Siège social d’Amazon

Les atouts de Montréal

Un taux d’imposition avantageux, de bonnes universités, une ville reconnue pour sa qualité de vie à moindre coût et quelques terrains centraux disponibles : sur papier, Montréal a des arguments en poche pour tenter de séduire Amazon et la convaincre d’y installer son deuxième siège social.

Le géant de l’internet a annoncé jeudi son intention d’inaugurer en 2019 un « deuxième siège social » appelé à devenir l’équivalent de celui qu’elle continuera d’occuper à Seattle et où travaillent plus de 40 000 personnes.

Dans les heures suivantes, la presque totalité des agglomérations de taille suffisante en Amérique du Nord ont annoncé leur intention de soumettre leur candidature. Cela inclut notamment, au Canada, Toronto, Vancouver, Calgary, Ottawa et Waterloo, en plus de Montréal.

Les coûts d’exploitation à long terme sont l’un des premiers critères de sélection énoncés par Amazon dans son appel d’offres. En choisissant une ville canadienne, l’entreprise se donnerait la possibilité d’exploiter un taux d’imposition « nettement plus avantageux » qu’à Seattle, note Éric Labelle, associé leader des services fiscaux pour le bureau de Montréal chez PwC Canada.

Au Québec, les profits d’Amazon seraient imposés à environ 27 %, comparativement à environ 35 % à Seattle, dans l’État de Washington, explique-t-il. Ce taux est celui imposé par le gouvernement fédéral américain, l’État de Washington n’imposant pas les entreprises lui-même.

« Dans d’autres États américains, ça peut atteindre 40 % et plus », précise M. Labelle.

Les villes canadiennes disposent donc d’un avantage à ce chapitre sur toutes leurs rivales américaines. Il y a toutefois un bémol.

« Les États américains sont très compétitifs entre eux, note M. Labelle, et n’hésitent pas à délier les cordons de la bourse de façon démesurée pour accueillir des entreprises, du moins en comparaison de ce que l’on est habitués de voir au Canada. »

« Je lisais [vendredi] dans le New York Times qu’il allait y avoir une guerre d’enchères. Il va falloir que Montréal soit compétitive. »

— Christian Bernard, vice-président à la stratégie et aux communications pour Montréal International

Main-d’œuvre en arrière-plan

Au-delà des différentes formes de subventions, qui pourraient bien être au cœur de la décision d’Amazon, Montréal entend mettre de l’avant la qualité de sa main-d’œuvre, affirme M. Bernard.

« On pense qu’on a beaucoup à offrir. On a une masse critique de talents en affaires électroniques, en intelligence artificielle, en jeux vidéo et en effets visuels, en plus d’un bon bassin universitaire. Les technologies de l’information continuent d’être un moteur de la croissance de l’emploi à Montréal. Oui, certains ont de la difficulté à recruter, mais c’est un enjeu que connaissent la plupart des villes qui seront en concurrence. »

Terrains disponibles

Plusieurs des exigences énoncées par Amazon concernent l’emplacement de son futur campus. Une tournée des lieux potentiels effectuée par La Presse en collaboration avec Groupe Altus révèle l’existence d’au moins quatre sites semblant répondre aux critères (voir carte). Fait important, trois d’entre eux dépendent de la construction du Réseau électrique métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement pour répondre aux exigences concernant les transports en commun.

C’est le cas du Technoparc Montréal, dans l’arrondissement de Saint-Laurent.

« Quand le REM sera établi, nous serons reliés aux campus universitaires et au centre-ville en une quinzaine de minutes et à l’aéroport en trois minutes », fait valoir Carl Baillargeon, du Technoparc.

« J’ai l’impression qu’ils vont vouloir quelque chose de central, près des universités, estime pour sa part M. Bernard. Il va falloir beaucoup de pieds carrés, ils vont vouloir bâtir un supercampus en milieu urbain. Il va falloir proposer quelque chose qui met en valeur la créativité montréalaise. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.