L’Impact

La grande première de Jackson-Hamel

Il avait déjà marqué en Championnat canadien, mais Anthony Jackson-Hamel n’avait toujours pas ouvert son compteur en MLS avant le duel contre les Red Bulls de New York, samedi. Habitué des fins de rencontre, l’attaquant montréalais semblait touché par un mélange de maladresse et de malchance devant le but.

Les poteaux, meilleurs amis du gardien, mais ennemis de l’attaquant, l’avaient déjà privé de deux buts dans les précédentes saisons. On se rappelle un tel dénouement contre Philadelphie, pour sa deuxième apparition en août 2014, puis face à Vancouver lors de l’ouverture de la présente saison.

« Je parlais avec d’autres gars dans le vestiaire et on se disait qu’il fallait juste un but et qu’après, c’était parti. Il faut juste continuer sur cette lancée-là et en marquer d’autres si j’en ai l’occasion », a-t-il dit, soulagé. 

« Maintenant que je marque en MLS, c’est bon. J’étais super content. »

— Anthony Jackson-Hamel

Les sourires étaient éclatants dans les secondes qui ont suivi ce troisième but du match. Au-delà de sa première œuvre en MLS, Jackson-Hamel a montré, samedi, qu’il pouvait accomplir la mission exigée d’un attaquant remplaçant. Il a trompé Luis Robles moins de 60 secondes après son entrée en jeu. Son profil, tout en puissance, lui permet d’être utile indépendamment du scénario des dernières minutes. Avec l’expérience, l’état d’esprit s’est aussi éclairci.

« Quand [Dominic] Oduro est sorti et que [Nacho] Piatti a monté d’un cran, je lui ai dit : “Ne t’inquiète pas, tu vas bientôt rentrer parce qu’il va falloir faire souffler Piatti. Tu dois rester concentré parce que tu auras une seule action et, à ce moment-là, tu devras être à 100 %”, révèle le préparateur physique Yannick Girard, qui connaît l’attaquant depuis 2011. Dans le match, il touche quatre ballons, il fait un tir cadré et il marque. Il n’aurait jamais pu le faire il y a deux ou trois ans. Au niveau de la mentalité, il n’est pas entré pour rester tranquille, parce qu’on avait gagné, mais pour marquer et toucher au ballon. »

Le retour de Didier Drogba, peut-être samedi à Dallas, modifiera la donne parmi les attaquants montréalais. Oduro verra-t-il un peu de temps sur le côté droit ou sera-t-il utilisé, avec sa vitesse légendaire, en fin de match ? Et ensuite, comment intégrer Cameron Porter, blessé aux ischio-jambiers, dans l’équation offensive ? C’est dans cette dernière lutte que Jackson-Hamel a marqué des points, samedi.

« Il ne faut pas voir la situation comme ça. Il faut se dire que, dès que tu en as l’occasion, tu dois prouver ce que tu peux faire, répond le numéro 24. Le retour de Didier, c’est quelque chose qui est positif. Je ne vais pas commencer à dire : “Ah, Didier revient, je ne vais plus avoir de temps de jeu.” Si je peux apprendre de lui, c’est juste du positif. »

L’an dernier, « AJH » a d’ailleurs souvent glané quelques conseils auprès de Drogba au terme des entraînements. Après le match de samedi, lui et l’Ivoirien ont également pu s’entretenir brièvement. Âgé de 22 ans, Jackson-Hamel n’a pas seulement un fameux modèle pour se hisser à un autre niveau, mais il compte aussi sur un encadrement familier avec lequel il se sent en confiance. 

« Ce sont des gars qui me connaissent depuis longtemps, depuis que je suis jeune, souligne-t-il en parlant de Mauro Biello et des adjoints issus de l’Académie. Donc, de jouer pour eux, c’est vraiment plaisant, et ça donne encore plus le goût de travailler pour ces entraîneurs-là. »

PLUS RAPIDE QU’ODURO

Le natif de Québec, qui s’est joint à l’Académie de l’Impact en 2010, a signé son contrat professionnel le 1er août 2014. Depuis cette date, il a disputé 14 matchs, dont une titularisation, pour un total de 326 minutes de jeu. Entre ces bribes de match, les rendez-vous de USL ainsi que les entraînements, il a connu une évolution intéressante au cours des dernières années.

« Il a grandi sur tous les aspects. Je l’avais récupéré avec de grosses qualités physiques, son point fort, et avec sa qualité de vitesse que l’on connaît, explique Girard, en ajoutant qu’au test des 30 mètres, Jackson-Hamel était plus rapide qu’Oduro. Il a énormément travaillé sa finition et sa qualité technique. Il avait de bonnes bases, mais c’était brut. Il était comme un diamant qu’il fallait polir. Les entraîneurs et Philippe Eullaffroy ont beaucoup travaillé, surtout au niveau tactique, sur ses timings de course... »

Plus constant, Jackson-Hamel a aussi intégré les principes d’une préparation invisible irréprochable. À l’Académie, celui qui avait connu une croissance trop rapide avait dû composer avec sa part d’ennuis physiques. Aujourd’hui, le yoga, les étirements et les exercices de musculation font partie de sa routine, les après-midi.

« La difficulté qu’on avait, c’était de savoir s’il allait supporter la pression mentale du haut niveau et si, physiquement, il pouvait supporter la charge de travail plus grande chez les pros, détaille Girard. Mentalement, il a beaucoup travaillé avec [le préparateur mental] Antoine Guldner en comprenant qu’il fallait être patient et un peu moins nerveux. Avant, il s’énervait pour un oui ou pour un non, alors que, maintenant, il est capable de rater des occasions et de se remettre dans le match. »

Une fin de match quasi parfaite

Le site de la MLS a affiché un graphique intéressant de la fin de match entre l’Impact et les Red Bulls. On peut y voir le nombre de passes réalisées par l’Impact après la 83e minute. Constatation, le onze montréalais a intelligemment et proprement fait tourner le ballon contre un adversaire qui était pourtant mené au score. Il n’y a pas si longtemps, l’Impact était un peu trop friable dans le dernier quart d’heure des rencontres. « Auparavant, il y avait peut-être des moments où l’on ne faisait que relancer le ballon en avant et essayer de se regrouper. Eric Alexander a joué un rôle-clé. Il possède ce calme et cette volonté de garder le ballon, a estimé Evan Bush. Il y a une séquence de trois ou quatre minutes, en fin de match, pendant lesquelles les Red Bulls n’ont pas touché le ballon une seule fois. »

L’arrêt de Bush

L’arrêt de Bush aux dépens de Bradley Wright-Phillips n’est pas le plus académique, mais il est bien le tournant du match contre New York (71e minute). L’entraîneur des gardiens, Youssef Dahha, s’est laissé aller à une incursion dans le monde du hockey en le comparant à Dominic Hasek. « Il nous a laissés dans le match, [samedi]. On lui demandait d’arrêter ce ballon-là et il l’a fait avec le visage ou je ne sais pas quoi. On fait une contre-attaque et on marque un but. C’était le tournant. Il faut avoir un gardien qui réalise un arrêt ou deux par match. » À Vancouver, Bush, qui fait partie du top 5 des gardiens de la MLS, selon Dahha, avait déjà repoussé huit tirs.

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