Opinion  États-Unis

Quand l’éléphant se Trump

L’éléphant c’est le symbole du Parti républicain des États-Unis. Quand j’entends barrir des candidats républicains comme Donald Trump et Ben Carson, il m’arrive de me pincer pour être sûr de ne pas rêver. Puis, je me dis, plus rationnellement, que leur vision réductrice et simpliste des problèmes complexes de la planète démontre l’ampleur du fossé séparant éducation et formation, savoir-être et savoir-faire.

En fait, il faut écouter les derniers discours de Barack Obama sur l’état de l’Union pour se rappeler qu’au-delà du succès dans les affaires dont se vante souvent Donald Trump, le politicien visionnaire va au-delà l’image. Si nos deux illuminés républicains avaient été initiés à l’histoire, à la géographie, à la philosophie, ils seraient moins obscurcissants pendant qu’ils sont convaincus de briller.

Capitalistes extrémistes, Trump et Carson sont la preuve que Marc Escayrol avait raison de dire que la société de consommation porte mal son nom, car un con ne fait généralement pas de sommation avant de dire une connerie en société.

N’en déplaise à leurs admirateurs qui les trouvent formidables, nombreux sont les Américains qui doivent éprouver une honte éléphantesque quand ces deux hommes parlent en leur nom au reste du monde.

Prenons l’exemple de Ben Carson. Il a beau être un éminent neurochirurgien diplômé de la prestigieuse Université de Yale, c’est un champion toutes catégories en matière de connerie. La vitesse de la lumière étant supérieure à celle du son, bien des gens ont l’air brillants jusqu’à ce qu’ils ouvrent la bouche, disait un de mes professeurs de physique. Pour vous rafraîchir la mémoire, c’est Carson qui comparait les États-Unis sous Barack Obama à l’Allemagne nazie et qui affirmait que les pyramides d’Égypte sont en vérité de gigantesques silos à grains construits par Saint-Joseph pour le stockage du blé. Pour étayer sa certitude, le toubib raconte que les pyramides ne peuvent en aucun cas être des tombeaux royaux comme le pensent les archéologues, car cela équivaudrait à dire que les pharaons étaient des géants. Fin de l’argumentaire.

On doit aussi au candidat Carson l’affirmation selon laquelle l’Holocauste aurait fait moins de victimes si les Juifs avaient été armés sous l’Allemagne nazie. Et puis, il y a cette autre perle rhétorique où il compare les femmes désirant interrompre leur grossesse aux anciens propriétaires d’esclaves qui avaient un droit de vie et de mort sur leurs captifs. Je ne sais pas pour vous, mais si un neurochirurgien qui se prépare à m’ouvrir le cerveau tenait de tels propos, eh bien, je lui demanderais plutôt de ranger son scalpel et de me faire une petite coupe de cheveux.

Pendant que Ben Carson s’oppose farouchement à l’idée que son pays soit dirigé par un musulman, Donald Trump, lui, clame de façon alarmiste et discriminatoire qu’il faut fermer les frontières américaines à tous les musulmans.

Idée qui a d’ailleurs été reprise par les extrémistes shebabs somaliens dans une vidéo de recrutement. Je ne serais pas surpris qu’un jour, Trump reçoive de leur part une jolie carte où on pourrait lire : « Mon très cher Donald, accepte, en gage de notre gratitude, ce modeste chèque en blanc. Grâce à des gens comme toi, nous parviendrons plus aisément à créer dans les démocraties occidentales le chaos social dont nous rêvons tant. Nous, terroristes, prions tous pour que ton toupet d’or et tes sages paroles continuent de briller sur l’Amérique pour la décennie à venir ». Et ce sera signé : « Bakchich-Pas-Chiche-Shébab ».

J’aurais bien aimé terminer ce texte sur une note optimiste, par exemple en faisant allusion à la mémoire et la sagesse de l’éléphant d’Afrique, mais la bêtise actuelle du pachyderme républicain rend la balance difficile à équilibrer. Et vous, y arriveriez-vous ? Dites-moi : « Yes we can ! », car je m’ennuie déjà de Barack Obama.

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