-là. Donc toutes les sphères de la population font partie de la solution. » 

— Jean-Martin Aussant, Parti québécois

« Bien sûr ! Là où je veux qu’on fasse attention, c’est de ne pas faire comme les libéraux et les obliger à faire un parcours d’emploi en les menaçant de couper leurs montants de subventions d’aide sociale. Ça n’est pas productif. Oui, des formations. Oui, rehausser la qualité des emplois avec le 15 $ de l’heure et les quatre semaines de congés après un an de service continu. Ça va donner envie aux gens de retourner sur le marché du travail. » 

— Alexandre Leduc, Québec solidaire

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