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Un vestige d’une époque qu’on voudrait révolue

En réponse au texte de Richard Bergeron, « Requiem pour le cheval à Montréal », publié lundi

Dans une lettre ouverte parue dans LaPresse+, Richard Bergeron en appelle à une « revalorisation du rôle des chevaux dans notre ville ». Il nous raconte que, depuis 300 ans, « dans toutes les situations inimaginables, les Montréalais ont fait travailler les chevaux ». Ce qui constitue, selon lui, une raison de continuer. De toute façon, nous met-il en garde, la plupart des chevaux qui n’useront plus leurs sabots sur les pavés du Vieux-Montréal « prendront le chemin de l’abattoir ».

Voilà presque 150 ans que les Montréalais se soucient du sort des chevaux exploités dans leur ville. C’est en 1869 qu’un groupe de citoyens a fondé la SPCA de Montréal afin d’améliorer la situation des chevaux de trait. Les chevaux du Vieux-Montréal sont le dernier vestige d’une époque qu’on voudrait révolue. 

M. Bergeron se rappelle le « plaisir infini » de sa fille devant les calèches, mais semble avoir oublié tous les rapports qui se sont accumulés sur son bureau et qui démontrent à quel point les chevaux de calèche sont sujets à des boiteries et sont exposés à des problèmes respiratoires occasionnés par l’inhalation de gaz d’échappement toute la journée. Ils sont aussi soumis à de potentielles collisions avec les véhicules et aux bruits forts du trafic… ce qui présente un risque pour les piétons (et les enfants !).

M. Bergeron a sans doute déjà visité les écuries de Montréal. Il doit savoir que lorsqu’ils ne travaillent pas, les chevaux restent attachés dans des stalles exiguës, sans pouvoir se retourner ; ils n’ont que rarement accès à un espace ouvert qui leur permettrait de bouger librement. Pas de retraite non plus pour ces chevaux : ils sont généralement forcés à travailler jusqu’à ce qu’ils meurent ou sont envoyés à l’abattoir lorsqu’ils deviennent trop vieux ou souffrent de blessures trop graves pour continuer à travailler.

Dans son rapport commandé par l’administration Coderre, l’organisme Cheval Cheval proposait à la Ville d’investir 20 millions dans la construction d’une écurie centrale dans le Vieux-Montréal (13 millions), dans l’implantation d’un poney club au parc Angrignon (5,5 millions) ainsi que dans un musée du cheval (1 million). 

Comment peut-on justifier un tel investissement alors que la population montréalaise a clairement indiqué qu’elle en avaient assez de voir souffrir des chevaux dans ses rues et qu’elle réclame plutôt des investissements dans le réseau de transports collectifs ?

Déjà en 2016, l’organisme Galahad, qui dispose d’un vaste réseau de 200 refuges dans tout le Québec, offrait de recevoir les chevaux de la Ville de Montréal. De nombreuses métropoles d’importance, telles que Londres, Paris, Beijing et Toronto ont déjà interdit les calèches. Depuis quand Richard Bergeron a-t-il cessé de regarder l’avenir et les meilleures pratiques des grandes villes du monde pour s’accrocher au passé ?

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