11-SEPTEMBRE 15 ANS APRÈS

Des changements dans nos vies

Des changements dans notre quotidien, il y en a eu dans le sillage des attaques du 11 septembre 2001 et d’autres événements de même nature tragique. Parfois abrupts, tantôt imperceptibles, souvent contestés, quelquefois applaudis, ces changements ont une chose en commun : ils semblent là pour rester. En voici quelques exemples.

AVIATION : COCKPITS VERROUILLÉS

Une des conséquences les plus immédiates des attentats. Dans les vols commerciaux, les portes des cockpits sont obligatoirement verrouillées de l’intérieur. Les systèmes varient d’un avion à l’autre afin de confondre d’éventuels terroristes. L’initiative a toutefois montré ses limites le 24 mars 2015 lorsque le copilote d’un appareil allemand faisant la liaison Barcelone-Düsseldorf a profité de l’absence du commandant pour verrouiller la porte et précipiter l’aéronef sur une montagne des Alpes françaises, causant la mort de 150 personnes.

POLICIERS DANS LES AVIONS

Créée dans les années 60, la fonction de policiers armés (air marshals) dans les avions avait pour but de faire échec aux pirates de l’air. Après les attentats, ils étaient plus nombreux dans les vols commerciaux. Mais leur présence reste marginale. Un reportage du USA Today publié en 2014 estimait leur nombre à 3300 aux États-Unis, dont le tiers accomplissaient des tâches au sol, alors qu’on compte 30 000 vols par jour. Ces policiers sont récemment revenus dans l’actualité lorsqu’on a annoncé que certains d’entre eux seraient à bord des nouveaux vols entre les États-Unis et… Cuba.

NOS FAÇONS DE VOYAGER

Armes blanches prohibées, contenants de liquides de plus de 100 ml interdits, souliers et ceintures retirés, scanneur, création d’agences fédérales de sécurité, etc. Les changements sont nombreux. Mais, observe Stéphane Léman-Langlois, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en surveillance et construction sociale du risque à l’Université Laval, cette attitude est très réactive. « Au lieu de prévenir dans le long terme, on réagit de façon ultra-ponctuelle à une tentative précise de terrorisme. On peut bien interdire une quantité X de liquide à une personne, mais si plusieurs personnes passent de plus petites quantités de ce liquide et le remettent ensemble de l’autre côté du poste de contrôle, on revient à la même chose. »

LES BOLLARDS URBAINS

L’attentat meurtrier de Nice a soulevé cette question. Comment freiner des véhicules lancés à pleine vitesse sur une foule anonyme ? En installant davantage de bollards ou des bancs de béton. Plus jolis que des haies de fils barbelés, ils peuvent prendre différentes formes. Le photographe Andrew Choate a documenté sur un compte Instagram (saintbollard) plusieurs types de bollards. D’accord, certains laissent perplexe quant à leur capacité à arrêter un véhicule en mouvement, mais l’ensemble donne une perspective quant à l’intégration urbaine de ces objets.

LA LOI ANTITERRORISTE

Plusieurs États ont adopté des lois antiterroristes. Ç’a été le cas au Canada avec la loi C-36 du gouvernement Chrétien. Devenue C-51 sous le gouvernement conservateur, la refonte de cette loi a suscité son lot de craintes et de critiques. « À l’échelle mondiale, les États démocratiques doivent trouver un juste équilibre entre les impératifs de sécurité et la liberté individuelle sans laquelle la démocratie n’est qu’un vain mot, rappelle Jean Leclair, professeur à la faculté de droit de l’Université de Montréal. Dans quelle mesure peut-on détenir quelqu’un de façon préventive, qu’est-ce qui constitue une ‟propagande terroriste”, qui contrôlera l’exercice des nouveaux pouvoirs confiés aux services de police ? Ce juste équilibre est difficile à trouver quand certains cultivent un climat d’hystérie où le racisme prend le pas sur des exigences légitimes de sécurité. »

FORMATION CONTRE LE TERRORISME

Les attentats perpétrés à Paris et à Bruxelles depuis janvier 2015 (Charlie Hebdo) ont eu un impact certain au Québec. Le gouvernement québécois a ainsi annoncé au début du mois de juin qu’une formation antiterroriste serait offerte aux employés des délégations générales et bureaux du Québec à l’étranger. À la fin du mois de juillet, c’était au tour de l’Université Laval d’annoncer une mesure semblable pour ses étudiants participant à des trimestres à l’étranger. En France, une formation a été mise sur pied en 2014 pour repérer de potentiels candidats au djihadisme.

TERRORISME CULTUREL ET PATRIMONIAL

En mars 2001, le régime des talibans a fait détruire les bouddhas de Bâmiyân, dans le centre de l’Afghanistan. Gros émoi au Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, qui a inscrit les lieux sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 2003. Avant cet événement, on entendait peu parler de ce genre d’intervention. Mais depuis, d’autres biens culturels et patrimoniaux ont été menacés ou détruits par des terroristes ou des régimes extrémistes. Le 27 septembre 2015, l’UNESCO a lancé une « initiative mondiale pour lutter contre les destructions et le trafic de biens culturels par les terroristes et le crime organisé ». Il s’agit davantage d’un appel à la mobilisation, avec le mot-clic #UNite4Heritage sur les réseaux sociaux, qu’un acte de coercition.

EXPULSIONS

Aux États-Unis, des chiffres compilés par l’agence Reuters montrent qu’à la suite des attentats du 11 septembre 2001, le nombre d’expulsions a augmenté sans cesse pour dépasser les 400 000 par année sous l’administration Obama. Au Canada, le nombre d’expulsions a aussi augmenté, pour ensuite diminuer. Selon des chiffres fournis par l’Agence des services frontaliers du Canada à la demande de La Presse, le nombre d’expulsions a atteint un sommet de 18 989 personnes en 2012, mais il a depuis fléchi. L’an dernier, 9382 individus ont été renvoyés.

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