Dans le garde-manger du Canadien

Les joueurs s’intéressent de plus en plus à la science de la nutrition

Quiconque côtoie Carey Price depuis des années – ou qui collectionne frénétiquement les photos de lui – est à même de constater que sa physionomie a changé au fil des ans. Entre le plantureux gardien recrue qui s’est présenté chez le Canadien en 2007 et le vétéran plutôt svelte d’aujourd’hui, il y a un monde de différence.

« Je pesais 250 livres à mon arrivée dans le circuit, a-t-il raconté à l’occasion d’un voyage du Canadien plus tôt cette saison. Et quand on a gagné la Coupe Calder à Hamilton, j’étais probablement à 260 livres. Je suis sûr qu’il y en a qui trouvaient que c’était trop lourd, mais quand le gardien arrête les rondelles, personne ne dit quoi que ce soit ! »

À 20 ans, son corps trouvait quand même le moyen de bien répartir ses 250 livres. Price n’avait donc pas l’impression de traîner un trop gros excédent.

« J’ai dû commencer à le perdre à compter de ma troisième année, dit-il. Je me suis longtemps maintenu autour de 225 livres et maintenant, je suis entre 215 et 220. »

L’entraînement y est certes pour quelque chose, mais la nourriture aussi. Price était autrefois alourdi par des habitudes alimentaires pas toujours très saines, tandis qu’il est désormais sensibilisé à la science de la nutrition.

Il y a les joueurs qui savent ce qui est bon pour la santé et ce qui ne l’est pas ; et il y a ceux, comme Max Pacioretty, qui sont de rigoureux disciples de cette science.

L’un des dadas du capitaine, à l’heure actuelle, c’est de trouver un équilibre entre les aliments acides et alcalins.

« On produit tellement d’acide en tant qu’athlète qu’il faut être capable d’équilibrer cela avec un régime plus alcalin, explique Pacioretty. Ça améliore le niveau d’énergie, la digestion et le fonctionnement général du corps. Nous sommes souvent à l’intérieur, nous ne sommes pas beaucoup exposés au soleil et nous pouvons compenser quelque peu en mangeant des légumes biologiques, entre autres à travers les jus. »

« J’essaie d’aller chercher de bons gras qui favorisent l’acuité mentale. C’est la raison pour laquelle je mange plus de poisson et peut-être moins de steak qu’avant. »

— Max Pacioretty

Sa recette secrète ?

Pacioretty prépare une concoction assez originale qui consiste à mélanger à son café du beurre issu de vaches nourries aux herbes ainsi que de l’huile TCM.

« C’est excellent pour le cerveau, vous devriez essayer », lance-t-il.

Mieux dans son corps

À Brossard, le Canadien met à la disposition des joueurs des aliments de première qualité : fruits et légumes biologiques, viandes nourries au grain, etc. Une initiative que salue Andrew Shaw.

« Je ne sais pas si ce que je mange me fait mieux performer, mais ce qui est sûr, c’est que je me sens mieux, explique le fougueux attaquant. Et quand je me sens bien dans mon corps, je sens que je vais mieux jouer. »

Durant l’été, Shaw s’occupe d’un immense potager chez lui. Il est l’un de ceux au sein de l’équipe qui font le plus attention à leur alimentation.

« On joue 82 matchs, on a des entraînements, des séances en gymnase, et il y a les séries ; il faut qu’on mange à notre faim, explique-t-il. Mais ce n’est pas évident : tu regardes les joueurs qui prennent leur retraite et qui continuent à manger autant qu’ils le faisaient quand ils jouaient et ils se mettent à gonfler. Ça prend de bonnes portions de viande, car on a besoin de protéines, mais plus important encore, il faut consommer des antioxydants et des fruits. Et pour combler n’importe quel manque possible, on prend tous les jours des vitamines et des probiotiques. »

Les temps ont changé

Le vétéran Torrey Mitchell a amorcé sa carrière avec les Sharks de San Jose en 2007 à sa sortie de l’université. Il constate à quel point les choses ont changé par rapport à son arrivée dans la Ligue nationale.

« Je parlais avec Pierre Allard, notre responsable du conditionnement physique, et il me disait qu’aux tests combinés précédant le repêchage, les jeunes arrivent avec des taux de gras de 7-8 %. Il y a 10 ans, il y avait des gars de 17 ans qui étaient à 15 %. Ce n’est pas juste qu’ils s’entraînent comme des fous ; c’est aussi qu’ils mangent correctement. »

« À mes débuts, on sortait d’un entraînement et on allait au In & Out Burger ! »

— Torrey Mitchell

Ça ne veut pas dire que la malbouffe a complètement disparu du régime des hockeyeurs. Après les matchs, par exemple, Al Montoya n’a pas trop de remords à engouffrer une pizza.

« Je sais que ça paraît bizarre, mais à ce moment-là, ça me paraît plus important de manger ce que mon corps réclame », explique l’auxiliaire de Carey Price.

Il faut dire que si Price a gagné du poids à ses premières saisons, Montoya a le problème inverse : il doit demeurer vigilant car il a tendance à en perdre au fil du calendrier.

« Le plus dur pour moi, c’est de manger continuellement, explique Montoya. Il le faut parce qu’on brûle notre énergie tellement facilement. »

Les calories vite brûlées, c’est l’explication qu’invoque aussi Phillip Danault pour ne pas abandonner son rituel d’avant-match. En vrai fils du terroir, il mange une tranche de pain trempée dans le sirop d’érable avant chaque rencontre !

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