Commerce de détail

La Baie d’Hudson en bref

• Fondée en 1670

• Possède plus de 483 magasins (61 millions de pieds carrés)

• 66 000 employés partout dans le monde.

• Enseignes : La Baie, Déco Découverte, Lord & Taylor (États-Unis), Saks Fifth Avenue (États-Unis et Canada), Galeria Kaufhof (Allemagne), Galeria INNO (Belgique), Gilt (vente en ligne), Sportarena (Allemagne)

• Achetée en 2008 par NRDC Equity Partners, une firme de capital privé américaine.

Commerce de détail

La survie de La Baie menacée ?

La plus vieille entreprise du Canada – et sa dernière chaîne de grands magasins – est-elle en péril ? En plus d’accumuler les pertes depuis plusieurs trimestres, HBC (La Baie) subit depuis des mois les critiques d’un important actionnaire et perd ses hauts dirigeants. Portrait d’une situation tumultueuse en six événements récents.

Départ du président

Le président Gerald Storch a annoncé la semaine dernière qu’il quittera l’entreprise le 1er novembre… Au moment même où commence la période la plus achalandée de l’année, ce que les experts du secteur n’ont pas manqué de souligner. « Il n’y a pas de bonheur chez HBC en ce moment. Le départ d’un dirigeant à cette période de l’année n’a rien de normal », a dit à Retail Dive le directeur des Retail Studies de la Columbia Business School, Mark Cohen. De plus, il s’agira du quatrième départ d’un membre de la haute direction depuis six mois. Une agence de recrutement cherche un nouveau PDG. En attendant, le gouverneur et président du conseil Richard Baker assurera l’intérim.

Six trimestres de pertes

Dévoilés au début de septembre, les résultats du deuxième trimestre ont une fois de plus déçu les investisseurs. HBC est maintenant dans le rouge depuis six trimestres d’affilée, avec des pertes totalisant 928 millions. Depuis dix trimestres, seulement trois se sont soldés par un bénéfice net. Même si HBC œuvre dans le secteur de la vente au détail, cette activité ne lui rapporte rien. Sa survie ne repose que sur la valeur de son parc immobilier (évalué à 5,8 milliards, selon Canaccord Genuity), affirment des experts et des actionnaires. Pour les six premiers mois de 2017, les ventes sont en baisse de 0,9 % et la perte nette de 422 millions équivaut à 2,32 $ par action.

Vente immobilière de 1 milliard

Hier, HBC a annoncé la vente de son édifice Lord & Taylor Fifth Avenue à New York pour 1,075 milliard de dollars. L’acquéreur est une coentreprise formée par WeWork et Rhone Capital. L’entente prévoit que WeWork louera 240 000 pi2 dans les magasins de La Baie de Toronto, Vancouver et Francfort. « À notre avis, il s’agit d’une initiative créative de HBC pour générer des revenus supplémentaires par pied carré dans des endroits improductifs. Nous croyons que HBC et WeWork annonceront probablement d’autres partenariats de location », a commenté l’analyste Derek Dley, de Canaccord Genuity. Les investisseurs ont bien accueilli la nouvelle.

Remplacement du conseil demandé

L’investisseur américain Land & Buildings Investment Management a réclamé lundi la tenue d’une assemblée extraordinaire afin de remplacer au complet le conseil d’administration de La Baie. Depuis des mois, la firme fondée par Jonathan Litt met de la pression sur la direction de HBC pour qu’elle monétise davantage la valeur de ses actifs immobiliers, qu’elle évalue à environ 35 $ par action (le titre a terminé la séance d’hier à 11,98$). M. Litt juge que l’entreprise n’a pas réussi à établir un plan pour libérer « la valeur immobilière substantielle prisonnière de l’entreprise ».

Mises à pied et restructuration

Au début de juin, HBC a annoncé la mise en œuvre d’un vaste plan de restructuration de ses activités en Amérique du Nord. L’objectif est de réaliser des économies annuelles de 350 millions avant la fin de l’exercice 2018 (dont 180 millions cette année). Le plan incluait notamment le licenciement de 2000 personnes et la création de deux équipes de direction distinctes pour La Baie et Lord & Taylor. « Compte tenu du contexte de vente hautement promotionnel, nous sommes sceptiques quant au fait que le plan de transformation atteindra les économies ciblées sans éroder davantage les revenus », avait commenté Derek Dley, de Canaccord Genuity.

Baisse du dividende et de la cote de crédit

Ceux qui ont acheté le titre de HBC il y a cinq ans ont vu la valeur de leur investissement reculer de 30 %. De plus, HBC a annoncé en juin une baisse du dividende trimestriel (de 0,05 $ à 0,0125 $ par action). Cela se traduira par une économie annuelle d’environ 27 millions. « Nous croyons que c’est la bonne chose à faire étant donné les résultats décevants de la société et son bilan fortement endetté », a réagi Vishal Shreedhar, analyste à la Financière Banque Nationale. Au printemps, Standard & Poor’s a abaissé la cote de crédit à long terme de HBC (de B+ à B).

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