consommation régulière de cannabis

Hausse marquée du risque de psychoses chez les adolescents

La consommation régulière de cannabis augmente le risque de maladie mentale chez certains adolescents, selon une étude publiée hier par une équipe de l’Université de Montréal, qui recommande de prendre des mesures pour réduire et retarder la consommation de marijuana auprès de cette population plus vulnérable.

L’équipe a suivi 4000 adolescents dans 31 écoles de la région de Montréal, tout au long du secondaire.

Les participants ont rempli des questionnaires de manière anonyme sur leur consommation de cannabis et la fréquence d’expériences psychotiques (hallucinations, sentiment de persécution, etc.).

Ils ont aussi subi divers tests cognitifs mesurant le quotient intellectuel, la mémoire de travail, la mémoire à long terme et la capacité d’inhibition.

L’étude a été publiée dans la revue Journal of Child Psychology and Psychiatry.

Selon Josiane Bourque, doctorante au département de psychiatrie de l’Université de Montréal et coauteure de la recherche, les adolescents se divisent en trois groupes.

« Chez 80 % de la population, les gens n’ont aucune expérience psychotique, dit-elle. Chez 12 %, ils en rapportent beaucoup à 13 ans, mais de moins en moins avec l’âge et très peu à 16 ans. » 

« Mais 8 % en rapportent déjà à 13 ans et en rapportent de plus en plus au long du secondaire. »

— Josiane Bourque

Dans ce dernier sous-groupe, la proportion d’usagers réguliers de cannabis est deux fois plus importante : 40 %, contre 20 % environ. C’est eux qu’il faut protéger en priorité, alors que la consommation de marijuana sera légale pour les adultes dans un an, explique Mme Bourque.

« On sait que rapporter de manière récurrente des expériences psychotiques augmente la probabilité de vivre un premier épisode psychotique qui nécessite une hospitalisation, ou d’avoir un autre trouble psychiatrique, comme l’anxiété, la dépression ou la dépendance », dit-elle.

Hospitalisations en hausse

Les cas d’hospitalisation en lien avec la consommation de cannabis sont en hausse, possiblement avec la teneur croissante de cette drogue en THC, l’agent psychoactif du cannabis.

Il y a deux ans, La Presse rapportait qu’en 2014, 628 Québécois se sont retrouvés à l’hôpital pour la seule raison qu’ils avaient consommé du cannabis. C’est quatre fois plus qu’en 2004, et 20 fois plus qu’en 1994. Leur séjour moyen à l’hôpital a été 10 jours, ce qui témoigne de la gravité de leur état.

« Le fait de consommer est déjà banalisé, et la légalisation va le banaliser encore plus. Il faut investir le plus possible en prévention chez l’adolescent. »

— Josiane Bourque

« On ne peut pas faire la légalisation sans mettre ces mesures en place », ajoute Mme Bourque.

Toute intervention dans ce domaine, à l’école ou à la maison, doit se faire en évitant la stigmatisation. « La psychose a une faible prévalence d’environ 1 % dans la population, dit-elle, mais de 8 à 20 % de la population va rapporter au moins une expérience psychotique au cours de sa vie. Il y a un stigmate attaché à cela, même si ça peut être considéré comme normal. Il faut en parler, sans émettre de jugement, en partageant ses propres expériences, qui peuvent être dues à la prise de drogue ou d’autres facteurs, comme la grande fatigue. »

Trois grands axes de prévention

Réduire et retarder la consommation

Donner des stratégies pour gérer les symptômes psychotiques ou dépressifs

Favoriser les contacts sociaux et contrer l’isolement

Qu’est-ce qu’un épisode psychotique ?

Durant un épisode psychotique, la personne peut :

1. Avoir des hallucinations

Entendre une ou des voix que personne d’autre n’entend

Voir des choses que personne d’autre ne voit

Ressentir des sensations physiques inhabituelles, par exemple, avoir l’impression qu’une personne invisible la touche

2. Avoir des idées délirantes

Avoir l’impression de pouvoir contrôler la pensée des autres ou que d’autres personnes contrôlent ses pensées

Avoir l’impression d’être surveillée, suivie ou persécutée

Avoir le sentiment d’être différente des autres ou d’avoir changé

Les idées délirantes peuvent angoisser la personne atteinte ou la rendre anxieuse. Elle peut par exemple ressentir une insécurité permanente.

Source : Portail Santé et mieux-être, gouvernement du Québec

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