L’anticonfort féministe

Être libre dans la retenue, respirer dans l’étroitesse, trouver la grâce dans la rigidité ou marcher en semelles tracteur avec un joli port de tête.

La semaine dernière chez BCBG, j’enfile une robe au tissu ultragainant. Elle m’oppresse légèrement à la poitrine. Limite, j’ai du mal à respirer. Je demande à la vendeuse : 

— C’est quelle taille, déjà ?

— Extra extra small, mademoiselle !

— Ah ! Je comprends. Vous n’auriez pas une taille au-dessus ? Extra small ? Il me semble que ça irait mieux…

— Je peux vous la faire essayer, mais si je peux me permettre, celle-ci vous va comme un gant.

— Oui, sauf que j’ai du mal à respirer !

— Oh ! Mais ça ne se voit pas !

— Euh… Là n’est pas la question.

— Si vous êtes capable de la supporter, je vous conseille vraiment la XXS car le tissu s’agrandira légèrement avec le temps.

Confort ou silhouette ? À quoi donner la priorité ?

Souvenir d’une rencontre inspirante, la semaine dernière, avec Mireille Guiliano, auteure du livre Ces Françaises qui ne vieillissent pas. À la question « Le confort est-il une forme de laisser-aller ? », cette grande dame, ex-PDG de Veuve Clicquot, répond : « Je suis favorable au confort, mais le confort doit-il forcément être synonyme de laideur et d’uniformité ? »

Laideur et uniformité ? Elle poursuit : « Un ensemble haut de gamme et des chaussures mal assorties projetteront de vous une image peu flatteuse… Par exemple, les touristes américains d’un certain âge sont facilement identifiables. Ils portent des chaussures Birkenstock !… »

Quelle vérité ! Cette prêtresse de l’élégance n’avait pourtant rien de gainant, ni de talons vertigineux et encore moins de décolleté plongeant… au contraire ! Des petits talons et une combinaison griffée Issey Miyake. Maîtres mots ? Ample, aérienne, chic, intemporelle ! Pour elle, on peut très bien porter un talon, mais de bonne qualité, et se sentir à l’aise sans perdre en élégance.

Il arrive toujours un moment où l’on remet en question cette robe trop moulante, cette paire de talons trop hauts, cette coupe qui ne convient plus à nos cheveux. La question est : « Comment combiner confort et élégance ? »

Je me souviendrai toujours de cette interview avec Carine Roitfeld, ex-rédactrice en chef du Vogue Paris. Pour elle, le plus important dans l’élégance est la façon dont on se tient : « Se tenir droite, avec un joli port de tête, je pense que ça, c’est la jeunesse, plus que de combattre des rides. Beaucoup de gens prennent de l’âge parce qu’ils se tiennent voûtés. »

Ne pas se laisser aller. Bien se tenir. Se connaître aussi…

Plus tard, dans la journée, je fonce chez Aldo m’acheter une paire de bottes pour l’automne. J’hésite entre la cavalière très mode et la botte à la semelle tout-terrain qui collerait parfaitement à mes activités quotidiennes.

Encore là, j’hésite : une botte robuste ? Ou la cavalière ultramode ?

Bonne nouvelle, le vendeur m’explique que la tendance est aux semelles qui ont du cran, tracteur et tout-terrain.

Je craque pour une botte tout cuir aux détails métalliques dorés et semelle de guerrière du froid !

Une botte tout-terrain ultramode. Une robe trop moulante. Un joli port de tête…

Et si le confort était dans la tête ?