Michel Hannequart : la passion des mots croisés
Un peu comme Obélix, Michel Hannequart est tombé « dedans » quand il était petit. Son père Maurice, un Français d’origine, est un pionnier des mots croisés au Québec. « Mon père a commencé à publier des grilles dans les années 50 », raconte-t-il.
Au début de l’adolescence, Michel commence à concevoir des mots mystères, puis des grilles pour le compte de son paternel. Le jeune homme rêve toutefois de devenir caméraman pour le cinéma ou la télévision. Voyant son père travailler de nombreuses heures, il ne se sent pas vraiment attiré par le métier de verbicruciste.
Après des études en arts et lettres au cégep, Michel travaille d’abord pour une boîte de production vidéo, puis exerce quelques autres petits boulots. Il n’arrive toutefois pas à trouver un emploi intéressant dans le domaine. Voyant cela, son père lui propose de lui refiler un contrat de mots croisés qu’il n’a pas le temps de faire. C’était en 1981, et il n’a jamais arrêté depuis.
Des débuts modestes
Le marché des mots croisés étant petit au Québec, les débuts de Michel Hannequart comme verbicruciste ne sont pas faciles. « Disons qu’au début, je ne gagnais pas très bien ma vie », se rappelle-t-il. Cependant, il sait désormais avec assurance que c’est le métier qu’il veut exercer.
Passionné et surtout déterminé, Michel réussit au bout de quelques années à travailler à temps plein dans le domaine. « Au début, mon père me supervisait. Puis, tranquillement, il m’a laissé aller tout seul », se remémore-t-il. Il faut dire que le métier de verbicruciste demande de l’entraînement et de l’expérience, ainsi qu’une bonne culture générale.
Ce métier, il le pratique alors à la main puisqu’à l’époque, il n’y a pas d’ordinateurs, pas de dictionnaires électroniques ni de grilles montées à l’aide d’un logiciel. « Il n’y a pas de formation pour cela. J’ai appris sur le tas avec mon père. »
– Michel Hannequart
Une affaire de famille
En 1991, quand son père Maurice accroche sa plume, Michel le remplace et devient le cœur de l’empire des mots croisés Hannequart. Depuis ce jour, il crée chaque jour, dans sa maison de Saint-Bruno, la majorité des mots croisés de la province. Il publie quotidiennement des jeux dans différents journaux québécois, ainsi que dans les livres Les Mordus. Il tient aussi un site Web et un forum.
Michel Hannequart n’est toutefois pas seul dans l’aventure : sa conjointe Martine Ferron a laissé tomber sa carrière en droit pour se consacrer elle aussi à l’univers des grilles. Depuis une dizaine d’années, leur fils Étienne s’est également joint à l’entreprise. Il devient ainsi la troisième génération de la famille Hannequart à être verbicruciste.
« Nos petits-enfants ont aussi commencé à faire des mots croisés. Peut-être qu’un jour, il y aura une quatrième génération de verbicrucistes. »
– Michel Hannequart
Un homme choyé
Aujourd’hui, Michel Hannequart se considère comme privilégié. Il exerce un métier qu’il aime et qu’il veut pratiquer encore longtemps. La retraite n’est donc pas pour demain, même si sa conjointe est prête. « Je suis vraiment choyé et, contrairement à mon père, je fais des journées très décontractées », assure-t-il. Ce qui lui donne du temps pour s’adonner à son autre passion, la photographie.
Deux fois par année, Michel met également de côté ses cases noires pour se rendre aux îles de la Madeleine, dont il est maniaque. Il y a deux ans, il a aussi adopté Nana, une chienne abandonnée sur le bord de la route en plein hiver. Il l’adore et se promène avec elle trois fois par jour. « C’est pour cela que je pourrai travailler encore longtemps », affirme-t-il. Michel Hannequart n’a donc pas fini de faire sourire – ou rager – les amateurs de petits carrés noirs et blancs.