Un rôle marginal pour le Canada en cas de conflit
Tout dépend de la façon dont se déclenche le conflit, souligne Rémy Landry, professeur associé à l’Université de Sherbrooke, spécialiste en sécurité internationale. Si les États-Unis décident de mener une frappe préventive, rien n’oblige le Canada à se joindre à une telle campagne. Mais si les États-Unis sont attaqués, ceux-ci pourraient invoquer l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord, en vertu duquel une attaque contre un membre est une attaque contre tous. « C’est une défense collective. Si les États-Unis sont attaqués, non seulement le Canada a l’obligation d’intervenir, mais l’ensemble de l’Alliance », résume Houchang Hassan-Yari, professeur émérite au Collège militaire royal du Canada. Depuis la création de l’OTAN, cette disposition a été invoquée une seule fois, à la suite des attentats du 11 septembre 2001. C’est d’ailleurs ainsi que les soldats canadiens se sont retrouvés en Afghanistan en 2002.
Un important bémol s’impose au fameux article 5. En effet, celui-ci ne précise pas l’ampleur de l’implication attendue des membres de l’OTAN. « Il est très flou, cet article. Chaque État est libre de déterminer sa contribution, ce qui laisse une grande marge de manœuvre », souligne Jocelyn Coulon, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales. Le Canada pourrait ainsi décider d’apporter une aide en soldats ou se limiter à un soutien médical, par exemple.
Elle serait très mince. « D’abord, s’il y a un conflit nucléaire, il risque de durer une demi-heure. Et dans cette fourchette de temps, on n’a pas beaucoup d’options », constate Jocelyn Coulon. Mais tout comme ses collègues, le chercheur juge un tel scénario très peu probable. Malgré sa rhétorique guerrière, la Corée du Nord sait très bien qu’elle risque l’annihilation si elle se sert de son arsenal nucléaire. Le scénario militaire le plus plausible serait de voir les États-Unis mener une attaque préventive avec des frappes de précision sur un lieu de développement d’armes nucléaires éloigné des populations, estime le fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques, Charles-Philippe David. Mais même une action aussi limitée entraînerait rapidement une escalade risquant de culminer avec un conflit nucléaire. « Ça m’étonnerait que Kim Jong-un ait peur et décide de se débarrasser de son arsenal nucléaire », dit M. David. Mais même en écartant l’arme nucléaire, Houchang Hassan-Yari juge négligeable l’aide que le Canada pourrait apporter, considérant que les États-Unis compteraient sur la Corée du Sud et le Japon. « Il y a une armada énorme dans cette région et le Canada ne peut pas ajouter quelque chose de significatif », dit le spécialiste.
C’est très peu probable. La Corée du Nord se targue d’avoir conçu des missiles capables de frapper le cœur des États-Unis, mais les spécialistes ont de sérieuses réserves. Les tests réalisés à ce jour ont seulement porté sur des missiles de moyenne portée, qui n’ont donc pas la capacité de frapper l’Amérique du Nord. Reste que le développement de l’arsenal nord-coréen devrait inciter le Canada à reconsidérer son refus de participer au bouclier antimissile américain, estime Rémy Landry. Déjà, le gouvernement Trudeau avait lancé une réflexion à ce sujet, mais les tests démontrant que les missiles de Pyongyang peuvent frapper de plus en plus loin devraient servir d’avertissement.
C’est peu probable. Charles-Philippe David constate que l’influence du Canada auprès de la Corée du Nord est bien faible, voire inexistante. Et sur Donald Trump, « l’influence de Justin Trudeau est bien limitée. Elle se limite à l’économie et au commerce. Je ne pense pas que le premier ministre veuille ouvertement contredire le président », poursuit M. David.