Haute couture

Le « rêve réalisé » d’Antonio Ortega

Antonio Ortega est le seul designer du Canada qui crée des collections de haute couture, qu’il présente deux fois par année à Paris. « C’est un rêve que j’ai réalisé », dit-il tout simplement, lorsque nous le rencontrons dans son atelier à quelques mois de la présentation, en juillet, de sa collection automne-hiver 2018-2019.

L’amour de l’artisanat

Antonio Ortega est né au Mexique, à Morelia, ville coloniale connue pour ses traditions artisanales. « C’est une ville très culturelle, et je baigne dans l’artisanat depuis que je suis petit, ça fait partie de qui je suis, ce sont mes racines, explique le créateur. J’admire le travail fait sur les broderies, le textile, le bois, la poterie. » Il confie que, très jeune, il a remarqué qu’il avait un don, une facilité à travailler avec ses mains. « Mon grand-père était sellier pour l’armée mexicaine. Il faisait des sacs à main et des selles en cuir pour les chevaux de l’armée », raconte celui qui est le dernier d’une famille de 15 enfants.

Dans les collections d’Antonio Ortega, on voit des références à l’artisanat mexicain. On retrouve dans ses créations – des pièces uniques entièrement faites à la main – de minutieuses broderies, du tissage et du tressage. Certaines pièces, de 20 à 25 par collection, demandent parfois jusqu’à un mois de travail. On remarque dans l’atelier une tenue spectaculaire qui a nécessité plus de 6 km de raphia. « C’est de la folie, mais c’est ce qui fait de l’effet lors des défilés et les journalistes adorent ça ! », lance-t-il.

« La haute couture est une vraie expression artistique et artisanale. C’est un travail très personnel, une façon de montrer son âme. Quand on présente notre travail, on se met à nu, on se dévoile. »

— Le designer Antonio Ortega

Ses collections de haute couture sont composées de tailleurs fluides et structurés et de robes très élégantes, d’une grande sensualité. Il y a aussi des couleurs vives, des matières comme la soie, le cuir, le cachemire, le bambou, et des coupes qui mettent en valeur le corps des femmes. « Je crée des vêtements qui donnent de l’assurance aux femmes, elles vont se sentir uniques, libres, bien dans leur peau. Pour porter mes pièces, il faut s’assumer », note-t-il.

Du Mexique à Paris, puis Montréal

Antonio Ortega a commencé sa carrière à Mexico, où il a travaillé à titre de styliste à la télévision pour l’entreprise Televisa. Là, il crée et supervise les équipes qui font les costumes pour les différentes émissions et telenovelas de la chaîne qu’il qualifie de Hollywood de l’Amérique latine.

Il s’envole pour Paris en 2001, intègre directement la troisième année à l’école de mode Chardon Savard, puis apprend la haute couture chez le créateur Dominique Sirop, ce qui a été, pour lui, une révélation : il sait désormais ce qu’il veut faire de sa vie, et crée la Maison Antonio Ortega. Entre-temps, il tombe amoureux d’un Québécois qu’il rencontre à Paris, puis le suit à Montréal, en 2003. Le couple s’est depuis marié et a adopté deux enfants qui ont aujourd’hui 9 et 12 ans.

Sa clientèle

L’énorme visibilité générée par les défilés parisiens a permis à Antonio Ortega d’enrichir sa clientèle au fil des années. Des femmes très fortunées des États-Unis, d’Asie, d’Europe, du Moyen-Orient lui commandent des pièces uniques faites sur mesure. Tout est fabriqué dans son atelier de Montréal qui compte environ sept employés et un associé en affaires. D’ailleurs, il adore Montréal, une ville où « on devrait davantage mettre en valeur le travail des créateurs d’ici », pense-t-il.

Le designer crée aussi des collections capsules de prêt-à-porter pour hommes et femmes qui sont vendues en ligne ou au Cabinet Éphémère du Centre Rockland.

Il confie qu’il aimerait bien habiller des vedettes québécoises : Céline Dion, Cœur de pirate, Anne Dorval, Lara Fabian, Xavier Dolan, Alex Nevsky, Pierre Lapointe, Denis Villeneuve, Marc Labrèche….

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