Mon clin d’œil

« La Coupe du monde de 2026 aura lieu aux États-Unis, au Canada et au Mexique, mais le ballon n’aura pas le droit de sortir des États-Unis. »

— Donald Trump

OPINION

PISTES CYCLABLES
Sécurité et contraventions font-elles bon ménage ?

Il y a une semaine, j’ai pris le temps de répondre à un sondage de Réalisons Montréal qui dit vouloir mettre en place une « voie express » consacrée aux cyclistes parce que « Montréal veut augmenter [la] part modale du vélo et faire en sorte que plus de Montréalais utilisent leur vélo au quotidien ». 

J’ai fait de mon mieux pour que la rue très passante sur laquelle je vis paraisse attrayante pour une telle option. Ça faciliterait mes déplacements et réduirait le bruit et la pollution autour de moi. J’ai aussi donné mon opinion sur les aménagements cyclables qui, plus que les automobilistes, sont à blâmer en ce qui a trait à la sécurité. J’ai tenté d’offrir des réponses réfléchies qui prenaient en considération tous les utilisateurs des rues montréalaises (je porte d’ailleurs plusieurs chapeaux).

Or, j’ai volontairement omis un détail. La surveillance policière destinée à sensibiliser les cyclistes par la remise de contraventions dissuasives sur le coin de la rue où Valérie Bertrand Desrochers est morte lundi m’a toutefois donné envie d’y revenir et d’en discuter.

J’évite les pistes cyclables. Surtout celles qui sont très passantes. Non pas parce qu’elles me ralentissent sur mon erre d’aller en raison d’une trop grande affluence, mais précisément parce qu’il y a une présence policière accrue qui surveille et punit tous les faux pas des cyclistes.

Je crains ma première contravention parce que je sais que mon vélo n’est pas en règle et que la facture monterait extrêmement rapidement si je me faisais pincer.

Pourtant, je suis assez prudente. Le soir, je sors mes lumières. Par contre, celle à l’arrière de mon vélo est blanche parce que je n’ai pas trouvé de rouge de bonne qualité. Est-ce que ça me vaudrait une contravention ? Peut-être. Puis, même si je me suis procuré des réflecteurs avant et arrière, il est impossible de les fixer sur mon vélo. J’ai bien bricolé un truc avec du tie wrap, mais elles ne vont sûrement pas tenir bien longtemps.

Je porte aussi souvent une camisole de construction fluo le soir. Pas chic, mais très visible. En y réfléchissant, je ne sais plus si les réflecteurs sur mes pédales sont toujours là. Les réflecteurs sur mes roues ? J’en ai, mais pour combien de temps avant de me les faire voler ? Ils sont faciles à retirer pour celui qui voudrait éviter la contravention et n’aurait pas l’envie de les acheter lui-même.

Comme je roule avec un vélo à pignon fixe, je peux rouler avec un seul frein puisque j’utilise la force de mes jambes pour arrêter. J’en ai déjà eu deux, mais je m’en suis fait voler un. Contravention ? Probablement.

Contrairement aux voitures, les vélos vendus ne respectent pas toujours, voire pas souvent, l’ensemble des règles de sécurité imposées. 

De plus, les multiples pièces qui le composent sont facilement la proie des voleurs ou des oublis. Les lumières en sont le meilleur exemple. Celui qui ne veut pas se les faire voler finira souvent par les égarer à force de les transporter.

Aux vues des récentes morts dont les causes sont toujours, mais toujours les mêmes, il me semble qu’il faudrait se demander si ces dispositifs sont impliqués d’une quelconque manière dans la protection des cyclistes et surtout, si les cyclistes en question que l’on dit vouloir protéger méritent de subir plus de répression qu’ils n’en subissent déjà au quotidien.

Ne devrait-on pas réfléchir à ce qu’on impose aux poids lourds comme dispositifs de sécurité plutôt ?

Parce que je crains les amendes malgré un comportement généralement prudent, j’évite donc les pistes cyclables. Je pensais pourtant qu’elles devaient me protéger et m’inciter à enfourcher ma bicyclette.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.