Prolongement du REM

L'annonce de Québec applaudie par tous, sauf Valérie Plante

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est retrouvée fin seule hier à critiquer l’annonce des études préliminaires pour la phase 2 du Réseau express métropolitain (REM) annoncée par Québec. Pendant qu’elle exigeait que le dossier soit entre les mains de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), ses partenaires au sein de cet organisme, le maire de Laval et la mairesse de Longueuil, ont félicité le gouvernement d’être à l’écoute des revendications de la région.

À première vue, rien ne laissait voir qu’il pourrait y avoir des tensions avec l’annonce faite par le ministre des Transports, François Bonnardel, à l’occasion du forum stratégique annuel sur le transport qui se déroulait au Palais des congrès de Montréal. Le mandat accordé à la filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, CDPQ Infra, était attendu. Prolonger le REM au-delà des 67 km déjà prévus, « vers le nord pour desservir le centre de Laval et vers le sud pour atteindre les secteurs de Chambly et de Saint-Jean-sur-Richelieu », correspond à l’engagement du gouvernement de François Legault.

À cela s’est ajoutée l’analyse d’un nouveau système de transport collectif électrique pour relier l’est de Montréal et le secteur du cégep Marie-Victorin, au centre-ville. Si l’idée d’un tramway dans l’est de l’île était déjà largement discutée, la proposition d’un lien transversal entre le nord-est de l’île et le centre-ville, qui reprend vraisemblablement l’idée de Valérie Plante et de son parti Projet Montréal pour une ligne rose du métro, est nouvelle.

Une colère rose

La ministre déléguée des Transports et responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, a affirmé que la mobilité n’avait pas de couleur. Et quelques heures plus tard, la mairesse Plante disait que la couleur d’un projet de transport lui importait peu. Mais de part et d’autre, les critiques ont fusé.

Rapidement, la mairesse Plante a fortement réagi en conférence de presse. Elle a d’abord affirmé que le gouvernement devait suivre « les processus » et respecter « la gouvernance mise en place ». « C’est inquiétant de donner des mandats directement à la CDPQ sans passer par l’ARTM. C’est pour ça que je demande, je dirais même que j’exige, que ça passe par l’ARTM », a-t-elle déclaré.

Puis, Valérie Plante a souligné que les façons de faire du gouvernement illustrent une certaine méconnaissance des problèmes du transport collectif, notamment ceux liés à la ligne orange, déjà saturée. Il faut que les études permettent une vue d’ensemble et, surtout, a-t-elle insisté, prennent en compte le cœur du réseau de transports en commun qu’est le métro de Montréal.

« Je n’ai pas encore eu la visite du ministre Bonnardel dans le métro, mais je pense qu’on ne comprend pas la réalité de la congestion sur la ligne orange. On n’est pas connecté sur cette réalité-là. »

— Valérie Plante

Une heure plus tard, la ministre déléguée aux Transports et responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, disait ne pas comprendre la réaction ulcérée de la mairesse. Il s’agit, selon elle, d’une bonne nouvelle, notamment pour l’est de Montréal, qui ne justifie pas une telle « saute d’humeur ».

Le fait que le gouvernement ne confie pas de rôle à l’ARTM dans ce dossier, alors que l’organisme a été mis en place pour faire la planification du transport collectif « dans une perspective de développement durable et de cohésion régionale », comme l’indique le site de l’organisme, n’émeut guère la ministre. « Ça ne contourne rien. On a demandé à des spécialistes des transports qui ont une expertise de faire une analyse. […] On n’est pas obligé de travailler avec un seul organisme », tranche Chantal Rouleau.

Satisfaction hors de l’île

Pendant ce temps, le maire de Laval, Marc Demers, et 20 autres maires des Basses-Laurentides ont applaudi. « Encore une fois, le gouvernement est à l’écoute de nos revendications », a affirmé M. Demers.

À Longueuil, la mairesse Sylvie Parent a également salué « la volonté du gouvernement du Québec de faire de la mobilité dans le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal une priorité ». « En confiant ces mandats à CDPQ Infra, le gouvernement s’assure que nous pourrons relever les défis de congestion qui continuent malheureusement d’être un obstacle à notre développement », a-t-elle ajouté.

Les résultats des études sur le prolongement du REM sont attendus au cours de la prochaine année.

Phase 2 du REM

Le Réseau express métropolitain (REM) est un train léger sur rails entièrement autoguidé. Le projet actuel compte 67 km. La phase 2 prolongerait le réseau de 22 km vers le sud, à partir de Brossard, et de 17 km dans la couronne nord. Quant au développement vers l’est de Montréal, rien n’est précisé, sinon que le système de transport emprunterait l’axe Notre-Dame et bifurquerait vers Montréal-Nord, où se trouve le cégep Marie-Victorin.

La mobilité, une priorité

Le gouvernement du Québec rappelle que les investissements favorables au transport collectif totalisent 14,6 milliards : 9 milliards dans le cadre du Plan québécois des infrastructures 2019-2029, 4,3 milliards pour des projets à mettre en priorité et qui sont actuellement à l’étude ainsi que 1,3 milliard pour le REM. C’est « le plus important montant jamais annoncé », souligne-t-on.

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